Son niqab au Canada

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«Le Canada est un pays à l'envers, victime d'une entreprise de déconstruction par ses propres élites. Un pays devenu fou»





Justin Trudeau  vient encore de trouver le moyen de se démarquer.  Alors que le gouvernement conservateur portera devant la Cour suprême la question centrale de savoir s’il est légitime ou non de forcer une femme à se dévoiler et à retirer son niqab au moment de prêter son serment de citoyenneté (il croit naturellement que c’est légitime), Justin Trudeau s’en offusque et y voit une vexation des droits des minorités. On voit là s’exprimer dans sa forme la plus radicale l’orthodoxie multiculturaliste à la canadienne qui fonde le régime de 1982.


On s’indignera avec raison du fait que cette question, encore une fois, sera tranchée par les tribunaux, qui ne sont plus seulement un contre-pouvoir au Canada. Le gouvernement des juges, encore une fois, tranchera. Mais l’essentiel, ici, dépasse cette seule question. Nous parlons surtout de notre conception de ce qu’est un pays et de la représentation qu’il se fait de lui-même. A-t-il une culture à offrir en partage, ou se réduit-il à une association contractuelle d’individus porteurs de droits, chacun enfermé dans son monde, et étranger au monde qui l’entoure?


La dame en niqab arrive au Canada et veut y devenir citoyenne à ses propres conditions. Elle n’a manifestement aucune gratitude envers le pays qu’elle veut rejoindre. Elle n’en est toujours pas citoyenne et veut pourtant décider des règles qui présideront à l’acquisition de la citoyenneté. Elle ne respecte aucunement les règles de l’hospitalité, elle se croit aussi dans son bon droit de le faire, et elle trouve dans nos élites mondialisées et déculturées des gens pour appuyer son point de vue. Elle n’est même pas encore citoyenne et s’imagine déjà discriminée!


On devine les pleureuses s’indignant en chœur: cette dame ne se sentira pas la bienvenue ici. Il faut l’accommoder, non? Non. Si elle entend non seulement vivre en niqab, ici, et qu’elle arrive avec cette posture hostile à son pays d’accueil, elle n’a pas à se sentir la bienvenue, parce qu’elle ne l’est pas. Et son mari qui l’incite ou la force à le faire ne l’est pas non plus. Il est normal qu’il se sente mal à l’aise. Non pas parce que nous l’excluons, mais parce qu’il pratique l’auto-exclusion.


Un pays n’a certainement pas à se définir à la manière d’un bloc monolithique. Il n'a pas à se définir comme un bazar incohérent, non plus, comme l’empire du n’importe quoi. Dans un pays normal, la pression sociale ferait en sorte que de tels comportements seraient découragés. Pour s’intégrer au pays, il faudrait normalement envoyer un signal de bonne volonté et témoigner d’un désir d’intégration, en laissant de côté les pratiques culturelles qui sont le moins compatibles avec lui. En gros, dans les circonstances présentes: enlever son niqab. La dame devrait savoir qu’il heurte profondément les mœurs du pays où elle demande quand même de s’établir, elle devrait savoir qu'il symbolise une forme d'hostilité revendiquée à la société d'accueil.  Et surtout, elle ne devrait pas exiger de prêter son serment de citoyenneté avec lui.


Mais le Canada est un pays à l’envers, et une bonne partie des élites juridiques et politiques endosse un tel comportement antisocial, l’encourage et cherche à le fonder juridiquement au nom de la lutte contre les discriminations. Le Canada est un pays victime d’une entreprise de déconstruction par ses propres élites, qui s’imaginent que la moindre norme identitaire et culturelle substantielle imposée aux immigrants est le signe d’une tyrannie de la majorité. Le Canada est un pays devenu fou.




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