Si le chanoine Groulx prépara le sol pour l’indépendance

Pourquoi élisons-nous aujourd’hui tant de chefs sans vision?

Tribune libre

(1) -Le texte de la semaine dernière « La première grande poussée indépendantiste s’est échouée sur le récif Duplessis » résumait en gros un livre signé Yvan Lamonde, historien, appuyé de ses références scientifiques. Le chanoine Lionel Groulx y tient une place importante. Luc Potvin, qui s’en fait une spécialité commente abondamment, par ses opinions, qui « ne manquent pas intérêt ».
(2) -Or ma question d’ouverture était : « Celle des années ’70 s’écrase sur quoi??? »
Et non pas « Notre actuelle poussée indépendantiste s’écrase-t-elle? » La prémisse étant : Bien sûr, le mouvement indépendantiste s’échoue sur l’ignorance, sur le complot des médias, sur l’invasion des barbares, sur la pauvreté, les écoles, l’anglicisation active d’Ottawa…
(3) -Pourtant, le pessimiste me confirme que tout est foutu et l’optimiste présente la thèse contraire : l’indépendance est en plein essor !
(4) -La démocratie exige donc un réexamen de la prémisse : Pourquoi accepter qu’une seconde fois la lutte pour notre indépendance échoue par la faute des autres? D’où l’évidence toujours niée : Cette race qu’ont voulu défendre Bourassa et les autres, dans les années ’30, elle est en réelle dégénérescence! À la Conquête, les élites lucides sont retournées en France! Après le repli à l’ombre du clocher, le noyau resté en terre d’Amérique s’est reproduit comme des lapins, sous les ordres des robes noires, en pure consanguinité. Ceci nous mit à court de chefs énergiques devant le rusé Duplessis et c’est encore ce qui nous divise aujourd’hui face aux agressions unilinguistes anglaises du Canada et du Canadien de Montréal.
(5) -Quiconque autre qu’un peuple dégénéré laisserait-il son chef, « célébrant » une victoire morale en élection partielle, s’éloigner des discours inspirés de l’Histoire pour se contenter d’un soulagement par la chicane dans l’opportuniste parti adverse? Peuple sans fierté, nous élisons nos ennemis, nous vendons nos entreprises après la deuxième génération. Quand nous avons tenté de redonner de la vigueur hybride à notre génétique chancelante, par croisements avec les Irlandais ou Écossais, leur vitalité fut tellement supérieure qu’ils tentèrent souvent de nous avaler, les « parfaits balingues » Trudeau, Mulroney, Charest…
(6) -Aller au cinéma en fin de semaine, dans un quartier de « pure laines » peut nous présenter un douloureux miroir : un gros dégénéré à queue de cheval, boucle d’oreille et chaines en or, hésitera à vous céder un rare fauteuil qu’il a rempli des manteaux de sa famille. Ensuite il commentera le film à haute voix, ou vous empestera de son parfum trop volatile.
(7) -Notre sens de l’architecture urbaine trouve aussi son explication dans nos faiblesses génétiques. Depuis quarante ans que nos chefs d’orchestre réclamaient une salle de concert à Montréal, on finit par leur construire une remise à gauche de la Place des Arts, qui rend jalouse l’autre remise à droite, le musée d’Arts contemporain, jeune de vingt ans mais qui voudrait se voir construit en neuf. La salle elle-même, fort convenable bien sûr, aurait-elle eu meilleure apparence logée plus à l’ouest, avenue du Parc, dans ce théâtre Rialto, de style Second Empire, sur le modèle de l’Opéra Garnier de Paris? Ne lui manque que les dorures. À noter que la construction récente de la Maison symphonique n’aurait pas dû susciter la jalousie à Québec puisque cette ville s’est dotée aussi d’une magnifique salle de concert, pour les Violons du roi, mais dans ce remarquable édifice que l’historique Palais Montcalm.
(8) -Par ailleurs, les résidus de Nouvelle-France qui répugnent à s’hybrider osent parfois s’améliorer au contact d’éléments étrangers. Un coup de génie nous est venu ce weekend de Maestro Kent Nagano qui ne cesse de jumeler son orchestre symphonique avec des éléments brillants de notre peuple : sportifs, rockers, poètes chantants. Cette fois-ci, il s’est fait complice des fantaisies du conteur populaire Fred Pellerin : ce dernier a obtenu de faire imiter à l’OSM un vieux disque rayé de sa grand-mère qui sautait à chaque tour.
(9) -D’autres associations heureuses ouvrent parfois des fenêtres sur l’espoir : encore dans l’ouest, le Musée des Beaux-Arts de Montréal (MBAM) a inauguré un nouveau pavillon remarquable. À même la structure d’une église ancienne, une autre magnifique salle de concert a vu le jour, presque en même temps que « Symphonie », sans bruit, commanditée par l’une des plus prometteuses entreprises du Québec français, celle des pompes funèbres (Bourgie). Fait non négligeable, c’est la France qui nous fournit la maîtresse d’œuvre de ce grand musée (Nathalie Bondil). Si nous avons gardé une certaine méfiance envers les Français après 1760, jusqu’à congédier l’architecte du Stade Olympique avant même qu’il ne soit coupable du gâchis de son toit, il semble que nous soyons revenus à de meilleurs sentiments envers nos ancêtres : tout nouveau Chef à l’orchestre symphonique de Québec, après le PDG du Centre Hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) qui commence à prendre forme. Il arrive cependant trop tard pour provoquer notre levée de boucliers devant le plus grand champ de grues à Montréal : le Centre Universitaire de Santé McGill (CUSM), centre d’anglicisation de notre système de santé subventionné par nos taxes.
(10) -En somme, s’il est pénible de reconnaître l’état de notre frêle esquif, il faut quand même se réjouir du fait qu’il ne s’est toujours pas écrasé sur le récif qui l’attend. Ne suffirait-il pas d’avoir l’humilité de recruter là où il se trouve l’équipage qui saurait reconnaître notre valeur originelle et ferait ramer à l’unisson les marins de cette « nef des fous »?(voir Dominic Desroches)
(11) -Commençons par redresser la tête devant les objecteurs et souhaiter un franc Joyeux Noël à tous les résistants du Québec.
Ouhgo

