Ainsi, les ministres Christine St-Pierre et Laurent Fabius se félicitent d’une entente qui « accorde un traitement unique et privilégié aux étudiants français ». Encore faut-il rappeler que ce traitement existait déjà depuis 1978 et que deux tiers des étudiants français qui en bénéficiaient en sont dorénavant privés. Ils verront leurs droits de scolarité exploser de 300 %. C’est un recul que l’on ne devrait pas célébrer. La France en sort clairement perdante. Elle le sait, et cela laissera des séquelles dans la relation France-Québec.
Principale revendication québécoise : un meilleur accès pour les étudiants québécois aux grandes écoles [ENS, ENA, Polytechnique, Centrale...] ? Paris s’engage à mener une « action incitative afin que les étudiants québécois des autres établissements profitent des mêmes conditions que les étudiants français, tant en matière d’accessibilité que de droits de scolarité ». Autant dire qu’aucune action ne sera engagée puisque les étudiants québécois profitent déjà des mêmes conditions que les étudiants français : c’est le principe même de réciprocité qui anime l’entente depuis sa signature en 1978. Avoir formulé cette revendication était stupide de la part de notre gouvernement, la France ne peut rien faire de plus à ce sujet.
Une occasion ratée
Par contre, le gouvernement québécois aurait pu, lui, annoncer un certain nombre de mesures visant à lever les obstacles à la mobilité de nos étudiants en France, et dans le monde. Augmentation du budget de son principal outil de mobilité jeunesse (LOJIQ), création de bourses franco-québécoises, ouverture d’une maison des étudiants québécois à Paris — pour n’en nommer que quelques-unes. Rien de cela. À l’heure de la mondialisation, où la maîtrise de compétences internationales est cruciale pour tirer notre épingle du jeu, seulement 3 % des étudiants québécois partent en échange à l’étranger, contre une moyenne de 9 % dans les pays de l’OCDE. Le gouvernement Couillard ne semble pas du tout inquiété par la chose : notre jeunesse est bien chez elle, idéalement sans passeport.
Reste à voir si cette économie de « 30 millions » en sera vraiment une. J’ai déjà soutenu ailleurs que, d’un point de vue strictement comptable, l’entente de 1978 était rentable et qu’elle contribuait à la prospérité du Québec. La ministre St-Pierre fait le pari qu’une augmentation de 300 % des droits de scolarité n’influera pas sur l’achalandage d’étudiants français au Québec puisque « le Québec est attirant ».
Le temps le dira, mais il est indéniable que l’esprit de cette nouvelle entente le rend déjà « 300 % moins attirant ». Comme d’autres incuries de ce gouvernement, ce sont les villes/régions (Capitale nationale, Chicoutimi) qui paieront le prix fort. Montréal, comptant déjà une manne d’étudiants étrangers, sera épargnée. Les universités, elles, ne verront pas un sou de cette prétendue « économie ». Je prends ainsi le contre-pied de la ministre et je prédis que cette économie se traduira plutôt par un appauvrissement du Québec.
Cette entente marque assurément une triste journée pour la relation France-Québec, pour nos ambitions communes, et en particulier pour les jeunesses française et québécoise, qui en sont garantes.
ÉTUDIANTS FRANÇAIS
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