Le chef du Parti travailliste britannique, Jeremy Corbyn, a présenté jeudi 21 novembre le programme très à gauche de son parti, promettant un changement radical et un nouvel accord de Brexit s’il gagne les élections du mois prochain. Le Labour prévoit, entre autres, une série de nationalisations et des milliards investis dans les services publics. Tout est « entièrement chiffré » et réalisable, assure M. Corbyn.
Sur le Brexit, question-clé du scrutin du 12 décembre, il promet de négocier un nouvel accord de sortie avec Bruxelles et de le soumettre au vote des Britanniques dans les six mois, lors d’un référendum qui leur offrirait aussi le choix de rester dans l’Union européenne (UE).
Le Labour est pour l’instant en deuxième position dans les sondages, loin derrière le Parti conservateur du premier ministre, Boris Johnson. Mais Jeremy Corbyn espère galvaniser les électeurs comme il l’avait fait lors du dernier scrutin en 2017.
S’exprimant depuis Birmingham, dans le centre de l’Angleterre, où il a présenté son programme, le chef de file des travaillistes a affirmé que le manifeste comptait « beaucoup de mesures populaires que l’establishment politique a bloquées depuis une génération ». Comme depuis le début de la campagne, il a répété ses attaques contre les riches et les puissants, affirmant qu’après neuf ans d’austérité sous les différents gouvernements conservateurs « le temps est venu pour un vrai changement ».
Parmi les nationalisations annoncées, celles d’une partie du grand groupe de télécommunications British Telecom (BT) afin de réaliser l’une des promesses les plus spectaculaires du parti : fournir le haut débit gratuit à tous. Le Labour veut aussi nationaliser ou renationaliser le rail, l’eau et la poste et injecter des milliards dans la santé, l’éducation et les transports.
Côté entreprises, le parti veut mieux représenter les salariés dans les conseils d’administration, et réduire l’écart de rémunération entre les plus gros et les plus petits salaires. Le Labour prévoit aussi de construire 150 000 logements sociaux ou à faibles coûts par an. Les impôts augmenteraient pour les cinq pour cent de Britanniques les mieux rémunérés.
L’organisme indépendant Institute for Fiscal Studies (IFS) évalue à 55 milliards de livres (64 milliards d’euros) par an les dépenses d’investissement prévues par le Parti travailliste, contre 20 milliards de livres par an pour le Parti conservateur. Les tories ont contre-attaqué en annonçant leur intention de réduire les impôts pour les plus bas salaires et de construire au moins un million de foyers en cinq ans.
Après le report à trois reprises de la date de sortie de l’Union européenne, Boris Johnson centre sa campagne sur la mise en œuvre du Brexit sans délai supplémentaire s’il obtient une majorité au Parlement lui permettant de faire voter l’accord de sortie qu’il a négocié avec Bruxelles.