Le gouvernement Karzaï est corrompu. Heureusement que la corruption est complètement endiguée chez nous, car nous vivons dans une démo_crassie qui fait en sorte que ces vilaines choses ne puissent se produire ici. Or, voici que nous entendons régulièrement des rumeurs de comportements inusités de la part de certains de nos élus ou de fonctionnaires dont le sens de l’éthique semble pour le moins élastique. Prenons l’exemple de Frank Zampino, l’ancien numéro deux de la ville de Mourial.
Alors qu’il était en fonction, celui-ci est allé se faire bronzer la bedaine durant quelques jours sur le yacht de l’homme d’affaires, Tony Accurso. Cette sympathique rencontre se passait « pendant » le processus d’appel d’offres du plus gros contrat de l’histoire de la ville de Mourial: 355 million$ de beaux dollar$ alloués pour l’installation d’un réseau de compteurs d’eau. Devinez qui a remporté la mise ? Hé oui, Tony Accurso ! Encore là, vous aurez deviné que tout cela n’a rien à voir avec le fait que quelques mois plus tard, Frank Zampino fut engagé comme vice-président de la firme qui a remporté ce fabuleux contrat.
Or, interrogé par les journalistes sur cette apparence de conflit d’intérêts, l’ineffable maire Tremblay déclare que les règles ont été respectées. Ah oui! Quelles règles? Celles qui font qu’on attribue un énorme contrat à un ti-n’ami qui nous offrira un job par la suite et par pur altruisme? Ou encore, celles qui font que l’on accepte de payer entre 20 et 30% plus cher que le taux du marché pour certains biens et services? J'sais pas…
Pas grave, car au Québec on a du fric en masse.

Quant à faire ma mauvaise langue, je rappelle au bon peuple que Michel Arsenault, président de la FTQ et David Whissell, ministre du Travail, ont aussi séjourné sur le magnifique yacht de leur ami commun. Je suis convaincu que, comme vous et moi lorsque nous voyageons, ils ont entièrement payé de leur poche l’huile de bronzage…
Cela me rappelle la saga du ministre Couillard. Vous ne vous en souvenez pas? Je vous rafraîchis la mémoire en quelques mots : Le bon et efficace ministre de la Santé du temps a signé un contrat d’engagement (suffisamment précis pour en indiquer sa future rémunération) pendant qu’il occupait le poste de ministre de la Santé et qu’il faisait voter des amendements à la loi en cours. Bien sûr, ces modifications ont favorisé ses futurs associés dans le secteur privé, mais cela n’est que pure coïncidence…
Pas grave, car au Québec on a du fric en masse.
J’allais oublier l’incident concernant Son Excellence, la vice-gouverneure-générale Thibault, celle qui est venue en commission parlementaire pour moraliser et affirmer qu’elle ne regrettait nullement les dépenses personnelles excessives effectuées durant son mandat. Après tout, il ne s’agissait que de vétilles. Jugez-en par vous-même. 750, 000 $ de dépenses non justifiées sur dix ans. Pas de quoi s’énerver pour si peu.
À propos, saviez-vous que le gouvernement québécois pourrait maintenir le poste de lieutenant-gouverneur vacant tout en le remplaçant au besoin par le juge-en-chef de la Cour supérieure ? En effet, celui-ci pourrait signer la mise en vigueur de toutes les nouvelles lois, en lieu et place de la représentante de sa Majesté d’outre-mer. Bien sûr, cela sauverait quelque$ million$ annuellement. Mais... tut, tut ! Ne changeons surtout pas la situation actuelle…
Pas grave, car au Québec on a du fric en masse.

Vous sentez-vous capable d’en prendre encore un peu? Alors, parlons de la saga des deux super hôpitaux universitaires. Pourquoi deux gros hôpitaux ? La décision fut prise et maintenue, tant par les péquistes que les libéraux, essentiellement dans le but de conserver la sacro-sainte division culturelle et linguistique qui prévaut à Mourial. D’autant que cela perpétue notre condition de peuple soumis à une nation étrangère occupant notre territoire, car les élus du Parle_ment kénadien ont déclaré que les Québécois forment maintenant une nation incluse dans la leur. Ainsi, lorsque le super hôpital anglophone verra le jour dans quelques années et que celui consacré aux francophones sera terminé, le ou vers l’an 2058, le bon peuple confirmera son statut de perpétuel dominé. Pourquoi deux super hôpitaux pour un si petit peuple? Parce qu’on aime ça gaspiller…
Pas grave, car au Québec on a du fric en masse.

