Décidément, il semble que tout ce que touche Robert Lepage par les temps qui courent a pour effet d'irriter certaines sensibilités eu égard à l’appropriation culturelle dont ils se disent « victimes ». En effet, après la controverse suscitée par le spectacle SLAV et qui a contribué à son annulation, ce sont maintenant les autochtones qui s’érigent en défenseurs de l’appropriation culturelle dans la production Kanata de Robert Lepage, présentée à Paris à partir de décembre.
L’argumentaire des autochtones est le même que ceux des Noirs en ce qui a trait à SLAV, à savoir le manque de comédiens autochtones dans Kanata dénoncé, dans une lettre ouverte, par une vingtaine de signataires qui se disent « saturés d’entendre les autres raconter notre histoire », tout en ajoutant que « ce n’est pas dans nos mentalités et dans notre façon de voir le monde. Ce que nous voulons, c’est que nos talents soient reconnus, qu’ils soient célébrés aujourd’hui et dans le futur ».
En réaction à l’annulation de SLAV, Robert Lepage avait dénoncé un « coup porté à la liberté d’expression artistique ». Cette nouvelle attaque contre une autre de ses productions risque, à coup sûr, de recevoir le même argumentaire, à tel point qu’il est à se demander si un créateur a encore la liberté de choisir lui-même les artistes qui feront partie de la distribution de « son spectacle ».
Même si certains membres de Premières Nations ont été consultés par les promoteurs de cette « histoire du Canada à travers le prisme des rapports entre Blancs et Autochtones », il apparaît évident que le « traité de paix » restera lettre morte au nom de la sacrosainte appropriation culturelle contre laquelle je m'objecte haut et fort lorsqu'elle devient le mot de passe qui ouvre toutes grandes les portes d'une mainmise anti-productive sur la liberté d'expression.
En dernière heure, nous apprenons que Robert Lepage et la femme de théâtre Ariane Mnouchkine ont invité les opposants à la production Kanata à une rencontre de dialogue... C'est à suivre!
Henri Marineau, Québec
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