En pleine tourmente en raison de problèmes d’intégrité, les libéraux reconduisent le commissaire sortant de l’Unité permanente anticorruption (UPAC), Robert Lafrenière, pour un autre mandat de cinq ans.
Le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, en a fait l’annonce mercredi après-midi, au terme de la séance du conseil des ministres. Le premier mandat du commissaire était officiellement terminé depuis la fin de mars. M. Lafrenière est le premier et le seul à avoir exercé ces fonctions depuis la création de l’UPAC en 2011.
Ce renouvellement de mandat est annoncé au moment où le gouvernement Couillard est plongé dans l’affaire Sam Hamad, l’ancien président du Conseil du trésor, qui est visé par des allégations de trafic d’influence avec Marc-Yvan Côté, un ancien ministre libéral arrêté par l’UPAC en mars.
Au cours d’une conférence de presse à l’Assemblée nationale, M. Coiteux a indiqué que M. Lafrenière incarne la stabilité dont l’équipe d’enquêteurs a besoin pour continuer son mandat.
Selon la procédure prévue par la loi, le conseil des ministres devait choisir parmi une liste de trois noms dans un rapport remis par un comité de sélection mis sur pied le 10 février et le nom du commissaire sortant en faisait partie, a précisé M. Coiteux.
« Malgré d’autres candidatures de grande qualité, le conseil des ministres a décidé de s’inscrire dans la continuité, a-t-il justifié. Il est évident que l’UPAC est une organisation qui nécessite stabilité et crédibilité. Afin d’assurer toute la stabilité dans les enquêtes déjà en cours, le conseil des ministres a jugé à propos de maintenir M. Lafrenière en poste. »
Des questions subsistaient sur le sort de M. Lafrenière à la suite de la frappe retentissante de l’UPAC le 17 mars dernier, le jour même du budget du ministre des Finances Carlos Leitao. Les enquêteurs avaient alors notamment arrêté l’ancienne vice-première ministre libérale Nathalie Normandeau, en plus de Marc-Yvan Côté.
M. Coiteux soutient que cette rafle n’a « aucunement » pesé dans la balance dans le choix de reconduire M. Lafrenière dans ses fonctions. « L’UPAC est là pour faire son travail et elle fait son travail, c’est pour ça qu’on a créé l’UPAC », a-t-il dit.
Quant à savoir si le gouvernement craignait de payer un prix politique en démettant M. Lafrenière, le ministre a répondu: « ce n’est absolument pas une considération ici ».
Changement du processus de nomination
Le matin même, l’opposition officielle avait demandé en Chambre un changement au mode de nomination du commissaire de l’UPAC, pour que sa nomination soit entérinée par les deux tiers de l’Assemblée nationale, à l’instar d’autres officiers, comme le vérificateur général et le directeur général des élections. Les partis d’opposition font front commun sur cet enjeu, car la Coalition avenir Québec (CAQ) et Québec solidaire réclament également la mise en place de cette procédure.
Cependant, le ministre a écarté cette option, mais songerait au même mode de nomination que pour le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), comme le recommande le rapport de la commission Charbonneau. Dans ce cas, un appel de candidatures est lancé, un comité de sélection est formé pour soumettre une liste, mais c’est encore le conseil des ministres qui choisit, sur la recommandation du ministre de la Justice.
Le porte-parole péquiste en matière de sécurité publique, Pascal Bérubé, a déploré le mode de nomination actuel parce que selon lui, M. Lafrenière manque de l’indépendance requise, alors que d’autres enquêtes concernant des « joueurs importants » du Parti libéral doivent se poursuivre.
Il a donné comme exemple l’étude des crédits à venir pour le ministère de la Sécurité publique, au cours de laquelle il faudra l’autorisation du ministre Coiteux pour pouvoir poser des questions directement à M. Lafrenière.
« Le gouvernement libéral aura choisi seul la personne, a dit M. Bérubé dans une conférence de presse. Ce n’est pas un jugement sur les compétences de M. Lafrenière mais sur le processus. [...] On va souhaiter à M. Lafrenière d’avoir les coudées franches pour les cinq prochaines années. »
Le député péquiste de Matane-Matapédia n’a pas voulu dire si c’était un bon choix. « On laisse ça au gouvernement, c’est sa prérogative, on aurait aimé qu’il nous soumette le choix », a-t-il dit.
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