La patrie est en danger

À propos des leaders charismatiques

Réponse à Henri Martineau.

Tribune libre

Cela vous surprendra peut-être, Henri Marineau, que j’écrive que je suis gaulliste. C’est parmi mes rares regrets, celui de ne pas avoir serré la main du Général lorsqu’une occasion absolument imprévisible s’est présentée à moi à l’Expo 67. J’avais seulement vingt ans et j’étais resté comme pétrifié devant l’idole, cet homme de caractère comme vous dites, et qui avait déjà lancé son si puissant et si espéré « Vive le Québec libre ».
Longtemps plus tard, aux funérailles de Bernard Frappier, que je considère ayant été un homme de caractère, je me suis repris avec d’autres hommes de caractère, même si aucun d’eux n’avait fait lever aucune lame parmi Nous. D’abord Richard Le Hir, arrivé à l’église avant Bernard Landry. J’ai été bien content de pouvoir lui serrer la main. À la vérité, je l’avais espéré. Et, sans connaître Bernard Landry personnellement, je n’ai pas laissé passer l’occasion, cette fois je me suis interposé pour lui serrer la main. Poli et en ayant l’habitude, Bernard Landry m’a serré la main, un peu surpris quand même que je me sois interposé de cette façon en pareille circonstance.
Le Québec n’est pas la France, même si nous sommes français. La France elle-même n’est plus la France du Général. Les patriotes n’ont plus la cote. Cependant, Nous ne manquons pas d’hommes et de femmes de caractère ni ici ni en France.
Le danger qui Nous guette, c’est un danger diffus, mais implacable. Nous avons été souvent humiliés. Nous le serons sans doute encore. Les humiliations ne sont jamais sans conséquence. Elles incitent à hésiter. Et Nous hésitons depuis longtemps. Mais nos ennemis ont maintenant un minimum de sens démocratique, qui les empêche Nous rouler dans la poussière, comme ceux qui ont pu se relever à l’appel du Général, qui ont dû le faire, répondre ainsi à une exigence certaine. Mais notre patrie n’en est pas moins en danger ici, même si aucun de Nous n’est menacé ni intimidé personnellement. Encore que…
Si nous restons froids-pas toujours facile-nous sommes bien obligés de constater qu’une lame de fond est aussi peu probable avant l’Indépendance, qu’elle n’est facilement prévisible après l’Indépendance. Et quelle lame de fond ce serait, en effet, qui tirerait sa force de si profond, de si loin, d’un passé aussi périlleux ! Les indépendantistes québécois ne sont pas dans la même situation que les souverainistes français ont pu l’être. L’« appel » fait aux indépendantistes québécois n’est pas de même nature et ne peut pas avoir la même résonnance que celle du Général. Elle porte cependant la même exigence.
La patrie est en danger ? Elle l’a toujours été depuis aussi loin que 1608.La nouveauté serait qu’elle ne l’est plus. La nouveauté serait maintenant que Nous pourrions manquer de temps, l’Histoire des peuples s’étant accélérée. Les indépendantistes n’en tiennent pas moins le plus formidable défi en Amérique du Nord : gagner sans sauveur, abandonnés « des dieux » et de la France elle-même. C’est possible. Ce n’est même pas probable. C’est seulement possible. Mais si c’est possible, une formidable exigence est faite afin que nous la fassions cette Indépendance. Tous nos chefs et nos sous-chefs sont interpellés, qui n’ont même pas besoin d’espérer pour entreprendre. Mais entreprendre câlisse, entreprendre !
Clin d’œil et salutations à tous ceux qui, ne croyant plus aux dieux, n’en continuent pas moins d’espérer.


