Contrairement aux prétentions de Philippe Couillard, c'est le gouvernement libéral de Jean Charest qui, le premier, a proposé une entente de partenariat avec des pétrolières pour l'exploration des hydrocarbures sur l'île d'Anticosti, a appris Le Journal.
Le premier ministre est hostile à l'idée d'explorer le sous-sol d'Anticosti. Il a reproché encore une fois hier au gouvernement péquiste de Pauline Marois d'avoir fait une «grave erreur» en signant une entente pour confirmer le potentiel pétrolier et gazier de l'île sans évaluation environnementale complète.
Mais les négociations ont débuté bien avant, sous l'ère libérale. Dans une lettre d'intention confidentielle obtenue par notre Bureau parlementaire, le gouvernement Charest offre d'acquérir des actions de Pétrolia, Maurel & Prom et Corridor Ressources pour explorer le sous-sol d'Anticosti, un partenariat de 70 millions $.
Datée du 29 août 2012, soit cinq jours avant l'élection du gouvernement péquiste de Pauline Marois, l'offre d'achat est signée des deux vice-présidents de Ressources Québec, filiale d'Investissement Québec.
Jacques Daoust impliqué
À cette époque, ce n’est nul autre que Jacques Daoust, l'actuel ministre des Transports, qui était à la tête du bras financier du gouvernement. Ce dernier a refusé jeudi de commenter le positionnement de son chef dans le dossier.
Philippe Couillard a réitéré pour sa part qu'un milieu naturel comme Anticosti, ça n'a pas de prix. Il réagissait ainsi aux révélations du Journal indiquant que le projet a déjà coûté 18 millions $ aux contribuables québécois jusqu'à maintenant.
Argent pas perdu
Pour le premier ministre, cet argent n'est pas perdu. «Il n'y a pas que les chiffres dans la vie, un milieu naturel comme Anticosti, c'est une richesse pour le Québec que je veux également qu'on transmette à nos enfants et à nos petits-enfants», a-t-il dit à l'Assemblée nationale, en marge du caucus présessionnel du gouvernement.
«On n’aurait jamais dû lancer l'investissement public, faire de l'exploration avec fracturation sans une évaluation environnementale complète», a-t-il insisté.
Plusieurs s'inquiètent de l'impact de la position du premier ministre sur les investisseurs. Philippe Couillard rétorque que le Québec est ouvert à l'investissement, mais pas au prix de notre environnement. «Il faut le répéter, on a un devoir de précaution envers nous-mêmes et envers les prochaines générations.»
Les tergiversations de Couillard nuiraient au Plan Nord
Les tergiversations de Philippe Couillard sur l'exploration des hydrocarbures de l'île d'Anticosti nuisent au Plan Nord, selon l'analyste minier Éric Lemieux, de la firme Peartree Securities.
Le premier ministre a réitéré encore vendredi son aversion au projet visant à confirmer le potentiel pétrolier et gazier d'Anticosti, une entente de partenariat qui lie le gouvernement à trois compagnies pétrolières.
Selon M. Lemieux, c'est là un bien mauvais signal à l'endroit des investisseurs étrangers. «Ce que je constate, c'est que ça a un impact pas seulement pour les hydrocarbures au Québec, mais pour l'ensemble des ressources naturelles», précise-t-il, en entrevue avec notre Bureau parlementaire.
Selon lui, les déclarations en rafale du premier ministre contre le projet d'Anticosti auront des répercussions sur la perception du Québec comme étant une juridiction qui n'est pas favorable à l'exploitation de ses ressources.
Est-ce que les propos de M. Couillard nuisent au Plan Nord? «Je crois que oui, répond-il. C'est sûr qu'il n'y a pas d'impact immédiat sur des titres en particulier, des actions d'exploration minière, mais c'est à long terme que ça a un impact, c'est certain.»
Investisseurs frileux
Squatex, une société d'exploration pétrolière et gazière, dit aussi subir les contrecoups des déclarations du premier ministre sur Anticosti.
«Ça nous nuit énormément parce qu'il y a une perte de confiance. On a des petits investisseurs qui sont chez nous depuis 15 ans. Avec des sorties comme ça, ils perdent totalement confiance», précise Mario Lévesque, directeur en développement des affaires chez Squatex.
Selon lui, la politique et le secteur énergétique, «ça ne va pas ensemble».
«Les investisseurs, moi je parle à (des investisseurs) de New York, Oslo et Londres, ils seraient encore prêts à venir investir de l'argent, mais ils veulent avoir de la stabilité», insiste-t-il.
— Avec la collaboration de TVA Nouvelles
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