(Ottawa) Les résultats des récentes élections québécoises ravivent plus que jamais l'intérêt des stratèges néo-démocrates pour la création d'un NPD-Québec. Un parti de gauche fédéraliste pourrait rassembler sous un même parapluie le vote progressiste qui s'est éparpillé au dernier scrutin et faire contrepoids à la montée de la Coalition avenir Québec (CAQ), estime-t-on dans les rangs néo-démocrates.
Des démarches préliminaires en vue de créer un cousin provincial au NPD ont été entreprises au cours des derniers mois. Le nom «Nouveau Parti démocratique du Québec» a même été enregistré auprès du directeur général des élections du Québec en janvier par un militant du NPD, Pierre Ducasse.
Bénédiction de Mulcair
Le chef du NPD fédéral, Thomas Mulcair, a aussi donné sa bénédiction à une telle initiative en août 2012. Mais l'élection d'un gouvernement minoritaire du Parti québécois en septembre de la même année a forcé les apparatchiks du parti à mettre ce projet sur la glace.
Or, la victoire écrasante du Parti libéral du Québec aux élections provinciales de la semaine dernière donne un horizon stable de quatre ans pour mener à bien un tel projet. Mais dans l'immédiat, tous les efforts seront consacrés aux prochaines élections fédérales, prévues en octobre 2015, soit dans environ 18 mois. Après quoi, la construction d'une aile provinciale du NPD au Québec pourrait devenir prioritaire.
«Depuis le résultat électoral, mais avant même la tenue des élections, on s'est fait parler plus que jamais de la création d'un NPD provincial. [...] Il y a une espèce de vacuum politique en ce moment au Québec pour des gens qui veulent continuer à travailler avec le reste du Canada, mais qui ne logent pas aussi à droite que le Parti libéral de M. Couillard», a affirmé à La Presse le député néo-démocrate de Rosemont-La Petite-Patrie, Alexandre Boulerice.
Le Québec est la seule province au pays où le NPD est totalement absent sur la scène provinciale. Même en Alberta, une province gouvernée sans interruption par le Parti progressiste-conservateur depuis quatre décennies, on compte un NPD provincial.
Un NPD-Québec a existé pendant plusieurs années, mais il s'était éloigné graduellement de son grand frère fédéral en raison notamment du débat sur l'unité nationale. Il a disparu de l'échiquier politique en 2002. En 1989, les deux organisations avaient d'ailleurs officiellement rompu leurs liens.
M. Boulerice, qui a été nommé la semaine dernière coprésident de la campagne électorale nationale du NPD en prévision du scrutin de 2015, a souligné que l'incapacité de Québec solidaire d'augmenter ses appuis à l'extérieur de l'île de Montréal fait aussi partie de la problématique. «En région, la réalité et la sensibilité des gens sont extrêmement différentes. Ils appuient le NPD au niveau fédéral. Au provincial, ils se retrouvent un petit peu orphelins. Ils ne sont pas prêts à voter pour Québec solidaire et c'est difficile pour eux de voter pour le Parti libéral. Ils vont probablement le faire à contrecoeur devant l'absence de choix.»
Priorité aux élections fédérales
Comme bien d'autres stratèges, le député Boulerice estime toutefois que la priorité du NPD au fédéral doit être de préparer les prochaines élections fédérales. «La priorité du NPD est de remplacer les conservateurs de Stephen Harper. Et pour y arriver, nous avons besoin de toutes nos énergies, tous nos bénévoles, tout l'argent que nous allons aller chercher par le financement. Pour l'heure, ce serait donc d'éparpiller nos ressources que de travailler à la création d'un NPD-Québec. De toute façon, c'est une décision qui reviendra aux militants lors d'un congrès. C'est une étape qui est incontournable», a dit M. Boulerice.
Chose certaine, la création d'un NPD au Québec permettrait «un vrai débat entre la gauche et la droite» aux élections provinciales, a-t-il souligné.
M. Ducasse n'a pas répondu à nos demandes d'entrevue.
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