Changement de propos. Le maire-lavette, Gérald Tremblay, se satisfait de l’anglicisation galopante de « sa » ville aux dix-neuf maires arrondis. Faut surtout pas obliger qui que ce soit à respecter la langue de la majorité actuelle; faut surtout pas exercer de coercition; faut pas user de fermeté; faut pas donner des tapes sur les doigts. Non, non, contentons-nous de donner de petites tapettes (oups, le vilain mot!) pour faire semblant qu’on s’occupe du problème. Mieux encore, faisons comme l’Office de protection de la langue française qui a investi des centaines de milliers de dollars dans l’achat d'affichettes : Icitte, on perle t'encore le françâs, genre, comme… !
En passant, ne cherchez pas ces affichettes dans les vitrines des commerces situés au cœur de la ville. En effet, afin de ne pas les salir prématurément, on ne les sort qu’à la St-Jean (mieux connue sous l’appellation de la Fête nationale des canado-ethno-québéco-mourialais). Le reste du temps, à l’image de notre fierté nationale, on les cache sous le comptoir. Cette fierté est à l’image de la nation québécoise «incluse» dans la nation kénadienne. Coudon! Ça commence sérieusement à ressembler à plus que de l’enculage de mouches, c’t’affaire-là !
Pas grave, car au Québec on a du fric en masse.

Parlant fric, le p’tit maire Labeaume en homme d’affaires avisé et colonisé est prêt à faire installer des stands de bière et de hot-dog afin d’assister à la reconstitution de la Défaite de son peuple. Ce néo-barbare a d’abord démontré qu’il n’a aucun sens de l’Histoire. Ensuite, c’est sans aucune retenue qu’il s’est jeté dans les bras de l’entreprise privée en encourageant l’achat d’une boisson énergisante qui fait des ravages (à cause de certains produits nocifs qu’elle contient) chez les jeunes qui en raffolent. Le message est éloquent : Au diable la santé des jeunes! Je suis prêt à putasser et à faire même bien davantage afin de conserver l’événement du Red Bull ou de n’importe quoi d’autre qui amènera les touristes dans la capitale provinciale. Ça coûte combien pour vous amener chez nous ?
Pas grave, car au Québec on a du fric en masse.

La preuve qu’on est plein !!!
Regardez les derniers résultats concernant la Caisse de dépôt et de placement. Admirons avec quelle élégance s’est retiré Henri-Paul Rousseau du mauvais pas que constitue l’achat en nombre exagéré de papiers commerciaux. Remercions sincèrement celui qui a décampé avant la fin de son contrat tout en empochant une prime faramineuse. Qu’il détienne la responsabilité première de l’immense gâchis fait au bas de laine des Québécois et qu’il s’en tire à si bon compte : C’est un grand mystère! C’est ce qu’il a répliqué lorsqu’on lui a demandé comment il pouvait s’être fourvoyé à ce point avec NOTRE argent… À côté de cela, l’argent dépensé dans le scandale des commandites (ce dossier pour lequel aucun politicien n’a encore été accusé devant les tribunaux) est de la petite bière ou de la Red Bull peut-être…
Pas grave, car au Québec on a du fric en masse.

Et je n’aborderai pas sur le fond certains autres dossiers tels :
Les primes de rendement accordées aux fonctionnaires qui sont en situation de monopole, là où il n’y a pas de compétition réelle; les promesses non respectées telle celle qui porte sur les élections fédérales à date fixe; celle respectée telle la baisse de taxes alors que nous sommes dans une situation précaire où l’on pellette la dette par en avant; le crédit accordé à outrance afin de surconsommer pour éviter de réfléchir aux véritables enjeux économiques; la non-assistance à Omar Khadr l’enfant-soldat; le refus de faire des représentations diplomatiques afin de faire commuer leur peine de mort pour certains Canadiens condamnés dans un autre pays (le choix d’aider untel ou de ne pas aider tel autre se base sur des raisons purement idéologiques); l’hypocrisie gouvernementale vis-à-vis le traitement des femmes assujetties à des lois religieuses moyenâgeuses; un ancien premier ministre qui reçoit des enveloppes brunes et qui prend plusieurs années avant de déclarer le montant reçu au ministère du Revenu; les détaillants d’essence se liguant pour vider encore davantage le fond de nos poches...
Bref, la liste des conflits d’intérêts et des malversations est tellement longue que je m’arrête ici avant de vous faire faire une crise d’apoplexie !
Pourquoi donc nous plaindre ainsi?
Notre démo_crassie se porte tellement bien que nous l’exportons à l’autre bout du monde, à l’image de Bob Gratton, ce colonisé qui prétend que nous, les francos québécois de chouche, les z’amaricains du Nord parlant franco_fun, ou bedon les canado-québéco-françâs bilingues : On l’a l’affaire!
Et pendant ce temps, à Québec nos élus ont décidé de reporter à l’automne toutes les décisions portant sur la question de l’éthique.

Ça prend quoi au juste pour inciter le bon peuple à faire une vraie révolution ?
Serge Longval,
Longueuil