Les élus du PQ: indigne soumission, aveuglement sectaire ?
Ce n’est pas en se soumettant à l’autoritarisme de la « dame de béton » (expression médiatique reprise par Madame Agnès Maltais) que les députés du PQ seront en mesure de faire preuve de l’initiative et de l’intelligence politique qui s’impose dans le contexte actuel du Québec, et relativement à la situation du parti.
Pour reprendre le même type de symbolique, il me semble désolant de constater que le PQ a l’air de foncer tout droit dans le mur de béton d’une défaite électorale appréhendée, malgré le signal d’alarme que Monsieur Bernard Drainville a osé lancer dernièrement.
Alors qu’une entente stratégique avec les autres formations politiques souverainistes (Québec solidaire, Option nationale, etc.) en vue des élections était présentée comme une orientation incontournable par Monsieur Bernard Drainville, il semble que dans une attitude parfaitement indigne de soumission aux dictats incohérents de la direction de leur parti, les députés péquistes se réfugient dans un attentisme qui pourrait ressembler de plus en plus à l’aveuglement sectaire de Québec solidaire, dont la direction est en train de fermer la porte à une entente avec le PQ.
Les citoyens québécois, piégés dans un système électoral conçu pour favoriser leur défaite collective et leur domination par les puissances économiques, attendent autre chose du PQ qu’un pathétique spectacle de l’inaction, de la soumission, et d’un repli sectaire des élus de ce parti, apeurés et impuissants face à l’avenir.
Amir Khadir : confusion et fermeture !
Au vu de ses déclarations rapportées par le Journal de Montréal (« Alliances électorales - Khadir dément Girard », Régys Caron, Journal de Montréal, 25 janvier 2012; http://fr.canoe.ca/infos/quebeccanada/politiqueprovinciale/archives/2012/01/20120125-160327.html), on peut constater que le pragmatique Monsieur Amir Khadir, marginalisé par la tendance sectaire de son parti, rentre dans le rang des alliés stratégiques de la droite qui préfèrent une défaite du PQ à une entente dans laquelle il pourraient gagner quelques sièges. Les sectaires de QS, dans un élan moutonnier qui leur est habituel, se rangent derrière l’autre « dame de béton » qu’est Madame Françoise David, qui est en train de prendre sa revanche politique sur son co-chef.
Selon le Journal de Montréal, Monsieur Amir Khadir ferme la porte à une entente avec le PQ en affirmant « que la base militante de Québec solidaire n'est pas intéressée ».
Peu conscient de l’incohérence de ses propos et sans crainte de se contredire, il affirme ensuite que « seules les circonscriptions où la division du vote souverainiste pourrait favoriser les candidats libéraux ou de la CAQ pourraient faire l'objet de telles alliances ».
Constatons d’abord qu’une telle alliance ne serait porteuse d’aucun enjeu politique, contrairement à la proposition que Jean-François Lisée avait adressée à QS, avec des objectifs sociopolitiques précis susceptibles de mobiliser les électeurs. D’autre part, la nouvelle donne électorale créée par la venue de la CAQ, et les incertitudes qui en résultent, ne permettent pas d’effectuer le type de calcul stratégique préconisé par Monsieur Amir Khadir. D’ailleurs, QS s’emploie à dissuader ses sympathisants de la tentation de voter pour la CAQ, ce qui témoigne des incertitudes actuelles.
Yves Claudé (membre du PQ – Rosemont)
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8 commentaires
Archives de Vigile Répondre
27 janvier 2012Certes, les propos de M. Khadir peuvent porter à la confusion. La réaction de Mme David avait tout simplement comme objectif de rappeler à la population, aux militants péquistes et aux journalistes que les délégués au congrès de Qs du printemps dernier ont voté (majoritairement, pas d'unanimité) contre une alliance tactique avec d'autres partis. Cependant, l'idée fait son chemin et rien n'empêchera les membres de Qs de renverser la vapeur. Ce qui est important ici, c'est le fait que les porte-parole du parti n'ont pas le pouvoir de décider par eux-mêmes. C'est ce qu'on appelle la démocratie.
