Pourquoi m’a-t-on arrêtée ?

Brutalité policière - Profilage politique


Julie Théorêt - Dimanche, je suis allée avec un ami sur l’île Sainte-Hélène en métro. On y est arrivés vers 10 h 40. À la station Berri-UQAM, on avait bien vu qu’il y avait beaucoup de policiers, mais on se disait qu’à cause de la F1, c’était normal.
On voulait aller faire un pique-nique près de la place de la fontaine ou encore aller à La
Ronde, on n’était pas encore décidés. On était en train de penser à ce qu’on allait faire quand j’ai vu un groupe de jeunes qui portaient le carré rouge assis sur les marches près de la fontaine, face à la sortie du métro… Je me suis penchée pour leur demander s’il y avait une manifestation prévue. Un policier à vélo s’est arrêté derrière moi, me faisant presque tomber face première en bas des marches. Il dit au groupe qu’ils sont soupçonnés de vouloir faire du grabuge.
J’essaie d’expliquer au policier que je posais une question à la jeune fille et que je ne les connaissais pas, mais il n’a rien voulu entendre. Un autre policier nous demande nos pièces d’identité ainsi que de fouiller nos sacs. Je donne mon permis de conduire et j’ouvre mon sac à main et mon sac à pique-nique. De toute évidence, rien ne dit que je suis là pour faire du trouble, mais comme je me trouvais à proximité du groupe et que je m’adressais à eux, j’étais supposément avec eux.
On nous entoure. Je demande si je peux aller à l’ombre, on me répond que je n’étais pas à l’ombre quand on m’a interpellée et que j’allais rester là où j’étais. On attend. Un policier nous dit qu’on va se faire poser des questions et qu’ils vont nous escorter jusqu’au métro. Personne ne spécifie qu’on serait menottés et retenus pendant plusieurs heures sous une chaleur accablante et qu’on serait relâchés beaucoup plus tard…

Déshydratée
Une demi-heure plus tard, on finit par se faire escorter jusqu’à un endroit près de la Biosphère. On nous met à l’ombre, on nous menotte et on attend. Ils viennent nous chercher un à un…
Mon ami se fait emmener, je spécifie que je suis avec lui, mais on me dit qu’on va tous y passer. Il ne reste que trois personnes avec moi et je vois le bus partir. Je commence à paniquer un peu. On me dit que le bus est envoyé un peu plus loin et qu’on va aller le rejoindre à pied.
On marche vers la piscine et on attend le bus. Quand il arrive, il est vide. Un peu plus de panique. Ils mettent le bus à l’ombre et on finit par nous embarquer tous les quatre dans le bus. Il fait chaud, il n’y a pas d’air climatisé. Il est 13 h 15.
Je commence à avoir les yeux qui piquent à cause d’allergies. On me donne les Benadryl que j’ai dans mon sac. Je leur spécifie que j’ai aussi des antibiotiques. On ne fait que me demander à quelle heure je dois les prendre… Je leur réponds : 20 heures. Je fais une infection urinaire que je leur dis, mais je pense qu’ils ne comprennent pas.
Il y a un gars à côté de moi qui demande s’il peut aller à la toilette, on lui répond que non. Avec ma condition, le médecin et le pharmacien m’ont spécifié que je dois boire beaucoup d’eau et que je dois aller souvent à la toilette. Je me trouve dans un dilemme : demander de boire de l’eau et pas pouvoir aller aux toilettes ou ne pas boire et pas trop savoir ce qui va se passer. Quand je demande finalement à boire un peu d’eau, il est déjà trop tard : j’étais déjà trop avancée dans ma déshydratation. Surviennent mal de coeur et étourdissements.
Je dis que je vais être malade, on me sort du bus, je vomis ce qu’il me reste de mon déjeuner que j’ai pris cinq heures plus tôt. Je vomis quatre fois. C’est après la deuxième fois qu’on décide de m’enlever les menottes avec un couteau parce qu’ils n’ont pas les pinces coupantes pour les enlever. Ça fait extrêmement mal.
On finit par appeler l’ambulance. Je continue à vomir le peu que j’ai dans le corps. Je suis toujours étourdie.

Le rouge
L’ambulance finit par arriver plus de 30 minutes plus tard. Il est presque 15 h. Je m’assois sur la civière. Quand on arrive pour partir, l’ambulancier demande aux policiers si je suis toujours en état d’arrestation, un policier répond que j’allais être relâchée. On m’embarque dans l’ambulance. Je dis que je ne veux pas vraiment aller à l’hôpital, que c’est sûrement juste un gros coup de chaleur et une déshydratation extrême. Un des ambulanciers me dit que j’ai deux choix : l’hôpital ou la prison et que l’hôpital c’est un passe-droit pour que je sois libre vu ma condition. Je panique un peu malgré le fait que le policier vient de dire que je serais libérée. Alors en route pour le General Hospital…
Au bout de quelques heures, ils ont trouvé que j’avais souffert de déshydratation et que j’avais sûrement eu un bon coup de chaleur… Merci au SPVM de nous avoir gardés pendant plusieurs heures alors que nous n’avions rien fait. J’ai l’air jeune et j’ai le malheur d’avoir les cheveux rouges… Je ne portais pas de carré rouge.


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