C’est un événement marquant pour les militants et militantes de gauche, pour tous ceux et celles qui luttent dans les mouvements sociaux, le mouvement féministe, la jeunesse étudiante et les syndicats. Pour l’amélioration de leurs conditions de vie et pour la justice sociale.
Mais c’est également un événement marquant pour un Québec en mutation, aux prises avec des Libéraux, saboteurs de nos services publics, une opposition péquiste chantant les vertus de l’enrichissement personnel, et un nouveau courant de droite propulsé par les radios-poubelle.
Québec Solidaire est né dans un contexte de luttes sociales et de mobilisations contre le néo-libéralisme. En 1995, la marche contre la pauvreté des femmes dite « Du pain et des roses », organisée par la mouvance féministe, la grève illégale des infirmières de 1999, celle des étudiants de 2006. La politique du « déficit zéro » menée par le gouvernement péquiste de M. Lucien Bouchard, après l’échec du référendum sur la souveraineté de 1995, a provoqué « une rupture de ce qui restait de lien entre le PQ et une bonne partie de la base syndicale et du mouvement populaire. (Benoît Renaud, « Les défis d’une politique différente ”, A bâbord !, bimestriel, nº 14, Montréal, avril-mai 2006.)
Au plan international, le Québec avait été le théâtre de grandes mobilisations : en avril 2001, à Québec, quatre-vingt mille personnes manifestent contre la tenue du Sommet des Amériques visant à mettre en place le projet de Washington d’une Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) ; le 15 février 2003, environ deux cent mille personnes descendent dans la rue pour protester contre l’imminente agression américaine en Irak.
L’héritage de cette mobilisation sociale regroupée en partie autour d’Option citoyenne et de l’Union des Forces Progressistes a permis la création de Québec solidaire. Sa fondation a servi de catalyseur, et pour la première fois dans l’histoire contemporaine du Québec naissait un parti de gauche possédant un rayonnement beaucoup plus large que sa propre composition et qui allait jouer un rôle important sur la scène publique.
Le PQ, faussement présenté comme ayant un « préjugé favorable aux travailleurs » se faisait barrer le chemin sur sa gauche. De quel contenu social sera fait un Québec souverain ? La question dérange. Durant la même période apparaît le club politique Syndicalistes et Progressistes pour un Québec Libre (SPQ Libre) au sein du Parti québécois. Bernard Landry y voit une bonne façon de freiner l’attraction que constitue ce nouveau parti de gauche souverainiste. Comportant plus d’inconvénients que d’avantages, le SPQ Libre est dissous par Pauline Marois en 2010.
En 2008, Québec Solidaire aura accompli un exploit en faisant élire un premier candidat en la personne d’Amir Khadir dans Mercier. Il faut se rappeler les débats au sein de groupes ancêtres de Québec solidaire pour mesurer le chemin parcouru. Au sein de certains secteurs de la gauche au Québec, un courant s’opposait à la transformation en parti électoral. Si certains craignaient de perdre l’essence d’un mouvement militant, d’autres voyaient d’un mauvais œil la création d’un parti qui ferait compétition au PQ sur le terrain électoral.
L’arrivée d’un parti progressiste et souverainiste sur la scène électorale a en effet représenté une avancée majeure en ce qu’elle enlevait le monopole du PQ et permettait d’offrir des perspectives de changement social.
Québec Solidaire a choisi le chemin de la formation politique et des débats afin d’asseoir un programme qui servira de guide pour les prochaines années. Cela prend du temps, mais c’est un exercice nécessaire et fondamental. On ne peut battre un courant de droite dominant sans s’armer politiquement. En politique il n’existe pas de raccourci.
Après cinq ans d’existence Québec Solidaire a réussi à construire une réputation de parti militant, et présent dans les luttes sociales. Mais cela ne se transpose pas nécessairement en votes. Il reste encore des murs à briser. Il y a le vote utile ; pour défaire les Libéraux, il faut voter Parti québécois. Mais il y a aussi et surtout l’emprise du courant de concertation, qui croit pouvoir gérer la société en partenariat avec des gouvernements au service des entreprises. L’expérience nous a pourtant démontré que cette perspective nous a amenés plus souvent qu’autrement à céder notre rapport de force et nous a entraînés dans des défaites importantes.
Pour pouvoir briser ces murs, Québec Solidaire devra accroître sa présence en tant que courant politique agissant au sein des mouvements sociaux, du mouvement féministe, du mouvement syndical ainsi que du mouvement étudiant. Rassembler les aspirations militantes dans un projet politique de justice sociale, aider à la transformation du rapport de forces en rassemblant ceux et celles qui se réclament des idéaux de gauche pour se construire au coeur même de la résistance populaire, voilà le défi auquel Québec Solidaire doit continuer à travailler.
Québec Solidaire fête ses cinq ans d’existence le 5 février
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