Jocelyn Roy
Qs Chambly
Jean-Claude Pomerleau Répondre
26 janvier 2012@ André Parizeau
Foglia est une des plumes les plus précieuse de Paul Desmrais. Il gagne 300 000 $ par année pour nous endormir avec ses chroniques d'humeur. En fait son utilité première avec ses cocoricos souverainiste est d'attirer et conserver les souverainistes qui composent 50% du lectorat, sans lequel le journal serait en faillite. Voilà son rôle :
http://www.vigile.net/Fauxglia
JCPomerleau
Archives de Vigile Répondre
26 janvier 2012J'aimerais également répondre à ceux et celles qui s'appuient sur Pierre Foglia (du journal La Presse) pour répéter qu'une éventuelle alliance ne donnerait rien.
Cela ne tient pas la route, avec tout le reste qu'on puisse avoir pour Pierre Foglia. L'unité la plus grande possible, y inclus grace à des pactes entre partis distincts, sera toujours une stratégie meilleure que de partir en rangs éparses et divisés.
Quand on prend la peine de lire cette fameuse rubrique de Pierre Foglia, on comprend aussi que celui-ci semble ne porter aucune importance véritable au fait de savoir qui pourrait l'emporter lors des prochaines élections. Serait-ce comme une sorte de relent provenant d'une lointaine influence se rapprochant de l'anarchisme ? Seul son coiffeur doit le savoir, comme on dit. De toute manière, là encore cela ne fait pas vraiment sérieux.
Je voudrais soulever un dernier point : en 1995, le PQ a fait, pour les besoins de la cause une alliance avec l'ADQ -- certains auraient alors pu dire un pacte avec le diable -, de manière à s'assurer qu'il soit dans le camp du OUI (et non du NON). Jacques Parizeau accepta aussi de céder l'avant plan de la campagne pour le OUI à Lucien Bouchard, au nom de la cause.
On sait tous que l'ADQ, qui originait au départ du camp fédéraliste, a fini par retourner à ses vieux amours, pour ensuite et éventuellement mourrir; autre détail savoureux : un de ceux qui était contre la fusion de l'ADQ avec la CAQ était, en 1995, dans le camps du NON, et donc contre la position qu'avait alors pris son propre parti (aujourd'hui), le même qu'il voudrait maintenant faire revivre.
Est-ce à dire que le PQ n'aurait jamais dû en 1995 faire une telle alliance avec l'ADQ, juste parce qu'ils ont fini par retourner plus tard, et à nouveau, leur chemise. Est-ce-à dire qu'on ne doit jamais se préoccuper des chiffres en politiques ?...
Répondre à cette question, c'est aussi répondre de fait à ceux et celles qui pourraient encore se demander si une alliance a vraiment sa place dans le futur.
Note: loin de moi l'idée ici de vouloir comparer le PQ à l'ex ADQ; je voulais juste souligner l'importance qu'il y a en politique de toujours faire l'analyse concrète de la situation concrète et de toujours éviter les pièges du dogmatisme ainsi que du "jamais je ne boirai de cette eau". Cela ne mène jamais à rien.
Archives de Vigile Répondre
26 janvier 2012Je suis à 100% d'accord avec les derniers commentaires de Yves Claudé.
Comme je viens d'ailleurs de répondre à une autre personne qui me demandait, ailleurs sur le site de Vigile (et en lien avec un autre texte que j'avais moi-même signé) quelle influence réelle pouvait avoir ceux et celles qui, à l'intérieur de QS, s'objectent à toute forme de pacte, je voudrais ajouter que je suis relativement optimiste face à la suite des choses.
Cet optimisme s'appuie non seulement sur les impératifs de la réalité concrète d'aujourd'hui et qui feront nécessairement en sorte d'augmenter les pressions en vue d'un tel pacte, mais cela s'appuie aussi sur autre chose.
La création même de Québec solidaire (ainsi que celle de l'Union des forces progressistes - UFP - avant celle de QS) s'est précisément faite des suites d'une lutte incessante au sein des forces de gauche contre le gauchisme puéril et le sectarisme qui sont tous deux de vieux démons de la gauche québécoise.
Ironiquement, cette lutte contre le gauchisme et le sectarisme s'est souvent faite contre au moins une partie de ceux-là même qui s'objectent aujourd'hui à toute forme d'alliance avec le PQ.
