Coup de théâtre: Daniel Breton se joint au PQ!

Une vraie coalition, oui, mais pas une stratégie de désistement de perdants

Actualité indépendantiste

Pour une coalition avec un programme minimal commun, pas pour un compromis pourri
Je suis de ceux qui sont pour une coalition. Ce que j’ai toutefois lu ces deux derniers jours et entendu ne m’a pas plu, et c’est peu dire.
Il y aurait eu des discussions informelles entre des militants du PQ et de QS, mais en même temps, on se doit de considérer le récent communiqué de QS comme un aveu que ce parti n’entend pas créer une véritable coalition. QS est prêt à recevoir une offre du PQ, mais il appartiendra à ses membres d’en disposer. Ceux qui font du PQ l'ennemi principal ne voudront rien savoir, c'est certain. Idem du côté du PQ.
QS demanderait au PQ, et c’est ce que la rumeur dit, de lui laisser le champ libre dans une douzaine de comtés dans la région métropolitaine. En échange, QS pourrait accepter de se désister en région. À ma connaissance, personne n’a abordé la question d’un programme minimal commun.
Il s’agit là d’une stratégie de désistement, pas d’une coalition.
Si une telle stratégie advient, nombre d’électeurs péquistes refuseront de voter pour QS : plusieurs trouveront QS trop à gauche, pas assez souverainiste, voire les deux. Ceux-là resteront à la maison le jour des élections, avec le résultat que dans les comtés métropolitains, ce sera surtout la CAQ et le PLQ qui en profiteront. QS aura peut-être plus de députés, mais peut-être pas autant que le PQ aurait pu en récolter.
Quant au désistement de QS en région, parions que cela ne servira que peu au PQ : le soutien à QS est généralement anémique en dehors de la région métropolitaine. Quant on sait que 61% seulement des électeurs QS sont indépendantistes (dernier sondage Léger), on ne doit pas s’attendre à un transfert automatique des votes de QS vers le PQ. Dans les conditions actuelles, à savoir que le PQ risque de connaître une défaite historique, tout stratège quelque peu éclairé sait qu’une telle stratégie ne peut qu’aboutir à un mur, tant pour le mouvement indépendantiste que pour la gauche, et ce dans le sens large du terme.
Une stratégie de désistement, sans autre perspective, s’avère un compromis de dupes. QS avec quelques députés de plus, et avec un PQ qui ne ferait pas le plein? La belle affaire. On risque de se retrouver avec un PLQ aux commandes pour quelques années supplémentaires avec une CAQ comme opposition officielle, ou vice versa. Ce n’est pas ce que j’appelle une formule gagnante-gagnante, et globalement, ce ne le serait pas pour le Québec compte tenu des forces fédéralistes de droite en présence.
***

