Indépendance ou gouvernance souverainiste?

PQ velléitaire - que d'occasions manquées!

Au-delà des principes, c’est l’attitude du PQ qui pose problème.

PQ - XVIe congrès avril 2011

Par Jean-Paul Crevier-Delisle
Dans la section opinion du journal Le Devoir, Sylvain Racine écrivait en 2007 :

« Dans ce Québec réel, moi, j’ai 29 ans. Je n’ai pas envie de passer les 30 prochaines années à parler de séparation, de fédéralisme et maintenant d’autonomisme. » (1)

J’entame quant à moi la soixantaine et je vois bien que « le projet » n’a plus sa portance ni son contenu initial. Au fil du temps parlementaire, la lutte pour l’indépendance du Québec est devenue le monopole d’un seul parti. Avec l’exercice alternatif du pouvoir, les dignitaires du Parti Québécois ont perdu, pour l’essentiel, la vision, l’enthousiasme et la chaleur affectueuse qu’incarnait, pour rester neutre, le Dr. Camille Laurin.
Au temps des marées hautes, les candidats « ministrables » se pressent aux portillons souverainistes puis retournent aux « affaires » lorsque la victoire électorale n’est plus au rendez-vous. En période électorale, les petits militants sont appelés à contribuer de leur temps et de leur portefeuille « pour la souveraineté ». Après l’élection, toute l’organisation s’effondre, sous réserve de quelques bulletins insipides qui leur sont transmis par la poste. Ce que j’en ai lu, des recettes de « sauces spaghetti » de « la Lionne » de Bourget.
Et la diffusion du projet souverainiste dans tout cela? Eh bien, « Cherchez Charlie » ! Mais cherchez-le au bon endroit car il se trouve présentement chez les militants des organisations indépendantistes « les moins présentables », c'est-à-dire celles qui font avorter la reconstitution de la bataille des Plaines d’Abraham; celles qui ne laissent pas bâillonner le Moulin à paroles; celles qui « accueillent » le Prince Charles à la caserne des Black Watch; celles dont les militants, au risque d’un casier judiciaire, n’ont pas hésité à frapper à la porte de l’Assemblée nationale pour faire entendre leur colère légitime dans le dossier de la Loi 103. Sans eux, tout dormirait et nous dormirions tous.
À l’Assemblée nationale, les députés du Parti Québécois sont paralysés, corps et esprit dans un bienséant conformisme colonial. Le 18 octobre dernier, alors que le gouvernement Charest imposait le bâillon sur l’infâme loi 103, ils n’ont pas osé renverser ce « char allégorique » qu’est le sacro-saint protocole parlementaire. Auraient-ils chahuté, lancé en direction du fantoche les exemplaires de son torchon assimilateur, monté sur leur bancs et perturbé l’assemblée jusqu’à leur expulsion, qu’ils auraient attiré l’attention des jeunes québécois et de la planète toute entière. C’est comme cela que les indépendantistes font avancer l’Histoire dans ses moments insondables.
Si le Parti Québécois est aussi souverainiste qu’il le prétend, il devrait de toute urgence commencer par modifier la page d’accueil de son site web (2). Dites-moi, « Où est Charlie » l’indépendantiste. La bannière web est vide de sens : sur un fond de ciel bleu y flotte une photo de Madame Marois, comme une Vierge de Lourdes (3) regardant béatement le logo du Parti. Aucune formule de ralliement, aucune devise souverainiste.
Sur une capture d’écran d’environ 1,5 méga pixels, le thème de la souveraineté ne couvre que 2,6% de la surface : un bouton à cliquer, ainsi qu’un petit encadré « ABCD de la souveraineté ». André Simard (Kamouraska-Témiscouta) occupe la partie prédominante de la page avec son slogan insignifiant « Votons pour que ça change ». Lisez-bien la liste des « dossiers sur lesquels il fera campagne » : nulle mention de la souveraineté. Nada. Un gros zéro.
Alors, voyez-vous, au-delà de la justesse stratégique de la « gouvernance souverainiste », au delà de la question de savoir si la chef est ou non un repoussoir et s’il faut ou non faire « Feu sur le quartier général », c’est l’attitude « mièvre » du Parti Québécois et de sa députation qui pose problème.
Tout est dans l’attitude. À défaut du Parti Québécois de corriger son tir, j’ai bien peur, comme l’écrivait Sylvain Racine, « de passer les 30 prochaines années à parler de séparation, de fédéralisme et maintenant d’autonomisme. » … enfin, s’il m’en reste autant à vivre.
JPCD
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(1) Racine, Martin « Quand mon avion atterrira à l’aéroport international René-Lévesque » http://www.vigile.net/Quand-mon-avion-atterrira-a-l
_ (2) Site du Parti Québécois : http://pq.org/
_ (3) Voyez la ressemblance : http://www.eau-de-lourdes.com/images/vierge_marie_eau_de_lourdes_m.jpg


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    13 novembre 2010

    Ce que décrit l'auteur devrait inciter plusieurs militants à bien réfléchir. La gouvernance péquiste a toutes les chances d'être à l'image de sa présente activité dans l'opposition. Si ce que l'auteur décrit s'inscrit dans le prélude du plan Marois, on aurait raison de s'inquiéter. Une fois le PQ au pouvoir, on verra bien qui finira par avoir le dernier mot : Le PQ aux commandes du gouvernement ou les militants qui auront négligés de se constituer en force politique indépendante. L'intention de peser politiquement sur le Parti québécois pour le garder dans la ligne de l'indépendance m'apparaît bien velléitaire et fondée sur un activisme généreux mais insuffisamment pourvu d'ambition politique et de clairvoyance. À chacun de voir, pour ma part, les signes en provenance du PQ n'augurent pas de changement significatif. Il m'en faudra plus pour faire confiance.
    GV

  • Lise Pelletier Répondre

    12 novembre 2010

    M. Delisle
    Ayant remarqué aussi la platitude du site Web du parti québécois, pas étonnant que très peu de souverainistes
    s'y pressent pour y écrire des commentaires.
    Nous avons ici des informaticiens de haut niveau, qu'attend le PQ pour faire appel à eux.
    Mme Marois avait déjà reconnu (lors de la dernière campagne électorale) que le site n'était pas très bon et pensait l'améliorer, j'attends encore.
    Le soir du 18 octobre, j'étais à la manifestation, avant de m'y rendre, j'ai envoyé un courriel demandant à l'opposition péquiste de sortir de l'AN pour contester le baillon, eh bien non, une apparition pré-enregistrée d'un discours de Mme Marois qui disait être avec nous en pensée.
    C'était mieux que rien, mais insuffisant..
    Alors j'espère que ces promesses de gouverner en souverainiste sont bien réelles et qu'elle appliquera
    le plan Larose comme il est écrit sur les tribunes ici
    Lise Pelletier
    une souverainiste qui espère son pays depuis 30 ans
    j'en suis à me demander si je dois changé ma carte
    de membre PQ pour celle du PI (pays)