Quelle laïcité?

Laïcité — débat québécois

Quelle laïcité? Cet automne, la question d’une Charte de la laïcité reviendra dans le débat politique. Si elle était promulguée, une telle charte proscrirait les signes religieux ostentatoires dans l’espace public ainsi que les dérives dont se rendent coupables certaines institutions publiques, comme la multiplication des menus religieux, sous prétexte d’« accommodements raisonnables ».
Avec quelques nuances, la cause est bonne. Les signes religieux ostentatoires, comme le voile ou la burqa, ont souvent une signification davantage politique que religieuse. En fait, la religion sert de prétexte à certains pour justifier leur refus de s’intégrer à notre société. Par ailleurs, confrontées à l’exigence de la laïcité, certaines communautés culturelles trouveront l’occasion d’acclimater leurs coutumes à la modernité occidentale, ce que plusieurs de leurs membres verront comme une chance.
Il ne faudrait pas, toutefois, que la poursuite de la laïcité se retourne contre l’identité québécoise comme le souhaitent ceux qui font le procès d’une « laïcité sélective », apparemment coupable d’un préjugé favorable envers le catholicisme. La boutade était prévisible, les multiculturalistes dénoncent désormais le Québec « catho-laïque ». Pour eux, la laïcité ne sera légitime qu’en mettant sur le même pied toutes les religions, quelles qu’elles soient. Comme gage de sincérité, ils demandent aux tenants de la laïcité de consentir au retrait du crucifix de l’Assemblée nationale.
Il s’agit d’une fausse alternative. S’il faut retirer le crucifix de l’Assemblée nationale, faudra-t-il redessiner le drapeau québécois pour en effacer la croix? L’idée circule. Faudra-t-il évacuer les fêtes chrétiennes du calendrier scolaire? Le ministère de l’Éducation l’a proposé. Faudra-t-il plutôt censurer les vœux de Noël? C’est déjà chose faite en bien des endroits. Soyons clairs : ce n’est pas parce qu’ils sont religieux que ces symboles sont contestés mais parce qu’ils sont ceux de la majorité. Pour les multiculturalistes, la lutte contre l’identité québécoise ne connaîtra jamais de fin.
Il faut dire stop. Le Québec est une société occidentale de culture française et doit le demeurer. Et à moins d’abolir l’histoire, on reconnaîtra que l’héritage catholique du Québec n’en est pas un parmi d’autres. Si, avec la Révolution tranquille, les Québécois ont refoulé leur héritage catholique dans l’arrière-fond de l’espace public, il n’a jamais été question de remplacer cet arrière-fond par un autre.
Une Charte de la laïcité devrait confirmer les grandes valeurs de la Révolution tranquille sans devenir une machine de guerre contre notre identité. Le Québec ne doit plus confondre le progrès avec le saccage de son passé.


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