Une attitude de plus en plus arrogante du côté du Fédéral

Faut-il se surprendre, dans un tel contexte, que des mouvements comme "Idle No More", du côté des peuples autochtones, fassent leur apparition? Absolument pas.

Actualité du Québec-dans-le-Canada - Le Québec entravé

Fidèle à son attitude déjà très arrogante sur toute une série de questions, que ce soit face aux Autochtones, que ce soit dans le dossier du contrôle des armes à feu, ou dans celui des coupes dans le programme de l'Assurance-Emploi, sans parler de ce qui se passe au niveau des programmes de coopération internationale, de la culture, et de la poursuite des politiques d'empiétement dans les domaines qui sont supposés relever de la compétence du Québec, voilà maintenant que le Fédéral en rajoute encore un peu plus avec sa volonté de vouloir désormais facturer les provinces chaque fois que l'armée canadienne interviendrait dans les cas de désastres naturels.
Cette approche, de la part du gouvernement fédéral, s'appuie sur une stratégie qui semble de plus en plus exclure toute possibilité d'ouverture ou de négociation avec ceux et celles qui ne sont pas d'accord avec lui. Sur une foule de dossiers, c'est un vrai dialogue de sourds et le Fédéral semble de plus en plus aller vers la confrontation ouverte. C'est dans la suite logique de toutes les autres politiques de ce même gouvernement, que ce soit en matière d'environnement ou de politique étrangère.
La question autochtone
Faut-il se surprendre, dans un tel contexte, que des mouvements comme "Idle No More", du côté des peuples autochtones, fassent leur apparition? Absolument pas.
Ce dernier développement, au niveau des plans du Fédéral, par rapport à l'utilisation future de l'armée canadienne, a immédiatement engendré une très forte réaction de la part du gouvernement du PQ. C'était un strict minimum. Au-delà de cette question spécifique, cela soulève des questions plus larges, notamment ici au Québec.
Du côté des peuples autochtones, on assiste, depuis peu, à un retour vers une plus grande radicalisation des stratégies de mobilisation ainsi que des revendications. Du côté du Québec, un nombre de plus en plus grand d'organismes populaires avait développé, avec le temps, un discours axé vers un rapatriement pur et simple des domaines de juridiction du Fédéral, vers le Québec.
Une telle approche découlait du fait que toutes les mobilisations des dernières années n'avaient donné que très peu de résultats face au Fédéral et que la situation, de fait, ne cessait de se détériorer sur chaque terrain de luttes. Un exemple : le dossier de l'Assurance-Emploi.
Maîtres chez nous
Tout cela rejoint en même temps, et jusqu'à un certain point, le discours du PQ, en faveur de ce que ce parti appelle la "gouvernance souverainiste".
L'idée de vouloir rapatrier toute une série de pouvoirs vers le Québec -- ce que les peuples autochtones revendiquent d'ailleurs de plus en plus aussi pour eux-mêmes -- mérite très certainement d'être appuyée. N'oublions pas de toute manière que le but même de l'indépendance pour le Québec est justement de rapatrier l'ensemble des pouvoirs pour nous-mêmes, de manière à justement être pleinement maîtres chez nous. De cela, il ne saurait y avoir de doutes.
D'où aussi l'importance d'appuyer la cause des peuples autochtones qui, de par ses propres buts, rejoint à maints égards notre propre combat.
Ce que tous et toutes et chacun devraient en même temps garder bien en tête est le fait que la seule véritable manière dont le Québec pourra s'assurer de véritablement récupérer l'ensemble de ces pouvoirs, sera de devenir indépendant. C'est d'autant plus vrai que les Conservateurs de Stephen Harper ont abandonné depuis déjà belle lurette tous leurs discours à propos de leur volonté de travailler main dans la main avec tous leurs autres vis-à-vis provinciaux, que ce soit au Québec, ou ailleurs au Canada.
Soulignons également le fait que l'actuel et principal aspirant à la chefferie du Parti libéral du Canada, Justin Trudeau, n'affiche guère plus d'ouverture sur ces mêmes questions que Stephen Harper, et s'affiche d'ailleurs, à ce sujet, comme un très digne successeur de l'héritage laissé par son père, Pierre-Elliot Trudeau. Quant au NPD, l'autre force majeure au Parlement fédéral, il a beau prétendre avoir une politique différente et parler de "fédéralisme d'ouverture" et de "fédéralisme asymétrique", tout cela jusqu'à présent ne semble être que des voeux pieux. Dans la réalité bien concrète, le NPD semble toujours vouloir tenir autant aux discours très centralisateurs. N'oublions pas non plus le fait que le NPD n'a jamais encore fait amende honorable pour avoir appuyé, au sein de l'enceinte du Parlement fédéral, la fameuse loi sur la clarté référendaire.
Pour une collaboration des forces souverainistes
Voilà aussi pourquoi tous les progressistes, ainsi que tous ceux et celles qui ont à coeur notre propre futur, devraient non seulement appuyer ces demandes de rapatriement, y compris pour les peuples autochtones, mais aussi user de leur propre influence, chacun dans leur milieu, pour pousser en faveur d'une meilleure collaboration et entente entre l'ensemble des forces souverainistes, pour effectivement relancer l'objectif d'indépendance pour le Québec.
S'il fallait uniquement s'en tenir à revendiquer le rapatriement de pouvoirs, sans profiter de l'occasion pour en même temps commencer à poser des gestes concrets visant à récupérer, au sein de l'Assemblée nationale, une claire majorité pro-souveraineté, alors on se tirerait dans le pied.
Cela reviendrait à s'en tenir à une stratégie très à court terme, sans aucune perspective à plus long terme pour effectivement réaliser un de nos objectifs les plus centraux, en même temps que de s'assurer qu'on puisse effectivement récupérer ces mêmes pouvoirs. On aura beau dire que cela prendrait, au départ, des conditions plus gagnantes (avant d'enclencher un processus pour la relance du combat souverainiste), mais si on n'a pas en même temps une stratégie claire pour justement réaliser ces conditions gagnantes -- ce qui est toujours le cas, malheureusement, du côté du PQ, sous le couvert justement de cette même stratégie de la gouvernance souverainiste --, alors on ne pourra pas vraiment avancer dans notre objectif.
Si on n'arrive pas, ultimement, à mieux arrimer les différentes stratégies mises de l'avant au sein du mouvement souverainiste, en mettant justement de l'avant ce qui serait susceptible de faire relativement consensus, alors on aura aussi un problème.
Personne ne veut devenir comme une poule sans tête, mais si on ne prend pas garde, tel n'en est pas moins le risque qui peut nous guetter, du côté du mouvement souverainiste, toutes tendances confondues.
Fédéral : de l'arrogance à l'isolement
Sur une note plus positive, plus le Fédéral s'entêtera à poursuivre ses politiques réactionnaires et arrogantes, comme c'est le cas actuellement, et plus cela démontra en même temps, ici même au Québec, chez un nombre de plus en plus grand de gens, l'urgence pour le Québec d'enclencher un tel processus vers la souveraineté.
Plus cela contribuera à isoler les autorités fédérales, non seulement au Québec, mais aussi ailleurs, chez nos alliés objectifs.
Sous peu, les travaux des États généraux du mouvement souverainiste devraient repartir, ce qui impliquera une nouvelle tournée à travers le Québec. Ce sera autant de lieux importants pour poursuivre ces débats. D'autres événements pourraient aussi avoir lieu du même genre. C'est à souhaiter­. Il faut profiter de chaque occasion pour justement soulever ces questions et oeuvrer, le plus possible ensemble, afin de trouver les bonnes réponses à ces mêmes questions.
***
Je conclurai ce commentaire en citant le maire de St Paul de la Croix, dans la région du Richelieu, monsieur Gérard Dutil, qui réagissait alors à l'annonce par le fédéral du fait qu'Ottawa pourrait désormais faire payer les provinces pour le travail effectué par l'armée canadienne lors de désastres naturels : " est-ce qu'ils vont (aussi) facturer les gens en Afghanistan quand ils vont aller faire les services en Afghanistan ? ..." C'est une manière assez percutante de réagir à toutes les conneries qui peuvent encore sortir de la bouche des Conservateurs, par les temps qui courent.
(*) André Parizeau est le chef du Parti Communiste du Québec (PCQ); ce texte est également accessible sur le site Internet : www.pcq.qc.ca .

