Béchard ira finalement à Nairobi

Mais le gouvernement refuse de soumettre la motion de ratification de Kyoto au vote

Kyoto




Québec - Le ministre de l'Environnement Claude Béchard se rendra finalement à Nairobi, au Kenya, lundi pour participer à la douzième conférence sur les changements climatiques, qui s'y tiendra du 6 au 17 novembre et où la deuxième phase du protocole de Kyoto (post-2012) sera définie. Mardi, il ignorait encore s'il allait participer à cet événement durant lequel il compte contredire la position officielle du gouvernement fédéral. Ottawa présidera la conférence et s'apprête à y promouvoir une redéfinition complète du protocole de Kyoto. Au contraire, Québec s'est engagé à en atteindre les cibles.
Pour justifier sa précipitation soudaine quant à Nairobi, Québec a invoqué une invitation de dernière minute de la part du fédéral, qui serait tombée le 26 octobre. Hier encore, l'entourage du ministre Béchard ne pouvait expliciter le mandat que ce dernier a reçu du conseil des ministres, ni s'il participera directement ou non aux négociations. «On vous précisera tout ça lundi», s'est contenté de dire son attaché de presse, Pascal D'Astous, hier après-midi. «Le ministre partira vacciné», a-t-il noté, en écho aux commentaires de M. Béchard de mardi au sujet des «questions médicales» qu'il restait à régler.
Québec a beau être prêt à aller affronter le gouvernement Harper en Afrique, il n'a pas cru nécessaire d'entériner le protocole de Kyoto avant la conférence de Nairobi. En effet, le gouvernement Charest a déposé une motion en ce sens le 15 mars 2006 à l'Assemblée mais a négligé de la faire adopter depuis. Mercredi, le chef péquiste avait réclamé cette ratification, en invoquant la loi 52 selon laquelle, lorsque des compétences québécoises sont en cause, «au nom de la doctrine Gérin-Lajoie», tout protocole ou traité international «doit être ratifié ici, par notre Assemblée nationale». Le premier ministre Charest, virulent, avait alors qualifié l'intervention de M. Boisclair de «discours creux, vide [...] qui ne veut rien dire».
Revenant à la charge hier, la critique péquiste en matière internationale, Marie Malavoy, a rencontré une résistance similaire, la ministre Monique Gagnon-Tremblay allant jusqu'à dire qu'un tel vote de l'Assemblée ne «changerait rien». Le gouvernement Charest estime qu'il a déjà voté quatre motions portant sur le sujet et partout il répète qu'il veut «respecter Kyoto». De guerre lasse, le premier ministre a toutefois indiqué que la motion sur Kyoto serait présentée pour adoption «dans le cours de la session, dans le cours normal des choses».
Sommet à Québec en février
Par ailleurs, le gouvernement Charest, dans sa lutte pro-Kyoto, cherche à multiplier les alliances avec des États non souverains. Le premier ministre a annoncé hier qu'une importante rencontre de ministres responsables de l'energie et de l'environnement représentant cinq provinces de l'est du Canada et les six États américains de la Nouvelle-Angleterre aura lieu en février 2007 à Québec. «J'ai personnellement demandé qu'il y ait une réunion des ministres de l'Environnement et de l'Énergie sur cette question-là, parce que, bien au-delà des juridictions du Canada, nous allons poursuivre une stratégie régionale de réduction de gaz à effet de serre pour l'est du continent», a déclaré M. Charest.
Aussi, selon nos informations, le ministre Béchard participera à Nairobi à des rencontres du Climate Change Group (CCG) organisées en parallèle avec la conférence. Le CCG est un regroupement britannique d'États (dont le Manitoba, l'Ontario, le Maine, le Connecticut et l'État australien de Victoria) et d'entreprises (dont Alcan et British Petrolium) créé en 2004 et dédié à la lutte contre les changements climatiques.
Le Devoir

Avec la Presse canadienne


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