À la défense d'une copie du crucifix

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La présence du crucifix à l'Assemblée nationale symbolise la prise de possession de la Nouvelle-France par Jacques-Cartier en 1534 au nom du Roy de France et du Christ

Le crucifix installé au-dessus du fauteuil du président de l’Assemblée nationale — celui que Québec solidaire veut faire décrocher — n’est pas l’original.


Alors que le vote final sur le projet de loi sur la neutralité religieuse devrait se dérouler mercredi, Québec solidaire fera savoir ce même jour que tous les autres partis défendent le maintien en place d’une simple copie.


QS ne voit pas comment on peut défendre la présence de ce crucifix au nom du patrimoine s’il ne s’agit même pas de l’original.


L’original se trouve sous scellé dans une salle privée de l’Assemblée nationale. Il n’est pas visible.


C’est Maurice Duplessis qui l’avait fait accrocher au-dessus du fauteuil du président de l’Assemblée nationale le 7 octobre 1936 afin de témoigner des liens étroits entre l’Église et l’État.


Québec solidaire dit ne pas comprendre la raison pour laquelle on refuse de décrocher une réplique. Mais d’autres ne voient pas en quoi le fait qu’il ne s’agisse pas du crucifix original en ferait moins un symbole patrimonial que si c’était le vrai.


Dossier documenté


Le député Gabriel Nadeau-Dubois a documenté le dossier. Le résumé qu’en fait son parti est le suivant: dans un premier temps, l’ancien premier ministre Louis-Alexandre Taschereau avait ordonné de placer des crucifix dans tous les palais de justice du Québec. Par la suite, Maurice Duplessis a décidé, en 1936, d’en accrocher un au-dessus de la tête du président de l’Assemblée nationale, au Salon bleu, afin de sceller l’alliance de l’État et du clergé. Un autre a été placé au Salon rouge, autrefois le lieu des débats du Conseil législatif.


«Or, ce qu’on sait moins, poursuit QS, c’est qu’à la suite de l’abolition du Conseil législatif, en 1968, le crucifix du Salon rouge a été retiré. Dans les années 1980, celui du Salon bleu a été à son tour remplacé par un nouveau modèle.» Par la suite, les deux originaux auraient été perdus.


Québec solidaire a entrepris des recherches avec l’équipe de la bibliothèque de l’Assemblée nationale il y a quelque temps. L’un des deux vrais crucifix a finalement été retrouvé. Le deuxième est toujours porté disparu. Et celui que l’on voit au Salon bleu n’est qu’une réplique de celui de 1936 — pas tout à fait exacte, semble-t-il.