Se réveiller

Le passage obligé, c'est l'indépendance

Tribune libre



Les Québécois ne s'intéressent pas à la chose politique. Pour eux, en général, tous les politiciens se valent, qu'ils soient souverainistes ou fédéralistes. Les Québécois sont ignorants de leur histoire politique actuelle et passée, ils ne se voient pas aller, ils ne se rendent pas compte de ce qui leur arrive. Il y a un contrat, la Constitution, que nous n'avons pas signé, mais auquel nous sommes tout de même liés, de force, depuis 25 ans, et le Canada n'y voit pas de problème. Les Québécois non plus, apparemment. Pourtant, manifestement, ce nouveau contrat fait disparaitre formellement la différence québécoise.

En 1982, les Québécois sont passé de peuple fondateur à minorité ethnique. À l'époque de Meech, nous nous sommes fait dire de ne rien demander. Après 1995, la loi de la clarté en rajoute : "va-t-en ou rentre dans le rang", c'est-à-dire qu'il n'est pas question, dorénavant, d'envisager autre chose que la séparation pure et simple. Aucune réaction des Québécois, alors que c'est précisément ce qu'ils veulent, autre chose. Et aujourd'hui, nous nous faisons dire que oui, nous sommes une nation, mais non, il n'est pas question de la reconnaître, et la raison de cela est que c'est la volonté des gens du reste du Canada. Ces gens refusent notre existence, nous dérangeons.

On ne peut pas être égal à l'autre tant que cet autre refuse d'admettre que nous existons. Le passage obligé, c'est l'indépendance. Seulement après ça, il sera possible d'être considéré par le reste du Canada comme par le reste du monde. Or comme les Québécois en général refusent cette séparation préalable, ils condamnent notre Etat québécois à disparaître, même s'ils soutiennent le contraire. Les Québécois sont inconséquents, voire immatures politiquement, et à cause d'eux, de nous-mêmes finalement, nous courrons à notre perte.

Depuis Lucien Bouchard, puis Bernard Landry et maintenant André Boisclair, le PQ attend les conditions gagnantes, dans un souci de démocratie authentique à la René Lévesque. Mais les choses ont beaucoup changé et il faut comprendre qu'un regain de lucidité politique des Québécois est maintenant impossible. La stratégie de l'attente des conditions gagnantes est à présent non seulement inadéquate, mais aussi clairement dangereuse, car elle laisse agir le Canada.

Les médias québécois entretiennent soigneusement l'ambivalence de la population en banalisant systématiquement les nombreuses agressions fédérales, en cachant les coups fourrés, surtout en ne faisant jamais le lien des événements actuels avec ceux du passé.
Je le répète, les Québécois subissent un conditionnement qui les empêche de voir ce qui se passe. C'est pourquoi le comportement du PQ est dangereux.
Il faut forcer les choses, nous n'avons plus le choix, c'est une question de survie. Nous avons besoin de leaders courageux, et lucides. Il ne s'agit pas d'exacerber les confrontations, il faut contrecarrer le conditionnement canadian.

Pierre Bouchard

Escoumins
10 novembre 2006



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