Visite royale : le bilan que j’en trace

Visite royale au Québec - juillet 2011 - William et Catherine


Depuis le 3 juillet, je lis tout ce qui se dit sur notre action contre la visite du couple royal. J’essaie depuis d’établir le post-mortem le plus honnête possible. À mes yeux, plusieurs éléments sont très positifs, et d’autres, un peu moins.
Tout d’abord, il est clair qu’on a gagné la première manche. Grâce au Réseau, le message à l’effet que la monarchie n’était pas la bienvenue au Québec a été très largement diffusé, ici au Québec, mais également partout à travers la planète, et ce, des semaines durant. Nos porte-parole ont expliqué en long et en large les raisons politiques et historiques qui justifiaient notre condamnation de cette couronne britannique. Avec efficacité, nous avons relayé nos messages. En prime et toujours grâce à nous, on a discuté de la cause indépendantiste partout à travers le monde. Cela est très positif.
Grâce au Réseau et aux militants indépendantistes, les représentants royaux et leurs alliés n’ont pas pu faire ce qu’ils voulaient chez nous. Ils ont dû se barricader, tenir les citoyens à l’écart, même si c’étaient pourtant eux qui payaient la « fête ». En termes d’image, cela n’était pas bon pour les fédéralistes, le Canada et la couronne d’Angleterre. Cela aussi est un succès pour le mouvement indépendantiste.
La trouvaille de l’avion qui traînait une banderole sur laquelle était inscrit « Vive le Québec libre ! - RRQ » était particulièrement appropriée. Grâce à cela, nous avons pu pénétrer le périmètre de sécurité ; l’effet fut intéressant dans les médias. Un autre élément positif.
Tous doivent également admettre que le tintamarre que nous promettions a bel et bien eut lieu et qu’il était fort bruyant. Les journalistes l’ont bien noté. Grâce à de l’équipement efficace, nous nous sommes même fait entendre jusque sur la tribune « d’honneur », ce qui était l’objectif que nous nous étions fixé.
Au bout du compte et parce que les militants indépendantistes sont descendus dans la rue, à Montréal et à Québec, l’honneur du Québec a été sauf. Ça aussi c’est très clair à mes yeux. S’il eut fallu que la presse internationale rapportât exclusivement que le Québec réserva un accueil chaleureux aux représentants de la couronne d’Angleterre, il est clair que le blason du Québec en aurait été fortement entaché. Les patriotes d’Edimbourg et de Belfast, pour ne citer que ces deux villes-là qui demeurent sous le joug de la couronne d’Angleterre, n’auraient pas été fiers de nous. Et ils auraient eu raison de ne pas l’être.
Si ce n’avait été du Réseau, rien de réellement significatif n’aurait été organisé pour contester la visite du prince, c’est l’évidence même. C’est le Réseau qui a enclenché le mouvement de contestation, même les plus malhonnêtes l’admettront. Sans nous, le maire Red-Bull, Jean Charest et Stephen Harper auraient ainsi remporté la partie sur toute la ligne. Mais grâce à nous tous, ce ne fut pas le cas. Il faut s’en réjouir.
Bien sûr, les médias ont par la suite tenté de diminuer la portée de notre action, en réduisant le nombre de manifestants présents dans les rues de notre Capitale nationale par exemple. Nos décomptes nous permettent de dire que nous étions plus de 500 personnes présentes dans les rues le 3 juillet dernier. Ce n’est pas rien. Tellement de bruit a été fait dans les médias à l’effet que les forces de sécurité seraient omniprésentes qu’il est clair que bien des personnes ont été découragées de participer à la manifestation que nous organisions pour la dignité, la justice et la liberté. Même si notre message recevait l’appui d’une majorité de Québécois, le discours du « law and order » nous a compliqué la tâche lorsque est venu le temps de faire descendre les gens dans la rue. Mais dans les circonstances, nous nous en sommes fort bien tirés malgré tout. Rares sont les organisations qui auraient pu en faire autant en ce qui a trait à la mobilisation.
Le 3 juillet, preuve plus éclatante que jamais nous a été donnée que les médias ont un agenda qui va à l’encontre des objectifs du mouvement indépendantiste. Des semaines durant, on nous a vendu le couple royal comme on vend du papier de toilette, du savon à vaisselle, du détergent ou je ne sais quoi encore. À coups de reportages, on devait nous vendre l’amour pour ce petit couple à la mode qui n’a rien à voir avec le Québec et qui représente une institution coupable de crimes contre l’humanité. Un jour ou l’autre, il nous faudra très sérieusement nous atteler à la tâche consistant à libérer la parole indépendantiste. Des médias indépendantistes, il nous en faudra si nous espérons obtenir cette victoire finale tant espérée.
Le volet « désobéissance civile » a par contre beaucoup moins bien fonctionné, je l’admets bien honnêtement.
Les circonstances permettaient difficilement d’y recourir, c’était tout un défi.
D’abord et avant tout parce que nos appels à la mobilisation s’adressaient aussi aux gens ordinaires, et pas seulement aux militants. Pour les rassurer eu égard aux inquiétants dispositifs de sécurité qui étaient en train d’être érigés par les forces de l’ordre, nous avons dû dire et redire que l’événement serait pacifique. Au fil des entrevues, on établissait de plus en plus fermement cette ligne. Puisque nous sommes des gens de parole, les Québécois nous ont crus. Et plusieurs sont descendus dans la rue à nos côtés ; environ la moitié des gens présents à la manifestation n’était pas des militants. Des citoyens non-militants ont de ce fait côtoyé des militants aguerris afin de dénoncer cette visite royale. Cela modifiait considérablement le scénario.
Ce qui fait que dans la foule, on retrouvait des femmes, mais également des bambins de 5 ou 6 ans, et même des nourrissons. Lorsque nous avons réfléchi à la possibilité de forcer le périmètre de sécurité, faisant ainsi acte de désobéissance civile, j’ai pensé aux enfants, et je n’ai tout simplement pas pu donner la consigne de marcher contre la ligne policière. Si je l’avais fait, il est certain que l’escouade anti-émeute aurait matraqué cette foule composée également des enfants de parents qui nous faisaient confiance.
La prochaine fois, je m’assurerai que les opérations de désobéissance civile soient organisées d’une façon qui nous permettra d’éviter de tels risques.
Tout ça pour dire que je demeure malgré tout très heureux du bilan final de cette opération. Notre service de communication a fort bien fonctionné. Notre travail de terrain aussi. Reste à peaufiner nos stratégies dites de « désobéissance civile », ce que nous ferons. La prochaine fois – car il y aura bien d’autres occasions d’affronter le système – nous serons mieux préparés encore. Plus incisifs que jamais, nous serons!
On continue!


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