Lettre à Monsieur Juneau et Mme Verner

Sur la mémoire d'ici des Plaines d’Abraham

1759-2009 : la résistance


Monsieur, Madame,
Je vous entendais tantôt – l’un après l’autre - au sujet de cette Mémoire des Plaines, dans le cadre de l’émission du matin de Radio-Canada et ma réaction intérieure était : « Non mais!... ils n’ont rien compris!!! » Et non seulement ils n’ont rien compris et ne regrettent rien mais ils ratatinent dans la peur tout ce qui s'est passé depuis plus d'un mois! « Ce que je retiendrai » disiez-vous, Madame Verner, « c‘est que l’on aie tellement TERRORISÉ (!) les gens que la « BATAILLE » a du être annulée! » ou quelque chose de très ressemblant. Vous vous rendez compte! Mais, Mme Verner, VOUS n’avez cessé de faire peur au monde! Et vous, M. Juneau, non seulement vous avez aussi utilisé la peur comme sauf-conduit, mais vous y avez ajouté une sorte de manipulation de sentiments dans laquelle vous vous êtes attribué – avec un regard appuyé vers l'assistance - le beau rôle, je dirais parental : « Nous avions la responsabillité de protéger les familles et les enfants... ». Et lorsque je vous ai entendu ajouter : « J’espère maintenant que c’est fini-là! ». ça m'a rappelé le ton qu’utilise un parent agacé par ses enfants malcommodes, qui sont venus déranger ses plans... Ça ne fonctionne plus, M. Juneau. Vous n’avez pas affaire à des enfants turbulents que l’on retourne au coin! Et ce n'est pas fini!
Non mais!... Vous arrive-t-il de méditer? Faites-vous zazen parfois afin d’entendre ce qui se passe autour de vous et de décoder? C’est une qualité que n’importe quel politicien devrait être certain de posséder avant de se lancer en politique, Mme Verner!
Vos instances fédérales ont préféré une lecture démagogique de ces évènements qui vous a conduit à affirmer, M. Juneau, que si une poignée d’extrémistes n’avaient pas allumé la conscience des milliers d’autres protestataires, tout ce serait bien passé! Vous auriez pu vous amuser tranquille entre « grands »? Vous nous prenez pour quoi au juste??? Et tant mieux si cette poignée d’allumeurs de conscience a servi ici de « réveille-matin », vous savez, ce petit appareil qui nous permet de ne pas « passer tout droit »! Parce que, semble-t-il, nous sommes passé tout droit en 1999 alors que cette commémoration se serait bel et bien tenue sur les Plaines. Sur NOS plaines, là où peut-être l’un de vos ancêtres est resté.
Comme la peur vous aura été utile dans les circonstances, à vous deux et à M.Harper entre autres! Mais peut-être faudra-t-il laisser venir à votre conscience, quand vous ferez zazen, que la gêne, la honte, la peur et la culpabilité qui ont tellement servi dans l’asservissement et l'écrasement répétitif du peuple québécois vont un jour disparaître complètement. Ce n’est qu’une question de temps! Et c’est nécessaire. Et lorsque vous parlez de terrorisme, j’ai été surprise que vous ne dénonciez pas l’hurluberlu fédéraliste que nous avons vu s’émoustiller, s’égosiller et faire des menaces au groupe très calme d’opposants à la Reconstitution au bulletin de nouvelles d’hier midi - alors que la télévision radio-canadian ne présentait pas son comportement exemplaire au montage des nouvelles de fin de soirée! L’excès n’est jamais l’apanage d’un groupe, M. Juneau et Mme Verner... La violence non plus. Et il y a de ces excès subtils et pervers... et tellement destructeurs; nous n’avons qu’à nous remémorer le scandale des commandites!
Le mouvement de cœur que vous avez refusé de prévoir et de « sentir » chez les Québécois en préparant cette impudente commémoration, dites-vous bien qu’il ne disparaîtra pas comme par enchantement. Pour ma part, je souhaite que nous ayions de nombreux « réveille-matin » dans la Maison, et de nombreux allumeurs de réverbères autour, pour nous éviter de retomber dans le sommeil quant à notre mémoire, notre fierté et notre souveraineté nationales. Aucun de nous n’est issu d’une génération spontanée. Il y avait des gens avant nous qui nous ont fait ce que nous sommes et que nous devons honorer collectivement; et il y aura des gens après nous à qui nous devons apprendre le souvenir et le respect. Daniel Sibony, psychanalyste français, disait quelque chose comme : « il faut suffisamment de passé pour qu’il puisse y avoir un présent ». C’est ce à quoi je pensais tristement en lisant la réflexion (?) d’un jeune homme se disant de la génération X, et qui résumait la position de celle-ci : « le passé, who cares? ». Confort, indifférence et assimilation?
Ceux et celles d’entre-nous qui aiment la conscience, Monsieur Juneau et Madame Verner, feront tout en leur pouvoir pour empêcher le Fédéral de jouer dans nos plates-bandes pendant que nous dormons. Nous avons des vigiles! Et nous ne sommes pas des extrémistes terroristes!
À bon entendeurEs...


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé