Un expert indépendant de l'ONU a présenté ses excuses pour la publication de chiffres erronés sur l'immigration aux États-Unis lors d'une conférence de presse cette semaine, à Genève, et il a corrigé son affirmation selon laquelle plus de 100 000 enfants étaient détenus dans des centres américains pour migrants.
L'AFP et plusieurs autres médias ont dû retirer les articles rédigés à l'issue de cette conférence de presse. Le chiffre concernait le nombre cumulé de mineurs détenus au cours d'une année et non pas le nombre de mineurs actuellement détenus. Il portait par ailleurs sur l'année 2015.
Les retraits de ces articles ont suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux, les partisans du président américain Donald Trump, au pouvoir depuis un peu moins de trois ans, affirmant qu'ils avaient pour but de dénigrer sa politique migratoire.
Manfred Nowak, qui dirige une enquête de l'ONU sur les enfants privés de liberté, avait affirmé lundi devant la presse que les États-Unis étaient l'un des pays retenant le plus d'enfants dans ses centres pour migrants.
Au total, et maintenant je parle d'enfants avec leurs parents ou d'enfants ou mineurs non accompagnés, les États-Unis sont un des pays où les chiffres sont les plus élevés. Nous avons plus de 100 000 enfants détenus en lien avec l'immigration aux États-Unis d'Amérique
, avait-il déclaré.
Troublée par ce nombre semblant particulièrement élevé, l'AFP avait recontacté cet expert avant de diffuser ses dépêches afin qu'il le reconfirme.
Lors de cette conversation, Manfred Nowak avait indiqué à plusieurs reprises qu'il maintenait son chiffre, affirmant à l'AFP que le nombre total de ceux actuellement détenus était de 103 000
. Il avait ajouté qu'il s'agissait d'une évaluation prudente
basée sur les dernières données officielles disponibles, ainsi que sur d'autres sources très fiables
.
Mais 24 heures plus tard, l'ONU publiait un communiqué pour dire que les déclarations de Manfred Nowak avaient été dans une certaine mesure mal comprises
.
Le communiqué précisait que l'expert s'était appuyé sur des données compilées par l'agence de l'ONU pour les réfugiés pour 2015, pendant la présidence de Barack Obama.
Il ajoutait qu'il s'agissait de données cumulées et non pas du nombre de détentions à un moment précis de l'année.
L'AFP a de nouveau contacté Manfred Nowak, expert mandaté par l'Assemblée générale de l'ONU, afin de lui demander des explications. J'aurais dû être plus clair sur le fait que ce sont des données sur un an et qu'elles ont déjà trois ans
, a-t-il répondu.
Il y a eu manifestement un malentendu et je suis prêt à présenter des excuses pour cela... Je suis désolé
, a-t-il ajouté.
Contacté par l'AFP, le bureau des droits de la personne de l'ONU n'a pas fait de commentaire.
L'information d'origine étant totalement erronée et basée sur des données non pertinentes, l'AFP a décidé d'annuler ses dépêches sur le sujet.
Selon les chiffres officiels des services américains des douanes et des frontières (CBP), 76 020 mineurs non accompagnés ont été appréhendés à la frontière sud des États-Unis, celle qui les sépare du Mexique, lors de l'année fiscale 2019 (d'octobre 2018 à septembre 2019).
En outre, 473 682 personnes – enfants ou adultes – ayant franchi la frontière au sein d'une famille ont également été arrêtées, selon ces statistiques officielles. Il s'agit là aussi de données cumulées sur un an qui ne reflètent pas le nombre de personnes actuellement détenues.