Si on souhaite une coalition, alors il faut en faire une qui en vaille la peine. Cela nécessite une plate-forme minimale commune qui soit indépendantiste et qui en soit une d’État. Pour la gouvernance, à proprement parler, bien des éléments des programmes des deux partis sont compatibles : ressources naturelles, santé, démocratisation des institutions, lutte aux réformes réactionnaires du gouvernement Harper, chambre des régions, constitution, etc. On s’assoit, on négocie et on s’entend sur ce qui unifie, surtout sur ce qui contribuera à ratisser le plus large possible. Avec un programme minimal commun, oui on peut alors songer à discuter de désistements stratégiques. Et oui on peut espérer obtenir un appui populaire qui irait au-delà d’une banale et suicidaire stratégie basée uniquement sur le désistement de l’un ou de l’autre. Surtout, advenant une prise du pouvoir par le PQ, l’entente pourrait faire en sorte que QS puisse participer au gouvernement. Programme commun oblige. En même temps, on s’entend pour laisser la députation de l’un et de l’autre voter comme bon il l’entend sur des questions qui ne seraient pas incluses dans le dit programme commun. Pas facile à faire, et il faut une saprée maturité politique pour y arriver. Le résultat, en termes électoraux, pourrait ne pas être à la hauteur des attentes, mais il pourrait cependant l’être.
Et il y a Option Nationale. Le nouveau parti se situe à la gauche de l’échiquier politique, mais il est en même temps résolument indépendantiste. Il faudra aussi l’inclure dans une éventuelle coalition, mais son influence est pour le moins marginale en ce moment. Jean-Martin Aussant en est conscient, mais son apport pourrait s’avérer pertinent lors de discussions sérieuses, notamment en matière d'éducation et de gestion des ressources naturelles. Aussant au gouvernement? Pourquoi pas, s'il se fait élire?
Duceppe arrive, et voilà que tout peut changer. S’il s’installe aux commandes, cela nuira à la CAQ et aussi à QS. L’idée de former une coalition basée uniquement sur un désistement mourra au feuilleton, c’est certain. Quant à une coalition intelligente avec plate-forme minimale commune, j’estime qu’il faudra l’évaluer sérieusement avant de la jeter aux oubliettes. Pour ma part, je crois que l’on se doit de développer des alliances dès aujourd’hui au lieu de poursuivre dans une voie partisane qui fermerait la porte à l’idée de « faire de la politique autrement ». Cependant, je ne crois pas que Duceppe soit tenté d’expérimenter cette voie advenant des sondages qui lui seraient nettement favorables.
Daniel Breton se joint au PQ
C'est confirmé : Daniel Breton, de Maître chez nous 21e siècle, sera de l’équipe du PQ. L’homme est peu connu, mais j’avoue que c’est un coup fumant. Pauline Marois me surprend, et c’est tout à son honneur.
En matière d’environnement, notamment en ce concerne le développement durable de nos richesses naturelles, le PQ ne pouvait trouver mieux. Daniel Breton a été candidat du NPD en 2008, un parti dont il est toujours membre. Pour l’avoir entendu dans des assemblées des Intellectuels pour la souveraineté en juin dernier et du Nouveau mouvement pour le Québec a la fin de l’été, je peux affirmer que l’homme se qualifie pour jouer dans les ligues majeures. Ceux qui l’on entendu savent ce que je veux dire : tant par le contenu que par sa verve, il galvanise, rien de moins. Ceux qui doutent de sa foi souverainiste-indépendantiste et qui s’apprêteraient à lui tirer des plombs, je leur dis ceci : prenez le temps de l’écouter pour vérifier ce qu’il a dans le ventre. Le moins que l’on puisse dire est que sa décision de se joindre au PQ est un coup dur pour QS. En voilà un qui saura mettre à mal le Plan Nord de Charest, l’extraction du gaz de schiste et tout le tralala.
Rebello quitte le PQ pour la CAQ pour discuter d’environnement avec les affairistes? Bon débarras. Breton fera cent fois mieux que cet opportuniste patenté qui aime serrer la main aux candidats du parti républicain américain.
Je souhaite seulement que Duceppe, s’il prend la tête du PQ, saura mettre en évidence ce combattant de terrain hors-pair qu'est Daniel Breton. Qu’il laisse de côté ses rancunes, c’est tout ce que je demande.
Ça brasse et ça va continuer de brasser. La partie est loin d’être terminée. Les troupes ennemies sont aux portes de Moscou? Oui, mais dans l’arrière pays on se prépare pour la riposte.


Laissez un commentaire



6 commentaires

  • Marcel Haché Répondre

    20 janvier 2012

    @ Pierre Cloutier( si le wesmestre le permet)
    Je vous lis avec intérêt. Je crois que nous sommes l’un et l’autre chacun à un bout du spectre politique de l’indépendantisme. Il ne m’est jamais venu à l’idée que vous étiez un adversaire et encore moins un ennemi de l’indépendance. Si peu de choses nous séparent. Pauline Marois ? Voyons donc ! Gilles Duceppe n’a plus aucune chance d’être Celui capable de faire avancer notre idéal. Sauvez les meubles peut-être ? Même pas. Je suis de cet avis là : même pas…
    Alors, et même si Pauline Marois a une côte très aride à remonter, si elle la remontait et parvenait au Pouvoir, qui alors serait capable de vous faire taire, de me faire taire, de faire taire tant d’autres qui espèrent comme vous et moi ? Pauline Marois ? Mais voyons donc ! Re-voyons donc !
    Dans ce creux de temps qui est le nôtre, l’indépendance devient à l’ordre du jour…

