KANATA

Appropriation culturelle (prise 2)

Il est à se demander si un créateur a encore la liberté de choisir lui-même les artistes qui feront partie de la distribution de "son spectacle"

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Tribune libre

Décidément, il semble que tout ce que touche Robert Lepage par les temps qui courent a pour effet d'irriter certaines sensibilités eu égard à l’appropriation culturelle dont ils se disent  « victimes ».  En effet, après la controverse suscitée par le spectacle SLAV et qui a contribué à son annulation, ce sont maintenant les autochtones qui s’érigent en défenseurs de l’appropriation culturelle dans la production Kanata de Robert Lepage, présentée à Paris à partir de décembre.


L’argumentaire des autochtones est le même que ceux des Noirs en ce qui a trait à SLAV, à savoir le manque de comédiens autochtones dans Kanata dénoncé, dans une lettre ouverte, par une vingtaine de signataires qui se disent « saturés d’entendre les autres raconter notre histoire », tout en ajoutant que « ce n’est pas dans nos mentalités et dans notre façon de voir le monde. Ce que nous voulons, c’est que nos talents soient reconnus, qu’ils soient célébrés aujourd’hui et dans le futur ».


En réaction à l’annulation de SLAV, Robert Lepage avait dénoncé un « coup porté à la liberté d’expression artistique ». Cette nouvelle attaque contre une autre de ses productions risque, à coup sûr, de recevoir le même argumentaire, à tel point qu’il est à se demander si un créateur a encore la liberté de choisir lui-même les artistes qui feront partie de la distribution de « son spectacle ».


Même si certains membres de Premières Nations ont été consultés par les promoteurs de cette « histoire du Canada à travers le prisme des rapports entre Blancs et Autochtones », il apparaît évident que le « traité de paix » restera lettre morte au nom de la sacrosainte appropriation culturelle contre laquelle je m'objecte haut et fort lorsqu'elle devient le mot de passe qui ouvre toutes grandes les portes d'une mainmise anti-productive sur la liberté d'expression.


En dernière heure, nous apprenons que Robert Lepage et la femme de théâtre Ariane Mnouchkine ont invité les opposants à la production Kanata à une rencontre de dialogue... C'est à suivre! 


Henri Marineau, Québec


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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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