Un bond, mais pas de catastrophe

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« À présent, une analyse en hôpital est donc suffisante pour poser le diagnostic. »


L’augmentation soudaine du nombre de Québécois infectés par le coronavirus n’est pas la catastrophe dont elle peut avoir l’air, selon des spécialistes.


Lundi après-midi, François Legault et son état-major ont annoncé que 628 individus avaient reçu un test positif, alors qu’on en rapportait 219 la veille, presque trois fois moins.


Une partie de ce bond est attribuable à un changement dans la méthode de calcul. Mais même en excluant cet élément, la hausse soudaine du nombre d’individus infectés n’est pas une surprise pour l’épidémiologiste Nimâ Machouf.


« On s’y attendait », a-t-elle indiqué à La Presse en entrevue. « Jusqu’au début d’avril, ça va augmenter de façon très rapide. »


Caroline Quach, pédiatre et épidémiologiste au CHU Sainte-Justine, a indiqué qu’elle n’était pas non plus surprise. « C’est lié au fait qu’on teste beaucoup plus », a-t-elle évalué, et que les résultats de plusieurs tests en retard viennent de sortir. Il ne faut « pas encore » s’alarmer.


Avec le délai d’apparition des symptômes, le délai pour obtenir un test et celui pour obtenir les résultats, les cas qui se sont ajoutés au bilan ont probablement été infectés il y a une dizaine de jours, explique la Dre Machouf, au moment où la situation commençait à être prise au sérieux.


« La directive pour les tests, c’est encore d’avoir des symptômes et une histoire de contact », a-t-elle souligné. À l’heure actuelle, des Québécois qui n’ont pas voyagé sont donc nécessairement infectés sans le savoir – et sans pouvoir passer de test pour le moment. D’où l’importance de respecter les demandes de la Santé publique et de rester chez soi, a-t-elle dit.


Hélène Carabin, de la Chaire de recherche du Canada en épidémiologie, a indiqué que plusieurs facteurs pouvaient avoir contribué à faire augmenter le bilan : « augmentation du dépistage et/ou plusieurs résultats disponibles d’un coup et/ou retour de nombreux voyageurs », a-t-elle décrit dans un courriel.


Nouvelle méthode


La Dre Machouf a souligné que la méthode de calcul avait aussi changé : de deux analyses de chaque échantillon, les autorités sanitaires sont passées à une seule, ce qui a fait subitement entrer des dizaines de personnes dans la catégorie des cas confirmés. À présent, une analyse en hôpital est donc suffisante pour poser le diagnostic. Le « saut dans le nombre de cas est donc en bonne partie dû à ce changement », a indiqué la Dre Carabin.


Nimâ Machouf se fait toutefois rassurante : « On ne va pas atteindre la courbe de l’Italie, parce qu’il y a eu des mesures très strictes assez rapidement. J’aurais préféré qu’on les prenne une semaine avant, mais ce qu’ils ont fait, c’est quand même très bien. »


La Dre Caroline Quach a souligné une autre raison de se réjouir. « Quand on regarde notre taux de mortalité, on est à 0,6 %, exactement comme la Corée du Sud, où ils ont testé beaucoup, beaucoup », a-t-elle dit au bout du fil. Une proportion « très basse ».




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