Mathieu Boivin
Le Journal de Montréal
14/09/2007
- Même si elle est survenue il y a près de 250 ans, l'anniversaire de la mort du général anglais James Wolfe est souligné chaque année dans les pages de The Gazette.
En effet, une discrète notice a été publiée, hier, dans la rubrique nécrologique du quotidien montréalais, en mémoire du commandant en chef des forces britanniques décédé lors de la bataille des plaines d'Abraham.
Très brève, la notice se lit comme suit: «Wolfe, General James. Mort dans la ville de Québec, le 13 septembre 1759. Regretté (sadly missed).» Contrairement à la pratique habituelle, personne ne signe ce texte commémoratif.
Selon les gens des petites annonces de The Gazette, ce seraient des descendants du général Wolfe qui font paraître cette notice, chaque 13 septembre, depuis une vingtaine d'années.
«Ils s'ennuient de la Conquête».
Nous avons cherché à joindre ces parents pour mieux comprendre l'inusable chagrin de gens n'ayant jamais connu le défunt, mais ils ne sont «pas intéressés» à nous parler, nous a-t-on fait savoir.
Invité à livrer ses impressions, le président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal (SSJBM), Jean Dorion, a estimé qu'«il y a des gens nostalgiques de la domination anglaise dans la communauté anglophone et qui veulent faire savoir, fut-ce discrètement, qu'ils s'ennuient de l'époque de la Conquête».
M. Dorion fait remarquer que la parution de cette notice avait débuté en 1988, une année mouvementée marquée notamment par la controverse entourant la décision de la Cour suprême du Canada sur la langue d'affichage au Québec et l'incendie des locaux d'Alliance Québec.
«Tout ça a probablement inspiré à quelqu'un une nostalgie pour une victoire, parce que les tenants de la domination de l'anglais ont subi un certain nombre de revers cette année-là, a-t-il analysé. Il y a là une espèce de coïncidence.»
Le président de la SSJBM a toutefois relevé que la notice commémorative en l'honneur du général Wolfe n'était pas signée. «Ça veut dire qu'ils ne doivent pas être très forts, alors je prends ça avec flegme», a-t-il conclu.
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