Prudence, reconnaissance et intelligence, pas le temps de niaiser!

Tribune libre

En ce vingt-deuxième jour du mois, ce qui est devenu une coutume au Québec avec le printemps québécois se poursuit. Des milliers de manifestants dans les rues unis et qui se tiennent debout pour une cause qui leur est chère. Les jeunes sortent pour défendre leur avenir, l’avenir de leur société, une participation à la vie politique et sociale qui est très valorisante et encourageante. Cependant, depuis la date historique du 4 septembre, le contexte a bien changé et il est primordial d’en tenir compte pour ne pas transformer réussite en gâchis.
Le 4 septembre, un gouvernement du Parti Québécois a été élu, minoritaire, mais quand même élu avec ses engagements d’annuler la hausse des frais de scolarité, d’abroger la Loi 12 et de tenir un sommet sur l’éducation.
Le 5 septembre, la première ministre élue réitère ses engagements.
Le 19 septembre, Pierre Duchesne devient ministre de l’Éducation supérieure.
Le lendemain, premier Conseil des ministres, l’annulation de la hausse des frais de scolarité ainsi que l’abrogation de la Loi 12 sont décrétées. Le gouvernement Marois est toujours engagé à tenir un sommet sur l’éducation.
C’est ça le nouveau contexte et il est bien fragile admettons-le, en partie à cause du gouvernement minoritaire, mais aussi par la mobilisation qui se continue, aussi essentielle et vénérable soit-elle.
Premièrement, pour ceux qui protestent contre la hausse de 82% des frais de scolarité, il est temps de vous apercevoir que vous n’êtes plus en situation de protestation, vous avez eu gain de cause! Vous avez indiscutablement un acquis qu’il faut maintenant défendre. Pour tous les autres, quelle que soit la vision, vous avez aussi un acquis important : la Loi 12 est abrogée et le droit de manifester, la liberté d’expression et d’association sont pleinement reconnus. Cet acquis est aussi à protéger.
Deuxièmement, rendez-vous compte que désormais, vous ne manifestez pour la cause de l’éducation que pour la forme. Vous avez tout à fait le droit de le faire, le droit de vous exprimer, le droit de participer à la démocratie, mais sachez qu’avec les engagements de l’actuel gouvernement, les « manifs » ne constituent plus le seul moyen de le faire. Le sommet sur l’éducation a été prévu essentiellement pour permettre à toutes les visions de s’exprimer de de défendre leur point de vue. Je le rappelle, la première ministre a réitéré son engagement lors de son élection. De là, tous les manifestants ont une responsabilité sur leurs épaules : ne pas tout gâcher avant la tenue du sommet. Le gouvernement peut tomber à tout moment, peut-être même avant la tenue du sommet. Il serait très regrettable de donner des minutions aux libéraux en posant des actes de violence et de désobéissance qui pourraient s’attirer des faveurs populaires en se présentant comme les défenseurs de l’ordre si un mouvement populaire perturbait cet ordre social inutilement. L’injuste Loi 12 a été abrogée rappelons-le.
Troisièmement, la violence, toujours regrettable et condamnable, a maintenant une arme de plus contre ceux qui pourraient l’utiliser pour faire valoir leur cause. En situation de protestation, elle fait voler en éclat les appuis, mais dans une situation où il y a des acquis, elle devient susceptible non seulement de nuire à la cause, mais de la faire régresser. Pensez-y bien!
La prudence est de mise pour protéger les acquis ainsi que ceux à qui l’ont doit ces acquis.
Reconnaissons le fruit de toute cette extraordinaire mobilisation et le travail du gouvernement Marois pour les mettre en application.
Usons de notre intelligence pour utiliser convenablement les moyens d’expression à notre disposition de façon à respecter tous les citoyens dans la défense de nos points de vue.
Bref, la cause a avancé, il y a désormais des acquis déjà fragiles. Ne les fragilisons pas encore plus par des excès. Ne laissons pas l'automne faire tomber notre printemps.
Prudence, reconnaissance et intelligence, pour reprendre une expression populaire, pas le temps de niaiser!


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    23 septembre 2012

    Et à voir le peu de pourcentage du vote que QS a été chercher, ce parti étant le seul parti qui défendait la gratuité scolaire, il semble que les Québécois, étudiants compris, n'en veulent pas de cette gratuité scolaire; mais pour l'instant, la CLASSE ne semble pas réaliser cela.
    Je ne dis pas ça parce que je suis contre la gratuité scolaire, au contraire; sauf que si les Québécois y étaient attachés, ils auraient voté en plus grand nombre pour le parti qui défend cette gratuité scolaire, c'est à dire QS.
    Les résultats des élections montrent qu'une majorité des étudiants a voté pour un autre parti que QS; ainsi, même les étudiants n'ont pas voulu voter pour la gratuité scolaire.

  • Archives de Vigile Répondre

    22 septembre 2012


    Parfaitement d'accord avec vous Monsieur Lacroix.
    J'espère que la CLASSE et le parti Québec Solidaire
    liront votre article imprégné de bon sens.
    Je suis avec les étudiants mais je n'approuve pas
    cette fois-ci leur manifestation et je comprends
    difficilement les encouragements de madame David
    à cette manifestation. À vouloir tout avoir trop vite,
    les étudiants risquent de tout perdre. Et madame David
    risque de perdre sa réputation de femme intelligente
    et modéré.