Depuis deux semaines, pratiquement tous les commentateurs et analystes politiques du Québec y sont allés de leur explication sur le succès de la CAQ d'après les sondages. Tout indique que le parti de François Legault va écraser le Parti libéral (sauf, bien sûr, dans les comtés anglo-ethniques) et pulvériser ce qui reste du PQ.
Le PQ doit – en partie – son déclin aux choix politiques erronés de ses chefs depuis une vingtaine d’années: ils voulaient rafler des voix à Québec solidaire à gauche plutôt que de s’ouvrir vers le centre droit où la CAQ et, avant elle, l’ADQ puisaient leur électorat grandissant. On peut même se demander si François Legault ne s’est pas inspiré du Mouvement souveraineté-association politiquement ambigu créé par René Lévesque.
L’abjection libérale Charest-Couillard
Les libéraux, eux, sont à jamais souillés par les corruptions et les malversations emblématiques de Charest-Couillard, l’abjection libérale qui a affligé le Québec.
Il faudra un jour qu’un historien ou un politologue fasse une étude comparative entre l’ère Charest-Couillard et celle de Duplessis – qui a été 18 ans au pouvoir – pour déterminer laquelle a été la plus corrompue de l’histoire du Québec. Les noms de combien de mafieux notoires ont été associés au PLQ depuis 20 ans? Voir les commissions Gomery et Charbonneau ainsi que les multiples enquêtes journalistiques des médias de Québecor, de Radio-Canada ainsi que de La Presse.
Ce qui est aussi remarquable, c’est que pratiquement tous les criminels associés au clan Charest-Couillard ont échappé à la prison: vices de procédure, délais déraisonnables et autres complaisances juridiques douteuses ont été invoqués. La raison véritable est que les appareils judiciaires et les policiers du Québec sont gangrenés par des libéraux, autant au fédéral qu’au provincial.
Le rejet des libéraux par la majorité francophone ainsi que l’aversion et le mépris qu'elle éprouve envers eux sont tels qu’ils ne peuvent espérer reprendre le pouvoir avant quelques décennies. Ils doivent attendre que l’immigration et la démographie fassent leur œuvre.
La CAQ semble donc destinée à rester le parti dominant au Québec pour longtemps. Notre premier ministre est convaincu qu’il a la combinaison gagnante pour rester au pouvoir.
Un Québec «gériatrique » indépendant
Et quelle serait donc cette «hypothèse Legault» qui expliquerait ses succès politiques?
Il semble croire que les Québécois sont un peuple de plus en plus «gériatrique», essoufflé, qui veut avant tout le calme et la paix, tout en se sauvant la face. Une mort douce et tranquille en se faisant dorloter de slogans nationalistes mielleux et insignifiants. Justin Trudeau sait bien qu’il n’a rien à craindre de François Legault et ne semble pas trop s’en faire avec ses admonestations.
L’avenir nous dira si j’ai raison au sujet de l’«hypothèse Legault» ou si, dans un sursaut de patriotisme tout à fait imprévisible, il tentera de mobiliser le Québec pour une troisième tentative afin de réaliser l’indépendance du Québec.