Bruxelles infligerait-elle, sans le savoir, un hiver sibérien à l’Europe ?

De l'eau dans le gaz

L’interruption de la fourniture de gaz à l’Ukraine par la Russie, le 16 Juin 2014, et les réserves de gaz stockées pour une durée maximale d’un mois, ont incité la Maison Blanche à faire pression sur l’élite dirigeante à Bruxelles.
L’UE a été contrée, de manière efficace, par la Russie, dans son plan de tricherie consistant à livrer le gaz naturel russe en mode inverse pour sauver l’Ukraine. Face à cette réalité, l’UE et Washington ont intensifié la guerre économique contre la Russie en imposant de nouvelles sanctions. Du coup, la Russie a répondu par un avertissement, en réduisant le volume de gaz pour l’Europe de 5%. Elle montre ainsi que toute l’Europe court le risque majeur de supporter tout le poids des mesures économiques que le Kremlin considèrera comme dangereuses pour sa propre économie.
Dans sa conférence de presse 10 Juin 2014, Sergueï Glazyev, conseiller économique de Vladimir Poutine, a montré que les États-Unis, par le biais de la guerre civile en Ukraine, avait déclenché une guerre économique contre la Russie. Washington, qui prend les Russes pour des idiots, aidera, sans le savoir, à faire tomber l’Europe, au milieu de l’automne, dans le piège habilement tendu par Poutine. Les manœuvre effectuées par les Américains par l’intermédiaire de l’UE vont donner aux Russes le prétexte pour priver l’Ukraine de son principal intérêt, sa position stratégique, représentée par le pipeline ‘’Fraternité’’. C’est par ce gazoduc Fraternité qui traverse l’Ukraine que passe près de 50% du gaz russe pour approvisionner l’Europe.
Ainsi, les russes n’approvisionneront plus la Slovaquie, la République tchèque, l’Autriche, la Hongrie, la Serbie, le Monténégro, la Bosnie, la Macédoine, la Croatie, la Slovénie, l’Italie, la Moldavie, la Roumanie et la Bulgarie, c’est-à-dire la plupart des anciens pays communistes qui sont devenus, du jour au lendemain, membre de l’OTAN et de l’UE. Face à une telle décision de la Russie, les Etats-Unis ne pourront offrir que des briquets à ces états. Quant au gaz de schiste liquéfié tant promis, il n’existe aucun moyen de le fournir avant 4-5 ans, car il n’existe encore aucune infrastructure pour cela.

En outre, toute tentative frauduleuse de l’UE de livraison de gaz russe en mode inverse pour compenser le pipeline Fraternité sera immédiatement sanctionnée par la fermeture du second nœud stratégique (Biélorussie), représenté par le gazoduc ‘’Yamal’’, laissant sans une goutte de gaz, pour une durée illimitée, d’autres pays de l’UE comme la Finlande, les Pays Baltes et la Pologne.
Le Pipeline North Stream, appartient à celui qui l’a construit, c’est-à-dire le consortium formé par Gazprom et les groupes allemands Wintershall et E.ON. Le champ d’exploitation de Sibérie centrale Yuzhno Russkoye qui alimente le gazoduc en gaz naturel a pour actionnaires : Wintershall avec 25% des actions, E.ON 25% et Gazprom 50%. Dans les conditions mentionnées ci-dessus, l’Allemagne, le principal partenaire économique de la Russie, n’en souffrira pas, car le gazoduc North Stream, qui fournit du gaz naturel en Allemagne, en Belgique, en France et en Angleterre, sera le seul que la Russie ne fermera pas.
La raison en est que Gazprom et Wintershall sont également les principaux actionnaires du projet de gazoduc South Stream, actuellement en construction. Dans la situation créée ainsi par la Russie, le fonctionnement et le trajet du gazoduc South Stream constituent une question de survie économique pour les pays d’Europe de l’Est et l’Europe centrale, et dépendent de l’attitude de la Bulgarie, la Hongrie, la Slovénie, l’Autriche et la Croatie vis-à-vis de la Russie. S’ils ne soumettent pas leur demande d’adhésion à l’Union économique eurasienne, ces pays risquent de ne voir le gaz russe que dans leurs rêves.

Depuis plus d’une décennie, les États-Unis et leurs satellites européens qui parlent continuellement de briser le monopole russe sur le gaz naturel en tant que source d’énergie la moins chère à portée de main, sans jamais avoir trouvé de solution, se plaignent maintenant auprès des Russes. On voit déjà un effondrement avec des pertes qui pourront s’évaluer par milliers de milliards d’euros en raison de la renonciation volontaire à ce monopole en Europe par la Russie.
La Russie ne manque pas de demandes de pétrole et de gaz, comme l’a montré le méga contrat de 400 milliards de dollars achevé en mai 2014 avec la Chine, dont le but est de rediriger vers la Chine le gaz naturel livré à ce jour en Europe à travers le réseau de pipeline Druzhba.
L’Inde est le principal importateur d’armes russes, les achats de l’armée indienne représentant 45% des 15,7 milliards de dollars réalisés annuellement par la Russie. Après la signature du contrat avec la Chine, lors du sommet des BRICS qui s’est tenue au Brésil des 15 et 16 Juillet 2014, la Russie a été fortement courtisée par l’Inde pour livrer du gaz par le même gazoduc d’Asie centrale et le pipeline CPC (Caspian Pipeline Consortium), de la société russe Transneft, comme dans le cas des chinois.
L’Inde et le Pakistan sont également membres du ‘’Club de l’Energie’’, un instrument du projet énergétique commun des pays de la future Union économique eurasienne dont les bases ont été posées en 2006 à Shanghai. En cherchant à se déplacer vers l’Est, vers l’Asie, dont les besoins représentent quatre fois la quantité de gaz russe fournie actuellement à l’Europe, la Russie sait où elle va.
http://reseauinternational.net/du-point-vue-economique-russie-gagne-en-repondant-pas-aux-sanctions-occidentales/
La Russie est donc prête à donner une cinglante leçon de géopolitique à l’Europe et aux Etats-Unis, sur l’hypothèse qu’ils vont continuer à aller en ligne pour maintenir les sanctions économiques. Comment les peuples des états membres de l’UE vont se chauffer pendant ces hivers sibériens, ça les regarde, puisqu’ils viennent de voter pour les politiciens de Bruxelles qui en sont la cause.
Valentin Vasilescu


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