Universités - L’argent sera-t-il au rendez-vous?

Les libéraux doutent de l’existence des 600 millions promis par le PQ

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Financement des universités

14 décembre 2012 | Lisa-Marie Gervais | Éducation

La seconde rencontre thématique du Sommet sur l’éducation s’est amorcée dans un climat d’inquiétude : celle de nombreux acteurs du milieu de l’éducation devant les compressions, et celle des libéraux qui accusent le gouvernement de mentir en faisant une promesse d’argent qui n’existe pas.
Pour adoucir la controverse entourant les coupes budgétaires de 125 millions exigées aux universités, le ministre de l’Enseignement supérieur, Pierre Duchesne, a évoqué à plusieurs reprises cette semaine qu’il avait une « réserve » d’environ 600 millions, soit une provision qui découle de l’annulation de la hausse prévue par les libéraux. À cette somme devait s’ajouter le réinvestissement d’un milliard, prévu pour la période allant de 2012-2013 jusqu’en 2019, inscrit au dernier budget du gouvernement Charest.
Les libéraux contestent la lecture de ces chiffres en alléguant, d’une part, que le réinvestissement est déjà amputé des compressions exigées par le ministre et des sommes en moins, vu l’annulation de la hausse, et d’autre part, que la « réserve » de 600 millions n’est pas « provisionnée ». « Ils peuvent aller le chercher n’importe où, ils peuvent couper la santé et la recherche, mais ce qui est important de savoir, c’est que ce 600 millions dont ils parlent n’existe pas », a déclaré le porte-parole de l’opposition libérale en matière d’enseignement supérieur, Gerry Sklavounos.
Pressé de questions dans un point de presse, le ministre Duchesne a confirmé que ces chiffres étaient bien réels. « Il y a un réinvestissement universitaire prévu sur 7 ans et il y a une réserve aussi. Alors, c’est un milliard dans le cas du réinvestissement sur 7 ans et un peu plus de 600 millions sur cette réserve », a confirmé le ministre. Le Sommet servira à décider à quoi servira cet argent, a ajouté le ministre, qui convient qu’il aurait aimé que le budget arrive après le Sommet.
Le ministre n’a toutefois pas été en mesure de préciser d’où proviendront ces sommes. « On est ouverts à des discussions sur les crédits d’impôt, on est ouverts à l’indexation; est-ce que ce sera indexé aux droits de scolarité et au coût de la vie ? On verra », a dit le ministre.
Au sujet de la provision de 600 millions, on laisse entendre qu’elle serait conditionnelle à une entente entre le gouvernement et les participants au Sommet. « Ça va faire l’objet de discussions, et si on s’entend, l’argent sera au rendez-vous », a dit Christyne Tremblay, sous-ministre à l’Enseignement supérieur, répondant aux questions des journalistes.
Quant aux compressions de 124 millions, le ministre Duchesne a rappelé que c’est pour respecter la loi sur l’équilibre budgétaire pour 2013-2014. « Est-ce qu’on redéfait la loi pour dire qu’on ne va pas atteindre l’équilibre ? Non. On a décidé d’être responsable, c’est ce qui explique l’année difficile et après on va aller vers des propositions qui vont nous permettre de confirmer le réinvestissement », a-t-il expliqué.
Ambiance animée
Cette deuxième rencontre thématique, portant sur l’accessibilité aux études, s’est amorcée par une soirée de conférences pour mettre la table. Bien connue pour ses études et ses réflexions sur l’accessibilité, Valérie Vierstraete, professeure à la faculté d’administration de l’Université de Sherbrooke, a fait valoir que l’accessibilité aux études n’était pas qu’une question de droits de scolarité. « Ça passe aussi par l’accès des enfants dans les CPE et [en essayant d’]éviter le décrochage au secondaire le plus possible », a-t-elle soutenu. Elena Laroche, directrice des études et professeure à la TELUQ, a quant à elle parlé des défis de l’accessibilité, tandis que l’économiste Pierre Fortin a livré un exposé très concret en proposant plusieurs scénarios d’indexation. Des étudiants ont répliqué en soutenant que l’endettement n’avait rien de bon et qu’il pouvait, au final, avoir un effet dissuasif sur le fait d’entreprendre une carrière universitaire.
L’indexation, position prônée ouvertement par la première ministre Pauline Marois, ne plaît d’ailleurs pas à la Fédération étudiante universitaire (FEUQ). « Ce n’est pas la voie à suivre. On va mettre l’emphase sur l’endettement étudiant. La question de l’aide financière semblait aussi être une panacée, alors que ce n’est pas le cas. Il va falloir amener des faits et des chiffres », a indiqué Martine Desjardins, présidente de la FEUQ. « Il va aussi falloir se demander à quoi ça sert, les études universitaires. Là, on débat sur les droits de scolarité et ne se demande même pas si c’est pertinent d’avoir autant de monde à l’université. Mais si oui, faisons tout en notre pouvoir pour en avoir plus. »
Mme Desjardins a admis que cette deuxième rencontre avait débuté moins rondement que la précédente il y a deux semaines, et qui portaient sur la qualité de la formation. « C’était moins “bon-enfant”, on l’a entendu dans les questions et même dans les réponses, on sentait la réaction de la salle », a commenté la présidente de la Fédération étudiante universitaire au terme de cette première journée de la rencontre thématique, portant sur l’accessibilité. « Avec les compressions, j’ai l’impression qu’il y va y avoir des messages qui vont passer. On espère que ça va rester sur l’accessibilité, sinon, il y aura un risque de dérapage. »


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