Rebello à la CAQ: mesure de la déloyauté au chef

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Faut-il se surprendre de voir François Rebello, homme de clan d'abord et avant tout, faire défection au profit de la Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault? Contredire toutes ses pourtant nombreuses et récentes professions de foi envers Pauline Marois? S'il en est un à qui le PQ doit sa persistante réputation de parti ayant «tendance à dévorer ses chefs», c'est bien François Rebello.
Dès le début de son engagement militant au sein du PQ, en octobre 2001, François Rebello a misé sur le clan de François Legault pour progresser dans la hiérarchie péquiste. Élu président du PQ de la circonscription de Mercier en décembre 2002, lui et quelques autres lieutenants ont déployé une énergie de tous les instants, non seulement à tisser la toile des partisans du poulain Legault, mais aussi à placer tous ses «poteaux» à diverses fonctions élues du parti en vue du grand jour de l'hallali final.
Les nombreuses manigances anti-Bernard Landry de François Rebello qui se sont retrouvées dans les médias entre 2001 et 2005 ne sont qu'un infime échantillon de l'ensemble du tableau. Citons au hasard cette entrevue de M. Rebello publiée le 21 avril 2004 dans Quartier libre, un journal étudiant de l'Université de Montréal. Alors candidat bloquiste dans Outremont, M. Rebello eut le réflexe spontané de dénigrer le chef péquiste d'alors. Parlant des «communautés culturelles», il affirma: «Les gens de ma génération connaissent bien cette diversité culturelle, ce qui n'est pas le cas d'un politicien tel Bernard Landry qui, lui, n'a pas pu étudier dans un contexte universitaire aussi multiculturel.»
Le Soleil de Québec reproduisit dans son édition du 4 mai 2004 les propos du jeune frondeur et interrogea de nouveau M. Rebello. Impénitent, ce dernier en rajouta en affirmant qu'une des raisons de son appui à François Legault, c'est «qu'il m'apparaît comme quelqu'un qui est ouvert» aux communautés culturelles.
Toujours volontaire pour bisquer son chef, François Rebello se porta candidat à la vice-présidence politique du PQ le 5 février 2005 et multiplia de plus belle les démarches de nuisance. La garde rapprochée de Landry a aussitôt saisi la nature hostile de l'opération. Mais la confiance semblait tout de même régner quant au succès de M. Landry au vote de confiance de juin. Au point qu'un membre de l'entourage du chef confia au journaliste du Devoir Robert Dutrisac: «Qu'est-ce que tu veux qu'il [François Legault] négocie? Il est perdant. Il n'y a rien à négocier.» À cela, c'est un Rebello défiant qui riposta aussitôt: «Legault, ce n'est pas pour rien qu'il dit qu'il ne négocie plus, parce que même s'ils [les gens de M. Landry] voulaient négocier, ils ne seraient pas capables de ramener le boss. C'est fini pour Landry.» Cette réplique valut à M. Rebello de se voir décerner «la palme de la mouche du coche» par le journaliste du Devoir (12 février 2005).
Le 4 juin 2005, devant les 1500 délégués du XVe Congrès national, François Rebello assortit son discours de candidat vice-président d'un «Bernard Landry, notre chef, mon chef» en se tenant la main sur le coeur. Au même instant, la machine anti-Landry chauffée à bloc par ce même Rebello continuait à sillonner les corridors en roulant à plein régime. Quelques heures plus tard tomba le verdict que l'on sait (76,2 %) sur le vote de confiance qui avait tenu M. Rebello et ses acolytes si occupés durant toutes ces années. Les 23,8 % de votes de non-confiance ont évidemment eu plus d'une source. Mais celle-là aura été, et de très loin, la plus longuement préméditée et la plus acharnée.
Le 8 juin, jour du désistement de François Legault dans la course au leadership du PQ, le tout nouveau vice-président à la commission politique, François Rebello, exprima à la journaliste Kathleen Lévesque (Le Devoir, 9 juin 2005) sa déception d'apprendre la décision de son faire-valoir en lançant: «On avait bâti une organisation. Nos candidatures [du clan Legault] au congrès ont toutes passé. Les chances étaient bonnes pour qu'on gagne.» Voilà qui en disait long sur la sincérité de son plus que tardif pseudo-discours de ralliement à Bernard Landry, alors que chaque vote comptait pour que M. Rebello se fasse élire à l'exécutif national du PQ, ce qu'il fit par la mince marge de 19 voix.
L'adhésion du député de Laprairie à la CAQ relève du même froid et ambitieux calcul. Bref, en matière de loyauté au chef autant que de lutte au cynisme ambiant à l'égard de la classe politique, François Rebello aura eu bien davantage, au sein du PQ, des allures de pyromane que de pompier.
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Christian Gagnon - Président régional du PQ de Montréal-Centre d'octobre 2002 à décembre 2005

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CHRISTIAN GAGNON, ing.
_ L’auteur a été président régional du Parti Québécois de Montréal-Centre d’octobre 2002 à décembre 2005





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