Autre ironie de l'histoire. Quand l'Union des forces progressistes (UFP) fut créé en 2002, plusieurs de ceux et de celles qui sont aujourd'hui contre toute forme d'alliance avec le PQ ou Option nationale (il ne faut pas les oublier) étaient aussi contre le fait que le Parti communiste du Québec (PCQ) puisse continuer à exister en tant que collectif au sein de l'UFP. Eh oui ! Ils étaient aussi là et on peut leur donner ceci: ils ont une certaine suite dans les idées; lors des dernières élections fédérales, ils se disaient aussi contre le Bloc québécois et pour le NPD...
Quand, QS fut créé, ils étaient à nouveau contre que le PCQ puisse continuer à exister au sein de QS.
La direction de QS, qui s'était pourtant engagé à respecter l'existence des collectifs qui avaient pu exister au sein de l'UFP, notamment la présence du PCQ, changea ensuite de position, suite à de multiples pressions... jusqu'à ce que le congrès de QS en 2008 accepte finalement la présence du PCQ comme collectif à part entière, par un vote au 2/3...
Si la gauche québécoise a pu se rendre aussi loin que c'est le cas aujourd'hui avec QS, alors je me dis qu'elle peut aussi être prête à faire le prochain pas, c'est à dire faire cette fameuse alliance, tout en préservant son droit de maintenir son autonomie au sein de cette alliance (soit le fait que QS continue à exister en tant que parti politique distinct).
Je demeure donc optimiste.
André Parizeau
Laurent Desbois Répondre
26 janvier 2012Le problème d’Amir Khadir s’est qu’il a de la difficulté à s’entendre avec sa conjointe Françoise David !
Finalement, Amir Khadir s’est entendu avec sa conjointe Françoise David pour donner l’heure juste sur un sujet important ! L’heure juste, c’est de ne pas prendre de position et d’attendre « d'éventuelles propositions de la direction péquiste. Si cela devait se produire, nous allons les présenter à nos membres qui en disposeront ».
ALLIANCES: QUEBEC SOLIDAIRE DONNE L'HEURE JUSTE ?????
Le 18 janvier 2012
http://quebecsolidaire.net/actualite_nationale/alliances_quebec_solidaire_donne_lheure_juste
Yves Claudé Répondre
25 janvier 2012Réponse à Monsieur André Parizeau
Il est rassurant de constater qu’une des composante de QS, le Parti communiste du Québec, a le sens du Bien commun et comprend clairement les enjeux actuels: la nécessité de l’indépendance pour le développement de la nation québécoise (sinon pour sa survie), et d’autre part le défi de la préservation et du développement des acquis sociaux pour la majorité de la population, acquis qui résultent des luttes historiques menées par les mouvements sociaux. Les militants sectaires (de QS comme du PQ) ne réalisent pas les effets désastreux sur les plans social et culturel qui pourraient résulter d’une autre victoire du PLQ, ou pire d’une nette victoire de la CAQ qui serait à même d’instaurer des mesure antisociales brutales à la faveur d’une pseudo-vague de “changement”.
Un des problèmes pour une petite organisation comme QS est la tentation d’utiliser son poids politique, quoique minoritaire, en tant que potentiel de nuisance, plutôt que comme potentiel d’alliance pour faire progresser la société. Les liens entre militants sont étroits et l’identification aux co-chefs est intense, ce qui rend ce type d’organisation vulnérable à des dérives sectaires et intra-autoritaires, même si on est loin du style PCCML (mao-staliniens…) qui a sévi dans les années 1970-80 …
Une majorité de militants de QS ne semple pas avoir compris que c’était l’existence de leur parti qui était en jeu dans la fermeture sectaire à une alliance souverainiste-progressiste, qui semble se confirmer dans cette organisation. Peinant à distinguer le révolutionnarisme et l’électoralisme, ils s’illusionnent lorsqu’ils s’imaginent que les statistiques des sondages constituent une base solide pour QS. En effet, le vote protestataire qui a tendance à se reporter sur QS est fragile, soit parce qu’il est susceptible d’être séduit par le pseudo “changement” proposé par la CAQ, soit parce ces électeurs commencent à déchanter de QS, du cul-de-sac qu’il représente, du manque de perspectives, des magouilles typiquement « politiciennes », sans compter le style brouillon et d’autre part lourdement moralisateur des co-chefs du parti.
