(Québec) Le gouvernement Charest ne doit pas tenter de défendre l'indéfendable. Il doit dès maintenant préciser la vocation des Fonds d'intervention économique régional (FIER) et resserrer leur gestion pour ne pas laisser prise à de potentiels conflits d'intérêts.
Les libéraux ont sorti jeudi tout l'arsenal pour répliquer aux informations du péquiste François Legault voulant que des fonds publics destinés au Saguenay?Lac-Saint-Jean se soient retrouvés dans des entreprises de Montréal dont les actionnaires sont des libéraux notoires.
Le président d'Investissement Québec, Jacques Daoust, a tenu une conférence de presse pour expliquer et rassurer sur le bon fonctionnement de la «créature» issue du budget Séguin, en 2004.
Plus tard, c'était au tour des deux libéraux-gestionnaires-actionnaires visés par M. Legault, Pietro Perrino et Valier Boivin, de rencontrer la presse pour donner leur version des faits et exiger une rétractation de la part du député péquiste.
À l'Assemblée nationale, tant le premier ministre Jean Charest que son ministre des Finances et du Développement économique, Raymond Bachand, ont défendu les FIER et, surtout, l'honneur des hommes d'affaires libéraux.
Bien des paroles, beaucoup d'indignation, mais cette réplique sur plusieurs fronts n'a pas réussi à faire taire l'opposition. Au contraire, les réponses de tous ces messieurs ont soulevé bien d'autres questions. Et de très bonnes. Les réponses ont écarté peu de doutes.
Les interrogations formulées depuis trois jours par M. Legault et le député adéquiste François Bonnardel ont certes une saveur partisane, mais elles ne manquent pas de pertinence. Si un gouvernement crée un Fonds d'intervention économique régional et y consacre annuellement 318 millions $ de fonds publics, le contribuable croit que c'est pour aider le développement économique régional et non pour réorienter l'argent vers des zones économiques déjà bien pourvues.
Il faut éviter la fausse représentation. Certes, comme le soutient le ministre Bachand, des emplois ont été créés grâce aux FIER. L'évaluation doit toutefois se faire région par région et non globalement. Si le FIER du Saguenay?Lac-Saint-Jean sert davantage à des entreprises de Montréal, si celui de l'Estrie effectue 70 % de ses investissements à l'extérieur de l'Estrie, et si celui de l'Outaouais profite autant à Montréal et à Québec, on s'éloigne de l'objectif premier des FIER qui était de soutenir le démarrage et le développement d'entreprises en région. Le gouvernement doit donner l'heure juste et préciser la vocation exacte des FIER.
MM. Charest et Bachand doivent également prendre des dispositions pour éviter que les FIER soient perçus comme une caisse où pigent les amis libéraux. Lorsque les deux tiers d'un fonds sont constitués avec l'argent des contribuables, son utilisation doit être au-dessus de tout soupçon et répondre aux plus hautes normes de gestion et de surveillance. Le contribuable ne doit pas éprouver la désagréable impression que certaines personnes profitent d'un outil parce qu'elles affichent la bonne couleur politique.
Le ministre Bachand a déclaré jeudi qu'il était prématuré de s'interroger sur la pertinence des règles régissant les FIER. Selon lui, on peut attendre trois, quatre, cinq ans pour faire leur bilan. Aussi bien dire la fin du mandat des libéraux.
Ni lui ni le président d'Investissement Québec n'ont su, hier en commission parlementaire, fournir avec assurance les explications suffisantes pour répondre aux points soulevés par les députés Legault et Bonnardel.
Lorsque 318 millions $ de fonds publics sont concernés, lorsque le budget de la province est déficitaire, un ministre doit se montrer plus vigilant et ne pas attendre des années pour rajuster le tir et faire des rappels à l'ordre.
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