Une copie du présent message est envoyée aux médias du Québec et à divers autres destinataires.
Madame Christine St-Pierre
Ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine
Monsieur Pierre Curzi
Porte-parole du Parti Québécois en matière de langue
Madame,
Monsieur,
Peu de temps après m'être plaint au comité organisateur de l'appellation fautive «Gatineau Loppet» (voir la plainte ci-dessous), dont la syntaxe est anglaise, j'ai appris qu'un autre Gatinois, Jacques Desrosiers, s'était plaint avant moi de la même appellation. Or, M. Desrosiers ayant adressé sa plainte en plus à l'OQLF, il s'est fait dire par cet organisme, dans une lettre officielle, que l'appellation en question «ne tombait sous le coup d'aucun article de la Charte de la langue française». Voilà qui nous laisse sans aucun recours.
Madame la ministre, vous voulez que les Québécois se fassent respecter, qu'ils exigent «des services en français», mais vous n'êtes pas prête à resserrer les dispositions de la Charte de la langue française. Vous abandonnez le peuple à son sort. Pire encore, votre gouvernement cautionne ce mauvais usage en subventionnant le comité organisateur, et la ville de Gatineau fait de même.
Pendant ce temps, tout ce que votre collègue de l'Éducation trouve à faire, c'est de donner plus de dictées aux enfants. Tant pis si, après des années d'efforts de la part d'enseignants et parents, les jeunes se retrouvent dans une société qui dévalorise la langue française et où le franglais règne. Savez-vous seulement, vous et votre collègue, que le français ne s'apprend pas seulement à l'école? Savez-vous que, dans un environnement linguistique qui ne nourrit pas le locuteur, celui-ci oublie progressivement sa langue?
Je vous ai entendue dire à la radio, lors de l'émission de Christiane Charette, que le français est parlé au Québec depuis 400 ans et que c'est la preuve qu'on va continuer de le parler. Savez-vous combien de siècles les Irlandais ont parlé le gaélique? Ils le parlaient avant Jésus-Christ. Mais aujourd'hui, ils ne le parlent plus. Quelle espèce de raisonnement nous tenez-vous là? Nous prenez-vous pour des imbéciles?
Vous rendez-vous compte de l'incohérence et de l'inefficacité totales des mesures (ou de l'absence de mesures) proposées par votre gouvernement pour assurer la pérennité et la vigueur de la langue française au Québec? Vous rendez-vous compte que vous n'êtes en somme qu'une hypocrite? À moins que vous soyez une inconsciente.
***
Monsieur Curzi, je crois comprendre que votre chef, Mme Marois, a décidé qu'il fallait que tous les Québécois sachent parler anglais. Dans sa grande naïveté, elle pense que ce bilinguisme individuel généralisé et axé strictement sur l'anglais est compatible avec le maintien du français comme langue commune des Québécois. Pourtant, l'histoire récente est truffée d'exemples qui montrent le contraire. C'est l'unilinguisme d'une population qui est un gage de sa vigueur linguistique, pas le bilinguisme intégral. Les grands peuples de la terre ne sont pas bilingues. Ils parlent leur langue et une faible minorité de leur population connait aussi une langue étrangère. C'est le cas par exemple des Américains, des Allemands, des Japonais, des Français, des Brésiliens, des Chinois et des Russes. Ça ne les empêche pas d'être intelligents et prospères.
L'Amérique est remplie de laboratoires qui montrent les résultats du bilinguisme. Je vous inviterais, vous et Mme Marois, à prendre connaissance, dans le laboratoire sociolinguistique que constitue l'Outaouais, des résultats de la généralisation du bilinguisme individuel. En Outaouais, on parle franglais, et on n'y voit pas de problème. Les Québécois qui exigent qu'on respecte le français peuvent aller se faire cuire un oeuf. Voilà le résultat du bilinguisme individuel à grande échelle: le bilinguisme devient soustractif.
Chaque personne bilingue devient une excuse de plus pour le conquérant qui ne veut rien savoir de parler français. Lentement mais sûrement, les francophones bilingues perdent globalement la connaissance de leur propre langue. L'exemple du Gatineau Loppet peut vous paraitre anodin, mais Impératif français peut vous donner des centaines d'autres exemples semblables.
