Ici comme ailleurs

Quand les aînés aussi s’exilent

Saguenay-Lac-Saint-Jean

Freiner la dévitalisation rurale


Depuis plusieurs années, la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean connaît une baisse démographique. L’exode des jeunes et le vieillissement de la population font partie de ce problème. Plus récemment, il semble que nous assistions à un déplacement des gens plus âgés, issus de municipalités rurales, vers les zones urbaines.
Dans la majorité des municipalités rurales, le déracinement des personnes âgées est perçu comme un problème qui affaiblit le tissu social et qui entraîne des conséquences négatives sur l’ensemble des services. Cette tendance de l’exode des populations, qu’elles soient âgées ou jeunes, s’inscrit dans une perspective plus large qui est celle de la dévitalisation des milieux ruraux.
Une recherche réalisée à partir d’entrevues avec des personnes âgées (ayant quitté ou demeurant toujours dans les municipalités rurales à l’étude) ainsi qu’avec des acteurs sociaux de ces milieux a permis de mieux comprendre les facteurs qui incitent les personnes âgées à quitter leur village et de proposer des stratégies favorisant l’enracinement et la rétention des personnes âgées dans leur milieu rural.
Les deux territoires du Saguenay-Lac-Saint-Jean où la recherche a eu lieu, la MRC Fjord-du-Saguenay dans le secteur du Bas-Saguenay-Sud et la MRC Domaine-du-Roy située au Lac-Saint-Jean, comprennent plusieurs municipalités rurales, mais aussi des municipalités urbaines qui sont susceptibles d’accueillir les aînés.
Quelques statistiques
Le secteur du Bas-Saguenay-Sud compte cinq municipalités rurales qui totalisaient en 2011 3 800 habitants. De 1991 à 2011, on y a observé une perte de 10 % de la population. Les personnes âgées représentent 17 % de la population et on prévoit que les couches de populations plus âgées seront en progression jusqu’en 2031.
Dans la MRC Domaine-du-Roy, la situation est similaire. On compte sept municipalités rurales et 9 125 personnes y habitaient en 2011. Entre 1991 et 2011, une baisse de 6 % de la population a été observée et l’on prévoit là aussi une progression de la population âgée jusqu’en 2031.
Les résultats de la recherche
La recherche n’a pas relevé de différences majeures entre les personnes âgées provenant des deux MRC. On a noté un fort sentiment d’appartenance s’appuyant sur les racines familiales, la qualité de l’environnement, le rythme de vie, les relations sociales, l’entraide et les services offerts.
Dans la majorité des municipalités rurales, le déracinement des personnes âgées est perçu comme un problème important.
La grande majorité des personnes rencontrées veulent demeurer dans leur municipalité rurale, mais certains événements peuvent les amener à revoir leurs choix de vie comme le décès d’un conjoint, la maladie, l’incapacité d’entretenir leur maison, etc.
Pour certains, il s’agit d’un projet planifié de venir ou de revenir en milieu urbain. Les principales raisons qui les amènent à quitter leur municipalité rurale pour aller en milieu urbain sont le peu de logements disponibles ou qui conviennent aux besoins des aînés, la demande de soins spécialisés ou réguliers, l’insécurité qui devient trop importante et la crainte d’être un fardeau pour les enfants dans la municipalité.
Pour la majorité des personnes rencontrées, la décision de partir a été difficile à prendre. Malgré ce changement, les aînés gardent contact avec leur village et y retournent pour voir parents et amis. Cependant, adaptés à leur nouveau milieu, ils ne reviendraient pas y vivre. Pour la majorité, la qualité de vie a été maintenue ou améliorée. Ils estiment avoir pris la bonne décision compte tenu de leurs besoins, de leurs attentes et des possibilités.
Contrer l’exode des personnes âgées
Parmi les moyens qui sont ressortis pour contrer l’exode des personnes âgées, notons la mise en œuvre de projets et d’initiatives de développement social, notamment en matière de logements adaptés aux besoins des aînés, de loisirs et d’activités sociales, de services de santé et de soins à domicile, etc., qui favoriseront la rétention des personnes aînées dans les communautés rurales.
Les pistes d’action identifiées ne sont qu’un point de départ pour amorcer une réflexion et mettre en œuvre des moyens pour freiner l’exode. La volonté politique des élus municipaux, la concertation des acteurs du milieu (y compris les personnes âgées) apparaissent aussi comme les pierres angulaires de toute action pour freiner l’exode rural et par extension la dévitalisation rurale.
Pour plus de détails, voir Suzanne Tremblay, Réjean Vallières et Cyndie Giroux, «Du rural à l’urbain : les besoins et les motivations des personnes âgées pour vivre en milieu rural ou s’installer en milieu urbain», Mastera/Cégep de Jonquière/UQAC, 2012 : www.fadoqsaqlac.com


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