Quand Duceppe vote Dion

Ottawa - prochaine élection 2007



Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a mis cartes sur table devant la Chambre de commerce de Québec lundi. Il est désormais probable que les bloquistes tenteront de faire tomber le gouvernement Harper à la reprise des travaux des Communes, en février. Le Bloc provoquerait ainsi les troisièmes élections générales en moins de trois ans.
M. Duceppe évoque trois dossiers qui mèneraient le Bloc à retirer sa confiance au gouvernement: la mission en Afghanistan, les changements climatiques et le déséquilibre fiscal. Pourtant d'un point de vue bloquiste, dans au moins deux de ces dossiers, des élections portant au pouvoir les libéraux de Stéphane Dion (si là n'est pas le résultat souhaité, pourquoi forcer la tenue d'un scrutin?) ne changeraient absolument rien.
Le nouveau chef libéral a toujours nié l'existence du déséquilibre fiscal. Le Bloc considérait l'an dernier ce refus "obstiné" comme une raison fondamentale de battre les libéraux; pourquoi voudrait-il aujourd'hui que M. Dion prenne les rênes du gouvernement fédéral?
Au sujet de Kyoto, Stéphane Dion est évidemment plus proche de la position bloquiste que ne l'est M. Harper. N'empêche, selon ce qu'en disait le Bloc à l'époque, le Projet vert présenté en 2005 par M. Dion était "lamentable" et allait "très clairement à l'encontre des intérêts fondamentaux du Québec". Pourquoi manoeuvrer pour que le même Stéphane Dion devienne premier ministre?
L'an dernier, Gilles Duceppe estimait que le Parti libéral avait "perdu toute autorité morale de gouverner", "perdu toute crédibilité", "montré un profond mépris envers le Québec en tentant d'acheter la conscience des Québécoises et des Québécois avec notre propre argent". Le chef du Bloc a-t-il changé d'idée au sujet des libéraux? Sinon, pourquoi donner l'occasion à ce parti qui "a trempé dans la corruption" de revenir si rapidement aux affaires?
Enfin, on sait ce que pensent les souverainistes de l'oeuvre de M. Dion en ce qui a trait aux relations avec le Québec. Comment le Bloc expliquera-t-il aux Québécois qu'il faut porter au pouvoir le père du "plan B", décrit depuis des années par les souverainistes comme un farouche adversaire du Québec?
Il y a 11 mois, M. Duceppe a convaincu les Québécois de se débarrasser des libéraux. Aujourd'hui, il leur demande de se débarrasser des conservateurs... donc de ramener les libéraux au pouvoir! L'argumentaire est tellement tortueux que les vrais motifs du Bloc sautent aux yeux.
Le Bloc ne veut pas d'élections pour le bien des soldats de Valcartier ou pour la protection de l'environnement. Il souhaite seulement profiter de l'affaiblissement des conservateurs et de l'impréparation des libéraux pour récupérer le terrain perdu en janvier dernier. C'est pourquoi les bloquistes envisagent un scrutin rapide, quitte à ne pas attendre le prochain budget... même si celui-ci doit proposer le règlement du déséquilibre fiscal qu'ils réclament depuis des mois!
En somme, dans l'espoir de grignoter quelques sièges de plus il en a déjà 51 sur 75! le Bloc fait fi de toute cohérence. Pire, il est prêt à forcer la tenue d'élections précipitées qui coûteront plus de 200 millions aux contribuables canadiens. Il est à souhaiter que les électeurs québécois réagiront à cet abus flagrant de notre système démocratique.
apratte@lapresse.ca

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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