  • Christian Montmarquette Répondre

    20 janvier 2012

    «Un honneur pour le PQ et un déshonneur pour Québec Solidaire..»
    «Daniel Breton de Maître chez nous 21e siècle, sera de l’équipe du PQ. L’homme est peu connu, mais j’avoue que c’est un coup fumant. Pauline Marois me surprend, et c’est tout à son honneur» - Michel Gendron
    C'est un déshonneur et une honte nationale quand Québec Solidaire accepte une candidate qui n'a été qu'une simple employée au NPD... Mais c'est un honneur quand une girouette du NPD se présente pour le PQ...
    Les péquistes n'en sont pas à leurs premières contradictions!
    Risible...
    Depuis le temps que je le connais et que je le regarde aller celui-là...
    ..Verts.. UFP... NPD... NMQ..
    Et maintenant.. PQ !
    - Breton est à tout et son contraire.
    Mais surtout, et à l'image des péquistes et de Pauline Marois, Daniel Breton n'a qu'une seule conviction :
    - Son plan de carrière !
    Il ira rejoindre son émule Scott McKay, que la direction péquiste a rentré de force dans la gorge de l'association de l'Assomption, pour déloger un véritable indépendantiste, Jean-Claude St-André.
    Christian Montmarquette
    QS-Montréal

  • Archives de Vigile Répondre

    20 janvier 2012

    Message à Marcel Haché
    Tout ce que vous dites est intéressant, mais pas avec PAULINE MAROIS.
    Pas avec Pauline Marois, monsieur Haché.
    Est-ce clair ou faut-il le répéter des centaines de fois?
    Elle ne passe dans la population et sa prétendue gouvernance souverainiste ne passe pas chez les indépendantistes.
    Alors, oubliez cela.
    Pauline part et l'espoir renaît. Elle reste et c'est le mur pour le PQ.
    Amen
    Pierre Cloutier

  • Rhéal Mathieu Répondre

    20 janvier 2012

    Daniel Breton n'a jamais souhaité ni parlé d'une coalition.
    À ma connaissance, il a toujour parlé d'un PACTE électoral. C'est très différent.
    http://www.tagtele.com/videos/voir/73448
    Dans ce vidéo, à 12:58, il dit :
    « Ça veut dire qu’il faut qu’on s’assoie, qu’on travaille ensemble pour se faire un PACTE, qu’on soit Péquiste, Solidaire, Indépendant, pour dire : La prochaine élection-là, c’est le Maîtres chez-nous Phase 2, c’est-à-dire, dehors la corruption, puis là, on reprend le contrôle de notre avenir énergétique. La Phase 2 du Maîtres chez-nous... la Phase 2 du Maîtres chez-nous c’est l’indépendance énergétique, qui mène à l’indépendance économique, qui va mener, après, à la Phase 3, qui va être quoi selon vous ? Réponse de la foule : "L’indépendance du Québec." Et voilà ! »
    Rhéal Mathieu.

  • Archives de Vigile Répondre

    20 janvier 2012

    M. Gendron.
    Depuis le temps que vous espérez et suggérez une véritable coalition entre Q.S. et le P.Q., sans succès, vous pourrez espérer avec moi qu’advenant l’élection du P.Q. au gouvernement, avec Pauline Marois—le putsh de Gilles Duceppe ayant déraillé—un gouvernement d’Union Nationale puisse se former en forme d’union sacrée d’indépendantistes « dans » un gouvernement provincial. Il faut bien commencer une révolution quelque part.
    Une coalition par le haut, c’est-à-dire alors un conseil des ministres élargi, réceptif à la venue d’indépendantistes et de souverainistes de tous les autres horizons, (ben oui, incluant Vigile), une telle coalition serait plus facile à réussir, et serait garante du succès d’une opération qui vous tient, et qui nous tient à cœur.
    Car, dans « l’Équipe du Tonnerre », les rouges de jadis, qui n’existent plus maintenant chez le P.L.Q. cette équipe était une coalition de gens bien différents, souvent même opposés dans le spectre « social ».C’est cela qui avait été suffisant pour réunir tout un peuple—Nous—en faveur de la nationalisation de l’hydro. Une véritable Coalition, ce n’est pas une chorale, en bas, ou tout un chacun discute comment interpréter une partition.
    Je rêve, évidemment.

  • Archives de Vigile Répondre

    20 janvier 2012

    Daniel Breton est ouvertement fédéraliste. PQ et CAQ, blanc bonnet bonnet blanc. Coalition pour l'avenir de Marois et Coalition pour l'avenir de Legault. Rip Québec. Charest doit se bidonner. Moi je commence aussi à me bidonner
    Mieux vaut en rire.