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Ouhgo (Hugues) St-Pierre196 articles

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Fier fils de bûcheron exploité. Professeur retraité d'université. Compétences en enseignement par groupes restreints, groupes de réflexion, solution de problèmes. Formation en Anglais (Ouest canadien), Espagnol (Qc, Mexique, Espagne, Cuba), Bénévolat latinos nouveaux arrivés. Exploration physique de la francophonie en Amérique : Fransaskois, Acadiens, Franco-Américains de N.-Angl., Cajuns Louisiane à BatonRouge. Échanges professoraux avec la France. Plusieurs décennies de vie de réflexion sur la lutte des peuples opprimés.





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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    21 décembre 2011

    J'en ai les plein le dos des théories racistes imaginées par les «ratatineux» de notre peuple! Contre toute réalité scientifique et culturelle, les Nazis n'ont pas agi autrement avec les Juifs européens et les Slaves, les Américains ont fait de même avec les Indiens, les Chinois le font avec les Ouigours, les Sudistes avec les Noirs, etc. Tout ca pour justifier leurs agressions politiques et économiques contre des peuples et des cultures qui ne demandaient qu'a exister et se développer. Le Québec aux Québécois, merde!

  • Jacques Dubreuil Répondre

    21 décembre 2011

    Je crois important de rectifier cette fausseté toujours répétée par l'idéologie canadienne officielle, à savoir, que nos dirigeants de 1760 auraient opté librement de retourner en France. Ce mythe est absurde. Nos chefs naturels ont été escorté dans leur bateau d'exil entre deux rangées de soldats, ce qu'on a appelé les honneurs de la guerre, et ce, après avoir été forcé de vendre leurs biens en moins de dix-huit mois, à des Anglais seulement qui, bien sûr, ont payé ce qu'ils ont voulu, c'est-à-dire très peu.
    D'autre part, ceux qui sont restés ont vite été relégués à des postes mineurs et inférieurs parce que la politique, le commerce et l'industrie ont été monopolisés par les Anglais par la force du canon. Même Trudeau admettait ce dernier fait.

  • Archives de Vigile Répondre

    20 décembre 2011

    Est-ce bien scientifique, les explications par le sang ? On a ceux qui ont l'habitude d'attribuer les déboires d'un peuple à l'impureté de son sang. Trop de croisements, disent-ils, la race dégénère. Ceux-là ont plutôt mauvaise presse et ça se comprend. Mais il y en a d'autres pour qui c'est l'inverse. Pas assez de croisements, déplorent-ils, le sang s'use, la race s'anémie. Ils ont l'air de se situer à l'exact opposé des premiers, mais ils partagent avec eux la même fascination pour la génétique. Les uns gobinistes tout court, les autres gobinistes à rebours, tous ils piaffent de remettre à l'honneur la sociobiologie dont Alain de Benoist lui-même semble pourtant être revenu.
    Tout événement ou tout phénomène historique a des causes multiples : politiques, militaires, économiques, sociologiques, culturelles, etc. Me semble qu'on peut regarder de ce côté-là avant de chercher la clé de tout problème dans le degré de métissage d'une collectivité, degré trop élevé pour les uns ou trop bas pour les autres.
    Au milieu du XVIIIe nous étions, en gros, 70 000 et les Anglo-Américains 1 000 000. Nous tenions le coup depuis longtemps, avec héroïsme, mais, à moins de un contre dix, nous avons fini par tomber. Victimes d'une conquête militaire, nous sommes devenus colonie d'une métropole étrangère. Et le colonialisme, eh bien, ça produit des colonisés, et des colonisés, ça finit par avoir une mentalité de colonisé. La mentalité de colonisé est la conséquence et non la cause du colonialisme. D'où il s'ensuit que c'est après et non avant l'indépendance qu'un peuple subjugué se purge de sa mentalité de colonisé.
    Le Rapport Durham, c'est vrai, est l'un des documents les plus importants de toute notre histoire. Il faut absolument le lire, bien sûr, même si cela est pénible tant il suinte et dégouline de mépris à l'égard des Canadiens-Français, «peuple sans histoire ni littérature».
    Mais il faut lire aussi le «Portrait du colonisé» d'Albert Memmi où il est écrit que, sauf rarissime exception, «tout homme est ce que fait de lui sa condition objective». C'est suivi d'un «Portrait du colonisateur» où Memmi dénonce cette manie des colonisateurs d'attribuer systématiquement à des facteurs congénitaux l'infériorité politique des colonisés.
    Dans les conditions où j'écris ce bref commentaire, je n'ai pas les numéros de pages pour les citations. Mais, bon, dans une tribune libre politique, celle de Vigile ou n'importe quelle autre, très rares sont les textes où l'opinion ne l'emporte pas sur une scientificité qui n'est souvent que toute formelle.
    Luc Potvin
    Verdun