Qui sera le champion du changement?

À deux semaines du vote, Mulcair et Trudeau essaient de recentrer le débat

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Élections fédérales 2015

Thomas Mulcair et Justin Trudeau ont lancé leur campagne en promettant d’être la voix du changement. À deux semaines du vote et à la veille du dernier débat de la campagne électorale, les deux chefs tentent encore de convaincre les électeurs qu’ils sont la seule et unique voix. Du côté néodémocrate comme du côté libéral, on essaie d’éclipser le rival en l’associant à l’ultime adversaire, Stephen Harper. Justin Trudeau pense comme lui en matière de pipelines ou de loi antiterroriste, scande Thomas Mulcair. Ce dernier promet comme Stephen Harper un budget équilibré et rien de neuf avant plusieurs années, martèle Justin Trudeau.

La stratégie du NPD ne pouvait pas être plus claire jeudi : changer le message, à tout prix. Hanté par sa position sur le port du niqab, Thomas Mulcair a voulu rappeler aux électeurs québécois ce qu’ils recherchaient lorsque la campagne électorale a été déclenchée, il y a deux mois : du changement.

« L’enjeu de cette élection, c’est de savoir si on veut un gouvernement qui est fermé, guerrier et pollueur, c’est-à-dire un gouvernement dirigé par Stephen Harper, ou si on veut un Canada responsable, tourné vers l’avenir, où on arrête de travailler contre la planète et on commence à travailler avec le monde », a clamé Thomas Mulcair en prononçant un discours à Montréal jeudi.

Conscient que c’est aux conservateurs — et dans une moindre mesure aux bloquistes — qu’a profité l’enjeu du niqab au Québec, M. Mulcair a dirigé l’essentiel de ses attaques vers Stephen Harper. Que fait-il de son rival libéral, qui semble avoir dépassé le NPD dans les derniers sondages ? Thomas Mulcair l’amalgame systématiquement au chef conservateur. Stephen Harper et Justin Trudeau « sont du même avis » sur la loi antiterroriste C-51, le pipeline Keystone XL ou les réductions d’impôts aux grandes entreprises, a-t-il répété sans relâche.

Plus question de causer niqab. Thomas Mulcair veut plutôt rappeler le bilan du chef conservateur, notamment en environnement. « Stephen Harper n’a pas d’objectifs de réduction des gaz à effet de serre, pas plus que Justin Trudeau et les libéraux d’ailleurs. Justin Trudeau baisse les bras et dit qu’on n’a pas besoin de cible, parce que c’est trop difficile. Ce n’est pas du changement, ça. C’est du pareil au même », a fait valoir M. Mulcair

Sondages défavorables

En coulisses, les néodémocrates refusent de s’inquiéter des coups de sonde. Il reste encore deux semaines à la campagne et une remontée conservatrice permet justement de vendre l’importance du changement. Un enjeu qui aide leur chef, selon eux. « Ce n’est pas de savoir qui est le mieux placé dans les sondages, mais qui est le mieux placé en matière d’expérience et de compétences », soutient un stratège. Un message qui sera repris dans une nouvelle publicité qui sera lancée au Québec lundi prochain.

Justin Trudeau n’a de son côté pas nié qu’il s’agissait encore d’une course à trois. Mais il a rejeté « la vision de Stephen Harper, qui dit que tout va bien, [qu’]on devrait continuer, [qu’]on devrait garder le cap ». Et celle de Thomas Mulcair « qui dit que ça prend du changement, mais seulement dans cinq ans, dans dix ans, pas tout de suite ». Le chef libéral a rappelé qu’il était le seul à promettre d’investir dès l’an prochain pour enregistrer des déficits d’ici 2019, contrairement à MM. Harper et Mulcair, qui font « le mauvais choix économique » en refusant de retarder l’équilibre budgétaire.

« Mes adversaires veulent faire de la politique d’attaques personnelles, de la politique de division, de peur », a reproché M. Trudeau en les accusant d’« essayer de distraire les gens » du fait qu’ils n’aient rien à offrir. « Et bien, je trouve qu’ils sont en train de manquer leur coup dans cette élection. »

Stephen Harper n’a pas tenu d’événement public jeudi. Il enregistrait lui aussi des publicités et se préparait au deuxième débat francophone et dernier débat de la campagne, organisé par TVA ce vendredi soir. Thomas Mulcair a beau vouloir arrêter de parler du niqab, il y a fort à parier que ses rivaux s’assureront de ramener le sujet.


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