Tenez, je vous en donne un autre qui illustre bien que les gens de l'Outaouais en sont réduits à ramper devant la langue anglaise. Dans une station de ski de l'Outaouais, en fin de semaine. Mon fils de 11 ans s'est fait adresser la parole en anglais par un homme. Je suis intervenu courtoisement pour lui dire que mon garçon ne parlait pas anglais. Vous savez ce que l'homme m'a répondu? «Comment est-ce possible que, dans ce pays, un garçon de cet âge ne sache pas encore parler anglais?» Une pareille arrogance m'a fait sortir de mes gonds. Nous sommes au Québec et il voudrait que tous les enfants de 11 ans soient parfaitement bilingues? «Et vous, lui ai-je répondu en français, vous parlez français?» Il m'a regardé, perplexe. Manifestement, il n'avait rien compris. Quand je pense que Mme Marois voudrait donner raison à un pareil idiot.
Le Parti Québécois va-t-il se mettre à ramper avec Mme Marois pour que nous devenions tous des bilingues? Allez-vous être capable de faire entendre raison à Mme Marois? Si le Parti libéral est le parti des Anglais, l'ADQ, le parti d'on ne sait trop quoi et le Parti Québécois, le parti du bilinguisme intégral, que reste-t-il aux Québécois qui veulent un pays de langue française?
Bernard Desgagné
Gatineau
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Le 17 févr. 2008 à 12:16 , Bernard Desgagné a écrit :
Monsieur François Grenier, directeur général
Gatineau Loppet
L'une des preuves de la faiblesse du français au Québec et en particulier en Outaouais est l'incapacité d'imposer un français correct dans les communications publiques. Tout le monde peut faire des fautes, mais quand des organismes ou des entreprises refusent de les corriger, on voit bien que le français passe après l'anglais.
Lors des éditions passées de ce qui s'appelait autrefois le «Keskinada Loppet», j'avais écrit aux organisateurs et à la présidente honorifique, Mme Louise Poirier, pour leur signaler qu'en français, le nom «Keskinada Loppet» était fautif et qu'il fallait plutôt dire «loppet Keskinada», comme on dit, par exemple «loppet du mont Sainte-Anne». Je n'ai jamais eu de réponse.
Le «Keskinada Loppet» a été rebaptisé et on l'appelle aujourd'hui «Gatineau Loppet». Pourquoi n'a-t-on pas profité du changement de nom pour respecter la syntaxe française? Pourquoi ne dit-on pas tout naturellement le «loppet de Gatineau»? Serait-ce que la syntaxe anglaise est plus pratique pour attirer les touristes? Serait-ce que le désir de bien paraitre en anglais passe avant le respect de la langue nationale des Québécois?
Il est impossible de prétendre que «Gatineau Loppet» est une forme acceptable en français. Vous pouvez chercher toutes les excuses possibles, mais sur le plan linguistique, cette forme est indubitablement fautive. Allez-vous accepter de la corriger ou allez-vous me dire que c'est sans importance et qu'au Québec, le français est foutu de toute manière?
P.-S. Je vous saurais gré de bien vouloir faire suivre le présent message aux membres du conseil d'administration du Gatineau Loppet, dont je n'ai pas les coordonnées, à l'exception de Mme Louise Poirier.
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1 commentaire
Jean Pierre Bouchard Répondre
19 février 2008L’inconscience actuelle des Québécois devant la politique dont notre avenir de peuple de langue française concerne l’un de ses aspects s’avère très inquiétant. L’apolitisme nous menace. Avec la question des accommodements, on aurait pu croire y trouver les symptômes d’un réveil national à
l’état sommaire. Un an plus tard ça ne semble plus le cas. Voir les résolutions de Madame Marois sur
la langue française se faire bousculer 4 mois plus tard au nom d’une rectitude qui cherche à se concilier électoralement les lecteurs les plus fédéralistes de Gesca suscite chez tous les Québécois conscientisés de leur identité unique en Amérique une stupéfaction nourrie par la colère.
Le bilinguisme chez une nation minoritaire c’est la porte d’entrée pour l’assimilation.
Si le grand Camille Laurin l’a compris, pourquoi P.Marois ne le comprends pas.
Si autour de la candidature de Obama aux É.U, il y a une ombre de sensibilité politique chez nos voisins du Sud. Le Québec selon son expérience historique accumulée ne saurait non plus continuer son inertie politique.