Un cercle vicieux

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Commission Castonguay


L'argument massue utilisé par le gouvernement depuis quelque temps pour justifier le fait qu'il n'a pas été en mesure de respecter ses promesses en santé est... le vieillissement de la population.



Pourtant, lorsque Jean Charest a fait de la santé sa priorité absolue pour l'aider à gagner les élections, il savait, ou aurait dû savoir, que les premiers milliards supplémentaires qu'il investirait en santé ne serviraient pas à améliorer le système mais plutôt à payer pour un plus grand nombre de gens âgés nécessitant de plus en plus de soins.
Le vieillissement de la population n'est pas un phénomène nouveau qui nous arrive comme un cheveu dans la soupe. C'est un phénomène connu depuis belle lurette. Il est vrai que le gouvernement libéral a investi au-delà de 4 milliards de dollars supplémentaires dans le réseau de la santé depuis son élection de 2003, mais les listes d'attente n'ont pas diminuées pour autant. C'est normal parce qu'il en coûte près de 1 milliard de plus par année simplement pour contrer les coûts supplémentaires engendrés par le vieillissement de la population. Et déjà que la Santé accapare au-delà de 40% des revenus totaux du gouvernement, qu'en sera-t-il dans 10 ans si on ne procède pas à d'importants changements structuraux? Donc, la prochaine fois qu'un politicien promettra de régler les problèmes d'attente dans les hôpitaux, il faudra lui demander s'il a pris en considération le coût exorbitant du vieillissement de la population avant de faire sa promesse.
En éducation, ce n'est guère mieux. Nos écoles tombent en ruine faute d'entretien. Les universités sont sous financées et les frais de scolarité sont les plus bas au pays. Et le ministère de l'Éducation accapare, quant à lui, près de 20% du budget total du gouvernement du Québec. Nous faisons face ici au même problème qu'en santé: le budget de l'éducation devra lui aussi être sensiblement augmenté année après année simplement pour se maintenir à flot. C'est un autre gouffre sans fond.
Changements en profondeur
Ajoutons à cela le fait que, selon les dernières statistiques, 50% des Québécois ne paient pas d'impôts et on en arrive à une constatation délirante: 50% de la population paie 100% des impôts, qui ne serviront bientôt qu'à défrayer nos dépenses en santé et en éducation si rien ne change. On est dans un cercle vicieux qu'il n'est pas facile de changer. Cependant, à moins de procéder dès maintenant à des changements en profondeur, il faudra peut-être d'ici 10 ans changer le nom du «Gouvernement du Québec» en celui de «Super ministère de la Santé et de l'Éducation» car il ne restera plus d'argent pour faire autre chose. Et ce n'est pas chose facile de faire des changements au Québec quand chacun tire la couverte de son côté et n'accepte que les changements qui ne les touchent pas. Ça prend une bonne dose de courage pour les politiciens tout d'abord d'admettre publiquement qu'il y a un problème, et ensuite, de proposer des solutions autres que de pelleter le problème par en avant.
Dans les dernières années, plusieurs personnalités ont essayé de proposer des solutions mais ce fut peine perdue. Leurs propositions ont vite été enterrées et plus personne n'en parle. Cette fois, on a demandé à Claude
Castonguay de proposer des solutions de rechange pour la Santé. Mais déjà, des voix s'élèvent justement pour contrer l'éventualité que le privé fasse partie de la solution. On tire sur le messager pour s'assurer que le message ne passe pas. Pour les opposants, la Santé doit demeurer totalement dans le giron public même si financièrement c'est une aberration. On peut ne pas être d'accord, mais la gratuité totale en santé et en éducation tire à sa fin. Et que ceux qui ne sont pas d'accord me disent d'où viendra l'argent dans les années à venir.
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Gaétan Frigon
Ayant occupé différents postes de direction dans le commerce de détail pendant près de 40 ans, notamment à la SAQ, l'auteur est aujourd'hui copropriétaire de plusieurs entreprises dont Publipage Inc.

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