Test des valeurs de la CAQ: fausses solutions à un vrai problème

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La libérale Doyon a un point : le test des valeurs de la CAQ ne sert à rien puisque le fédéral n'expulsera personne l'ayant échoué !

Après plusieurs mois de flottement, la Coalition avenir Québec a enfin couché sur papier sa vision en matière d’immigration. Sans surprise, un test de français et un test de valeurs sont au cœur du document qui prévoit aussi une baisse du nombre d’immigrants reçus pour le faire passer de 50 000 à 40 000.


Depuis tout le débat entourant la charte des valeurs québécoises, plus personne ne doute que l’immigration et l’identité sont des sujets polarisants. Les tenants du multiculturalisme et les défenseurs de l’identité québécoise s’opposent sur toutes les tribunes comme si leurs positions étaient impossibles à concilier.



Des vœux pieux qui resteront lettre morte


Le projet de la CAQ aurait pu être accueilli favorablement par une certaine tranche de la population. Mais voilà qu’il est impossible à appliquer. 


François Legault admet qu’il ne pourrait pas lui-même, s’il devenait premier ministre, forcer l’expulsion d’un immigrant qui ne réussirait pas à satisfaire les critères d’intégration fixés par la CAQ. Puisque, dans les faits, l’expulsion du territoire relève du fédéral, la Coalition avenir Québec lance la patate chaude dans les mains d’Ottawa. Comme on sait que le gouvernement fédéral n’expulse personne après un échec lors de l’ Examen de citoyenneté, cette mesure n’a pas vraiment d’intérêt.



Retourner le miroir


L’une des raisons mises de l’avant par la CAQ pour justifier sa proposition, c’est que la maîtrise du français est un gage d’une intégration réussie sur le marché du travail québécois. Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas.


Dans un reportage très intéressant réalisé par Radio-Canada en 2016, on souligne, par exemple, que plus de 23 % des immigrants économiques de langue maternelle française arrivés au Québec entre 2004 et 2013 n’y étaient plus en 2015. On ne parle pas là d’immigrants qui n’avaient pas de connaissance du français et qui ont quitté le Québec pour aller vivre en anglais. On parle bien d’immigrants de langue maternelle française.


Si la langue n’est pas au cœur du problème de rétention de la main-d’œuvre immigrante, comment expliquer ces départs ? Dans bien des cas, le problème émane directement de la société d’accueil. Parce que pour l’ouverture, au Québec on repassera.


Bien sûr, les entrepreneurs cherchent de la main-d’œuvre qualifiée prête à commencer à travailler rapidement. Mais les faits présentés pendant le récent congrès de l’ACFAS sont évocateurs. Quand vient de temps de choisir un candidat, celui qui porte un nom de Québécois pure laine a deux fois plus de chances d’être convoqué en entrevue que celui qui porte un nom maghrébin. Dans la région de Montréal, le « taux de discrimination » était d’environ 35 %. 


Alors, à qui la faute ? Est-ce qu’il faut concentrer tous les efforts sur l’intégration de l’immigrant, même celui qui parle déjà français ? Ou est-ce qu’il ne faudrait pas plutôt travailler avec les Québécois pour qu’ils prennent conscience du rôle qu’ils ont à jouer dans la réussite des projets d’immigration ?


Qu’on le veuille ou non, on a tous un regard sur l’autre qui est parfois teinté de méfiance, de jugement ou de xénophobie. On peut être convaincu de notre ouverture d’esprit et refuser fermement l’étiquette de raciste, mais on a tous des questions à se poser pour enfin offrir une chance réelle d’intégration à celles et ceux qui choisissent le Québec comme terre d’accueil.