Violences xénophobes au pays de Nelson Mandela

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L'ANC a plongé le pays dans le chaos


Depuis plusieurs années, l’attention des médias est centrée sur l’exode vers l’Europe à travers la Méditerranée de migrants africains. Ce flux migratoire a provoqué une réaction de rejet dans plusieurs pays dont l’Italie et l’Allemagne. 


Une autre vague de migrations africaines, dans la direction opposée, cause maintenant aussi des tensions et des violences. La fermeture de l’ambassade d’Afrique du Sud au Nigéria braque les projecteurs de l’actualité de ce côté. 


Depuis une dizaine de jours, des foules en colère à Johannesburg et ailleurs en Afrique du Sud s’attaquent à des migrants africains, en particulier du Nigéria, et pillent des magasins leur appartenant. Selon la police, qui a procédé à des centaines d’arrestations, au moins une quinzaine de migrants ont été jusqu’ici tués dans ces troubles. 


En 2008, une flambée de violences semblables à l'égard de migrants africains avait fait plus de 60 morts. En 2015, des désordres dans les villes de Johannesburg et Durban avaient coûté la vie à sept personnes, alors que des migrants africains étaient pourchassés et attaqués dans les rues. Les attaques avaient pris une telle ampleur qu'un terrain de football de Durban avait été transformé en camp de réfugiés pour accueillir des migrants africains ciblés par la campagne «afrophobe». 


Outre le Nigéria, des migrants du Zimbabwe voisin en voie de désintégration économique, du Mozambique et du Lesotho étaient particulièrement ciblés. On estime à près de 4 millions le nombre de migrants africains dans le pays pour une population de plus de 56 millions. 


Le principal parti de l'opposition sud-africaine, l'Alliance démocratique, reproche au parti au pouvoir, l'ANC, d’attiser la violence xénophobe. La ministre sud-africaine du Développement social, Lindiwe Zulu, a déclaré à la BBC que les émeutiers reprochaient à ces étrangers de prendre leur emploi. 


Même si l’Afrique du Sud suscite envie et convoitise ailleurs sur le continent, le pays est confronté à de graves difficultés avec des niveaux élevés d'inégalité et de pauvreté. Sa performance économique actuelle est médiocre, avec un taux de chômage de plus de 27 %. 


Les systèmes de justice pénale et de sécurité publique sont embourbés dans l'inefficacité et la corruption. 


Conséquence: le pays a un taux extrêmement élevé de meurtres, d’agressions, de viols et d’autres crimes violents


En 2016, l’Afrique du Sud avait le quatrième taux d’homicide féminin le plus élevé des 183 pays répertoriés par l'Organisation mondiale de la Santé. 


Selon une étude des Nations-Unies, l’Afrique du Sud a l’un des taux de viols par 100 000 habitants les plus élevés de la planète. 


Le pays est actuellement ravagé par une épidémie de SIDA.  


Soixante pour cent des personnes infectées par le VIH sont des femmes. Les gouvernements successifs de l’ANC ont longtemps refusé de connaître la réalité de la maladie, ont tenté de la minimiser ou l’ont tout simplement ignorée. 


Jusqu'en 1994, l’Afrique du Sud était dirigée par un gouvernement suprémaciste blanc, qui imposait l'apartheid, la séparation des races. La passation du pouvoir au leader de l’African National Congress (ANC) Nelson Mandela, représentant la majorité noire, s’est faite sans violence. Son rôle en faveur de la réconciliation et l’égalité entre les humains lui a valu un Prix Nobel. Il aurait pu devenir un dictateur mégalomane et accapareur, comme c’est arrivé dans le pays voisin, le Zimbabwe, où Robert Mugabe, héros de la libération comme Mandela, est devenu un tyran fou avant d’être chassé du pouvoir. Mandela s’est révélé un leader honnête, avisé et compétent. Rares sont ceux qui ont fait une telle unanimité comme on a pu le constater à ses funérailles en 2013. 


Les successeurs de Mandela n’ont pas suivi dans ses traces. Ils ont été incapables de gérer les graves difficultés auxquelles le pays est confronté. Ils les ont même aggravées par des politiques malavisées marquées par une kyrielle d’affaires de corruption et de divers autres scandales.  


L’ANC fait face actuellement à une baisse énorme de popularité. Mamphela Ramphele, une compagne de lutte de Mandela, emprisonnée 7 ans pour son opposition à l’apartheid, a accusé les dirigeants de l’ANC d’être responsables d’un échec massif de gouvernance : « Notre pays, dit-elle, a perdu l’autorité morale et le respect international, dont il jouissait quand il est devenu une démocratie». 


Malgré tout, s’établir en Afrique du Sud demeure le rêve d’un très grand nombre d’Africains.




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