Selon un sondage CROP-La Presse, l’avance de Pierre Karl Péladeau dans la course à la chefferie du Parti québécois demeure fulgurante. S’il est vrai que la course se dirige encore vers un couronnement, elle n’est pas dénuée pour autant de quelques éléments étonnants.
Premier exemple: la résilience de l’option. Un peu partout, on entend dire que la souveraineté est une option «dépassée». Or, dans ce sondage, c’est tout le contraire. C’est en fait le positionnement clair de PKP sur le sujet qui, s’il était chef, fait grimper les appuis du PQ à 37 % contre 33 % aux libéraux et 18 % pour la CAQ.
L’avantage de la clarté
Que PKP soit de droite ou de gauche n’émeut pas les répondants. C’est la souveraineté – sa «marque de commerce» –, qui lui vaut un tel résultat. Cela ne va pas sans rappeler l’effet similaire en 1994 de la clarté de Jacques Parizeau. Sa promesse de tenir rapidement un référendum lui avait valu une majorité de sièges à l’élection.
Un sondage n’est évidemment qu’un instantané d’une opinion changeante. La prochaine élection n’étant qu’en 2018, bien des éternités politiques s’écouleront d’ici là. N’empêche qu’une telle adéquation entre la montée des appuis au PQ et la «marque de commerce» de PKP montre deux choses.
Une, que la souveraineté, malgré ses appuis minoritaires, prend du tonus lorsqu’elle est portée par une intention perçue comme étant claire. Deux, qu’à l’opposé de la clarté, le «flou» du PQ sur son option depuis 1996 démobilise le mouvement souverainiste et fait fondre ses appuis dans l’électorat.
Un appel au « rassemblement »
Deuxième exemple: contrairement à Pauline Marois qui s’y refusait, la plupart des candidats à sa succession reconnaissent l’incontournable nécessité de «rassembler» les souverainistes sous un projet commun. Qu’ils soient orphelins politiques, à Québec solidaire (QS) ou chez Option nationale (ON).
Martine Ouellet parle de forger des «alliances» avec ON et QS. En appui à Alexandre Cloutier, Véronique Hivon propose de «rassembler les forces autour d’un espace neutre de dialogue et de travail». PKP dit voir le rassemblement des «partisans indépendantistes» comme son «obligation».
Bref, le choc de la défaite historique du PQ aura eu au moins l’effet d’y faire comprendre l’urgence de reconstruire les ponts au sein même du mouvement souverainiste. Un mouvement terriblement affaibli par deux décennies d’un establishment péquiste obsédé par le pouvoir pour le pouvoir.
La suite des choses
Dès qu’il sera choisi par les membres à la mi-mai, le prochain chef aura un autre devoir pressant. Celui, en premier lieu, de reconstruire les ponts avec les autres candidats à la direction.
Si PKP hérite de ce devoir, la place qu’il fera entre autres aux Martine Ouellet, Alexandre Cloutier et Véronique Hivon – la responsable de M. Cloutier pour le «rassemblement des forces souverainistes» –, de même qu’à leurs idées, en dira déjà long sur sa capacité ou non à bâtir des ponts.
S’il réussit, toute main tendue par la suite à ce que j’appelle la «diaspora» souverainiste hors PQ, en sera d’autant plus crédible.
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