Yves Claudé (membre du PQ – Rosemont)
Archives de Vigile Répondre
25 janvier 2012Sectarisme ...? Soyez réaliste et cohérent, svp!
1) Pratiquement, sur le plan électoraliste, le nombre de circonscriptions où un pacte serait profitable et praticable est pratiquement nul ! Pour ceci, lisez l'analyse concrète de Pierre Foglia : http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/pierre-foglia/201201/19/01-4487282-de-colere-et-despoir.php. D'autres analystes ont démontré la même impossibilité de pactes.
2) En fait, l'ironie est qu'il n'y aurait pas tant de problèmes si le PQ avait soutenu et voté la réforme du mode de scrutin de jean-Pierre Charbonneau. Mais ça ne l'arrangeait pas à l'époque ou il lui manquait la conviction et l'intégrité démocratiques de René Lévesque.
3) En fait, en taxant QS de "sectarisme", ne nuisez-vous pas vous-même à toute velléité d'alliance ou de pacte? ... ce qui semble contredire votre souhait?
4) Il n'y a pas de sectarisme de QS, mais une différenciation politique assez fondamentale et une nécessaire intégrité idéologique de QS comme le dit Pierre Foglia : "C'est pas un parti, c'est une idée, une pensée qui n'a pas besoin de 40 députés pour vivre. C'est un parti de colère et d'espoir.".
En fait, la critique de "sectarisme" QS vs PQ ne vaut que si on voit le monde à travers des lunettes purement ("sectairement"?...) nationalistes, inféodant les grands enjeux sociaux à la question nationale ET réduisant celle-ci à un enjeu électoral, référendaire et juridictionnel. Il n'y aurait plus de mainmise étrangère sur l'économie du Québec, mais seulement des dédoublements de champs de compétences fédéral-provincial toxiques.
En fait, il y a une divergence idéologique fondamentale entre PQ et QS sur la nécessité prioritaire de limiter les pouvoirs et les privilèges des capitalistes, surtout des multinationales, sur la nécessité de nationaliser les grandes entreprises névralgiques et sur la priorité inaliénable des droits des travailleurs et des populations locales.
Évidemment, si le PQ adoptait un programme résolument conçu pour donner le pouvoir politique et économique au peuple québécois sur son territoire et ses ressources ... Alors, là, on aurait une base de discussion possible ...
5) Ce qui est sectaire, par contre, ce sont les attaques fallacieuses et donc vicieuses du SPQ libre et de Duceppe contre QS. a) Ils inventent que QS appuyait le NPD aux dernières élections fédérales. b) Ils occultent la réalité politique que le NPD avait des chances de faire tomber les conservateurs de Harper alors que les votes pour le Bloc assuraient presque la victoire électorale de Harper dans la conjoncture politique d'alors.
En fait, la vérité est simplement que QS appelait à voter contre Harper en votant soit pour le Bloc québécois ! ... soit pour le NPD ...
Archives de Vigile Répondre
25 janvier 2012Je crois très sincèrement que le PQ, Québec solidaire, et Option nationale n'auront pas le choix dans le futur, et quoique leurs dirigeants respectifs peuvent toujours dire aujourd'hui, que de finir par s'asseoir pour discuter d'une éventuelle alliance.
À court terme et moyen terme, il en va de l'avenir de la bataille déjà engagée pour s'assurer qu'une majorité de souverainistes puissent éventuellement se retrouver à l'Assemblée nationale.
Il en va également de l'avenir éventuel du combat pour la souveraineté du Québec qui, de toute manière, nécessitera, au strict minimum, qu'une telle majorité se concrétise.
On est encore loin du compte et c'est justement pourquoi une telle entente est si importante. On aura beau dire tout ce qu'on veut, cela demeure un incontournable.
Pour ma part, ce qui m'encourage, c'est de voir qu'il y a de plus en plus de gens qui pensent la même chose.