Le projet de loi 103

Quel humoriste ce Charest

Tribune libre 2010



Le projet de loi 103 relève d'une méthode politique.
Ce n'est pas seulement le contenu de la loi 103 qui importe. Cette loi sera
contestée. Mais elle le sera à un moment stratégique, favorable à la
minorité de braillards du Québec, la minorité anglo.
Que certains puissent acheter ou non un droit, nous n'en sommes déjà plus
là. Ce n'est pas DEMAIN que l'argent achètera des droits. C'est plutôt HIER
que l'argent les a déjà achetés. Les écoles-passerelles existaient et
existeront encore.
Les anglos vont contester cette loi de toute façon. Le « 3 ans » inscrit
dans la loi 103 est inacceptable à ceux qui veulent détruire la loi 101, et
va servir de catalyseur pour contester cette loi 103 ainsi que toute autre
par ailleurs, parce qu'en bout de piste, c'est la loi 101 qui est toujours
visée.
Le refus obstiné des libéraux de se servir plutôt de la clause nonobstant
révèle d'une méthode, la méthode Charest, qui consiste à fournir à sa
clientèle anglo une facilité pour contester la loi en temps opportun. La
loi 101 doit être maintenue dans un constant processus d'érosion. Les
libéraux veillent au processus sous le regard soupçonneux de leur
électorat.
La méthode libérale, en effet, qui est de toujours se battre à genoux, et
de toujours- toujours- toujours fournir le fuel nécessaire au gouvernement
des juges, particulièrement la Cour Suprême du Canada, capable depuis
longtemps, elle, de charcuter la loi 101.
TOUT LE FOND DE L'AFFAIRE, C'EST DE SAVOIR SI LA PROVINCE DE QUÉBEC A ASSEZ
DE CRAN POUR UTILISER LA CLAUSE DÉROGATOIRE. Nous sommes maintenant
certains que les libéraux n'ont plus ce cran.
Un très vieux Québec abdique. Un gouvernement abdique. Et les fédéralistes
abdiquent comme s'ils étaient vainqueurs.
Et tout un peuple hésite et se détourne un instant devant le mensonge qu'on
lui susurre avec le projet de loi 103.
Retourner la question de tous les bords, invoquer même l'intérêt de
certains parents francophones à l'égard du bilinguisme de leurs enfants,
c'est le « message » qui est important. C'est le message qui importe
maintenant et qui est envoyé à tous les québécois et québécoises : c'est
terminé le vieux Québec de la Révolution Tranquille. Ce vieux Québec-là
capitule. La langue française lui traîne à terre.
Un gouvernement de paillassons.
Lorsque maintenant le P.M. Charest nous parle du courage de son
gouvernement, dénonçant le P.Q. à cette occasion, de préférer, lui, «
suspendre les libertés », on comprend tout de suite que le Québec compte
subitement un humoriste de plus. Car le dernier à avoir véritablement «
suspendu » des droits, ce fut justement un libéral, à Ottawa, P.E.T. pour
le nommer, en 1970, et qui se trouve comme par hasard être le père de la
Charte et du gouvernement des juges d'Ottawa.
Il serait temps que notre humoriste en chef sorte de sa cachette, les deux
mains en l'air, ainsi que ses amis, eux aussi les mains en l'air, et
explique à tout un peuple comment le fait de simplement utiliser la clause
dérogatoire irait à l'encontre des intérêts-
supérieurs-des-québécois-et-des-québécoises qui lui tiennent tant à
cœur.
Le fruit n'est pas mûr, selon cet humoriste, mais du moins « Nous serions
prêts » à entendre ses explications. Qu'il Nous explique cela
tranquillement. Notre patience est à bout mais pas encore notre humour.

Marcel Haché


Laissez un commentaire



1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    8 juin 2010

    Même l'ADQ en remet avec son exigence de bilinguisme mur à mur. Mis à part vos propos sur l'humour, votre texte est remarquable.
    Il y a longtemps que Jean Charest ne me fait plus rire. Il salit et déforme tout ce qu'il touche. A la limite, il serait pour le libre choix de la langue d'enseignement de la loi 63. Charest, c'est John James Charest: sa mère est anglophone.
    La Cour suprême a reconnu que la collectivité francophone du Québec avait des droits et devait prendre des mesures pour la promotion du français menacé. Pas Jean Charest.
    Cet homme est dangereux; pour la collectivité québécoise, c'est une nuisance. Commençons par lui faire mordre la poussière dans Vachon à St-Hubert (Longueuil).
    Robert Barberis-Gervais, 8 juin 2010