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3 commentaires

  • Marcel Haché Répondre

    1 juin 2013

    @ Alain Maronani et Pierre Cloutier.
    Par où commencer ? Voici.
    Parmi les vigiliens, j’en ai été un qui a beaucoup critiqué Jean Charest.Je n’aurais jamais hésité cependant à lui donner la main du temps qu’il était P.M. Aujourd’hui encore, je n’hésiterais pas à le faire, même si j’ai beaucoup plus d’estime pour la fidélité de Bernard Landry et de Richard le Hir, qui restent des hommes, et dont personne n’a jamais prétendu qu’ils étaient des dieux.
    Le Général De Gaulle fut un temps--un temps seulement, M. Marinoni, c’est le lot des humains--il fut un dieu, celui d’un peuple souverain, soudainement vaincu. Mais même au sommet de sa gloire, le Général ne fit jamais l’unanimité des français. Libération acquise, le Général s’est retiré. C’est le lot des dieux d’être déchus un jour. Cet homme-là s’était placé au service de la France, de toute la France, de son Histoire d’abord, mais aussi de tout ce qui faisait cette France-là, cela incluant ses intérêts, inavouables parfois, ses idéologies, ne reniant pas tout particulièrement l’immense apport des communiste à la Résistance, et de ses partis politiques, qu’il a sévèrement condamnés.
    Les « intérêts » du Québec, tous nos « intérêts » préexistent à l’Indépendance M. Cloutier, et tous les indépendantistes seraient dans leurs torts de ne pas les assumer, simplement parce que cela passerait préalablement par une gouvernance provinciale. Au temps que De Gaulle fut un dieu, la Résistance a fait ce qu’il fallait qu’elle fasse. Elle a simplement fait ce qu’il fallait qu’elle fasse… Elle s’est enlevé les doigts dedans le nez, et a serré les dents, serrer ses rangs. Et parmi tous ceux résistent ici au Québec, et dont Vigile est justement un rare flambeau, il y a encore des communistes, qui résistent avec Nous. Mais hélas, ici comme dans la France éternelle, le jeu des partis (indépendantistes) Nous mène à la ruine. La France est peut-être éternelle, certainement pas Nous.
    Quant à Pauline Marois, on peut la critiquer. Je crois qu’elle est capable d’en prendre. Mais il y a un ton sur lequel nous nous abaissons, et par lequel Vigile se rabaisserait, si nous la prenons pour une nounoune. Laissons cela à nos ennemis. De récente mémoire, ni le Québec ni les indépendantistes n’ont jamais été affligés de cette façon.

  • Alain Maronani Répondre

    31 mai 2013

    Monsieur,
    Votre aveuglement pour De Gaulle..vous aveugle....
    Il a utilisé la décomposition d'un empire, la France coloniale, pour imposer son régime ce qui ne l'a pas empeché de couvrir toutes les exactions qui ont suivies...
    Pour mémoire, une parmis tant d'autres, le massacre de 8000 Camerounais avec l'assistance de l'armée francaise...immédiatement après l'indépendance, la mise en selle de Bongo en Centre-Afrique avec l'aide de Elf, et tout le reste qui est a l'avenant...
    http://rebellyon.info/2-mars-1960-massacres-au-Cameroun.html
    La politique coloniale, sous d'autres formes n'a jamais cessé et ce n'est pas parce qu'il s'est exprimé sur un balcon à Montréal que l'on doit oublier qui il servait...
    Et l'aventure malienne récente n'est que la continuation de cette politique...
    L'histoire n'est pas faite par les hommes providentiels mais par les peuples...

  • Archives de Vigile Répondre

    31 mai 2013

    Monsieur Haché
    Vous prenez des chemins tortueux pour exprimer des idées simples.
    Il ne s'agit pas de croire au "Sauveur", mais d'opposer le meilleur candidat possible aux fédéralistes pour faire l'unité du mouvement indépendantiste, mettre le cap résolument sur l'indépendance. tenir un référendum gagnant le plus rapidement possible et convoquer une constituante citoyenne.
    La présente cheffe du Parti québécois, Pauline Marois, n'est pas la meilleure candidate pour accomplir cette mission. Il nous faut donc la remplacer, de préférence par quelqu'un de l'extérieur du monde de la politique professionnelle sérieusement amochée avec les révélations de la commission Charbonneau.
    Me semble que cela ne prend pas un doctorat en sciences politiques pour comprendre cela.
    Nous avons besoin d'un (ou d'une) patriote, respecté, populaire, indépendantiste et déterminé dont la priorité sera de faire accéder le peuple québécois à l'indépendance et de convoquer une constituante pour la suite des choses.
    Tout le reste, les programmes de gouvernance provinciale, les partis politiques, la gauche, la droite, et toute la boulechite de la petite politique professionnelle, on s'en fout.
    Indépendance de la patrie et démocratie citoyenne exemplaire. C'est ce qu'on appelle un programme d'État.
    Nous avons besoin d'un programme d'État avec un leader fort.
    Sinon, la patrie est en danger.
    Pierre Cloutier