Vivement l'enquête publique réclamée!

Enquête publique - un PM complice?



Valère Audy - Le premier ministre Jean Charest se retrouve dans de mauvais draps et les dirigeants de la FTQ-Construction, de leur côté, dans de bien petits souliers. Car il ne reste plus personne, à part eux, pour s'objecter à une enquête publique et indépendante sur les pratiques qui secouent le monde la construction. Chaque jour apporte son lot de révélations sur l'intimidation, la discrimination et le taxage qui ajoutent aux accusations de collusion et corruption bien étayées. Ou le premier ministre passe à l'action ou il continue de dégringoler dans l'opinion publique. L'escouade Marteau ne suffit plus.
On comprend le peu d'empressement de M. Charest à déclencher cette enquête. Car il sait que ce sera un gros show au cours duquel ses adversaires ne s'appliqueront pas qu'à circonscrire le mal qui ronge la construction pour mieux définir les solutions à appliquer, mais qu'ils s'efforceront de l'éclabousser avec l'espoir de le coucher au tapis, de le déloger du pouvoir. Sauf qu'il se rapproche lui-même déjà du tapis avec tout ce qui sort ces jours-ci. Surtout qu'il ne fait rien pour se démarquer de la FTQ-Construction à laquelle ses détracteurs, à tort ou à raison, l'associent de plus en plus.

Depuis quelques jours, des agents de la FTQ-Construction sont accusés d'intimidation, discrimination et taxage sur la Côte-Nord. Moins craintifs que jadis, parce qu'ils en ont ras le bol, des travailleurs n'hésitent plus à les identifier, à visage découvert de surcroît. Lundi, ils ont même bloqué l'accès à un chantier. Et, ce qui ne leur nuit pas, c'est qu'il y en a d'autres ailleurs aussi qui parlent. Y compris des entrepreneurs. Ils ne sont pas tous aussi braves, mais ils sont de plus en plus nombreux à raconter ce qu'ils savent.
Les allégations et dénonciations font si mal à la FTQ-Construction que son directeur général Richard Goyette a vertement réagi lundi. D'un ton hautain et méprisant, il a visé les journalistes, dénonciateurs et politiciens, l'ancien ministre Jean Cournoyer, le juge Lepage qui a mené l'enquête sur l'échec de la Gaspésia, l'économiste Pierre Fortin et la CSN, etc. Et les qualificatifs ne manquaient pas: menteurs, imposteurs, clowns. Après quoi, l'avocat qui accompagnait le dg a signifié que la centrale ne se laissera plus faire, qu'elle réagira désormais avec vigueur.
Hier matin, c'était au tour de Bernard «Rambo» Gauthier de se défendre. Il avait réponse à tout, parlait de l'innovation et de son système de placement. S'il dérange, explique-t-il, c'est pour le bien des travailleurs du milieu. Les autres, des frustrés ou des incompétents qu'il a du reste nommés, ne font que du salissage. Peut-être y a-t-il un brin de vrai dans ce qu'il dit. Mais, à en juger par ses propos, on comprend qu'il en mène lui-même large sur la Côte-Nord. Comme M. Goyette la veille, il ne faisait pas dans la dentelle.
D'une enquête, il est clair que la FTQ-Construction n'en veut pas. Encore moins que M. Charest qui a toujours laissé une petite porte ouverte. À moins qu'elle soit formée et qu'elle procède de manière à la satisfaire. Et en ce cas, la chef péquiste Pauline Marois, qui est favorable à l'enquête, et son mari Claude Blanchette, ex-pdg de la SGF, peuvent s'attendre à se faire questionner et égratigner. Comme détail, ça frise l'intimidation.
Bref, le dg de la FTQ-Construction ne croit pas à la vérité des autres. Pour lui, qui cite la Commission Gomery en exemple, une commission d'enquête ne correspond à rien de moins qu'un «Festival de clowneries» où tout est arrangé à l'avance. M. Goyette et ses proches sont ainsi les seuls à avoir le bon pas. Les gens de travers, ce sont les autres. Difficile d'imaginer que M. Charest tarde encore à s'en démarquer nettement et, à cette fin, à lancer l'enquête publique et indépendante que tout le monde réclame. Surtout qu'il n'y a rien à attendre comme ménage, selon ce qu'on vient de comprendre, de la FTQ-Construction elle-même.


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