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Chef du Parti communiste du Québec (PCQ), membre fondateur de Québec solidaire, membre du Bloc québécois, et membre de la Société Saint-Jean Baptiste de Montréal (SSJBM)





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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    11 janvier 2013

    C'est moi qui viens d'écrire le précédent commentaire. J'ai omis de signer.

  • Archives de Vigile Répondre

    11 janvier 2013

    Monsieur Parizeau,
    Voilà un positionnement qui me fait chaud au coeur. QS devrait faire de votre texte un communiqué officiel, bien que votre point de vue critique concernant le NPD ne soit pas de nature à inciter la direction de le faire...
    Cela dit, ce Canada où nous pataugeons s'est construit au détriment de ses minorités nationales : Canadiens-français/Québécois, Premières Nations et Acadiens. Je trouve incompréhensible qu'il n'y ait toujours pas d'alliance entre ces trois là. Sommes-nous tous aliénés à ce point pour ne pas être capable de nous unir un tant soi peu?
    Toujours un plaisir de vous lire

  • Archives de Vigile Répondre

    11 janvier 2013

    Les affreux "Bills" du gouvernement Harper, le Cowboy aux mains pleines de pétrole, ne sont pas passés dans la gorge des premières nations, comme cela était prévu. À mon sens, au Québec, nous avons été lents à réagir. (Serait-ce que notre gorge collective est devenue plus élastique et capable d'avaler passivement la plus grosse énormité antidémocratique depuis... la loi des mesures de guerre?)Pardon...
    Où sont les provinces, et en chef lieu le gouvernement Marois, qui prétend pourtant exercer "une gouvernance souvrainiste",lorsque le fédéral parvient ainsi à porter atteinte à nos compétences, notamment en matière d'environnement, avec ces bills omnibus et autres mammouth du genre.
    Le découpage législatif en matière environnementale, fondamentalement inproductif et dangereux, on le voit bien, isole des entités aussi indivisible qu'un écosystème ou un paysage. Pourquoi ce silence des provinces et du Québec en particulier sur des questions aussi vitales? Lorsqu'un gouvernement comme celui de Harper est au pouvoir à Ottawa, il importe que celles-ci exercent davantage de pression pour stopper l'excellent travail de bulldozer en cours.
    Remercions avec humilité les leaders des premières nations et la Chef Spencer pour leur initiative. Évitons par contre une récupération politique simpliste, sans toutefois mettre de côté l'évidence, qu'un Québec en pleine possession de ses moyens s'opposerait farouchement à la vision du Grand Chef Cowboy qui règne à Ottawa.

  • Archives de Vigile Répondre

    11 janvier 2013

    Je suis entièrement d'accord avec vous.Cela s'appelle
    être en action.