Réplique à Bernard Descôteaux

Cégep, langue et réussite sociale

La langue qui remplit le frigo

Cégep en français

Monsieur Bernard Descôteaux, dans un éditorial du Devoir intitulé : [Le cégep en français, une mesure prématurée->23742] affirme que si madame Marois adhérait à la thèse du cégep français obligatoire pour tous les allophones et les francophones, elle risquerait de s’aliéner une large partie des communautés culturelles. Et il ajoute que pour rendre le cégep français plus attrayant, on pourrait renforcer l’enseignement de l’anglais puisque c’est le désir d’apprentissage de cette langue qui pousse nombre d’allophones et de francophones vers le cégep anglais.
Monsieur Descôteaux ne pousse malheureusement pas plus loin sa réflexion. Il aurait dû se poser la question suivante : « Mais pourquoi donc les allophones et les francophones désirent-ils si ardemment apprendre l’anglais? » La réponse est toute simple : parce que l’anglais est encore aujourd’hui, malgré 32 ans de loi 101, la langue de l’argent, du prestige et de la réussite sociale. Monsieur Charles Castonguay, mathématicien et analyste averti de la situation du français au Québec, a démontré dans une étude récente que l’anglais est encore aujourd’hui la langue synonyme de réussite au Québec et particulièrement à Montréal. Selon cette étude, un allophone qui choisit l’anglais gagne 6 000$ de plus qu’un allophone qui choisit de passer au français. Les immigrants savent reconnaître la langue qui remplit le frigo, et au Québec, c’est toujours l’anglais.
Proposer de donner plus d’heures d’anglais dans les cégeps français ne vient donc que confirmer que le français n’est pas important et surtout pas suffisant pour gagner sa vie à Montréal particulièrement. C’est souligner l’échec de la loi 101 qui n’a pas réussi à en faire la langue commune de communication et encore moins la langue du travail. Qu’on ne s’étonne pas des piètres résultats de nos jeunes étudiants québécois en français : comment leur faire comprendre l’importance de bien écrire et de bien parler une langue qui ne leur servira même pas à gagner leur vie et celle de leur famille ?
Dans un premier temps, il faut donc imposer la fréquentation du cégep français aux allophones et aux francophones. Dans un deuxième temps, il faut faire du français la langue incontournable du travail et de la réussite au Québec. Le jour où les Québécois feront ce choix, tout sera plus clair et plus simple : les immigrants choisiront le français et les Québécois seront fiers de bien parler et de bien écrire leur langue nationale. Le langage de l’argent et de la réussite sociale est celui que les gens comprennent le plus rapidement.
Claude Bachand

Laval


Laissez un commentaire



5 commentaires

  • Claude Bachand Répondre

    29 novembre 2009

    Monsieur Sylvain Racine,
    Je vous remercie d'avoir réagi à la lecture de mon texte. Vous comprendrez cependant que, respectueusement, je ne suis pas entièrement d'accord avec vos idées. Je ne vois nulle part dans mon texte une phrase qui aurait pu suggérer que j'étais contre l'apprentissage de l'anglais. Je vous rappelle que nos enfants apprennent cette langue dès la 1ère année du primaire et jusqu'au cégep inclusivement. Je vous rappelle aussi que nous sommes l'un des peuples les plus bilingues au monde. Je suis moi-même persuadé que nous devons encourager l'apprentissage de l'anglais puisque nous formons à peine 2% de l'Amérique du Nord et que cette langue est celle de la mondialisation.
    Cependant, notre situation géographique et la mondialisation font que notre langue est en grand danger. Il est impératif de la protéger. Et c'est par l'immigration que notre sort va se jouer. Il faut s'assurer que les immigrants, en grosse majorité, adoptent le français comme langue parlée à la maison. Ce n'est pas le cas actuellement. Monsieur Charles Castonguay a démontré que si 40% à 50% des allophones choisissent le cégep anglais, ils choisiront aussi l'anglais comme langue de travail et comme langue familiale. Il faut donc agir et faire du français, la langue du travail, la langue du frigo.
    Je constate que vous réclamez d'être servi en français partout, même à Toronto, et je vous en félicite. Mais croyez-vous sincèrement que cette attitude individuelle va convaincre le reste du Canada d'accorder plus de place au français? Croyez-vous vraiment que parce que vous vous tenez debout, vous convaincrez les jeunes allophones de fréquenter le cégep français? Non. Il faut parfois des lois pour changer une situation. Ça ne se joue plus ici au niveau des individus. Croyez-vous vraiment que les jeunes immigrants auraient fréquenté l'école française sans la loi 101? Poser la question, c'est y répondre.

  • Archives de Vigile Répondre

    27 novembre 2009

    Monsieur Racine, j'ai bien aimé vos commentaires. Moi-même, je parle un excellent
    anglais et comme vous, je suis pour l'apprentissage d'autres langues que le
    français. Si le Québec était un pays indépendant comme la Suède, par exemple, les
    Québécois en étant sécurisés dans leur langue nationale, le français, ils auraient beaucoup
    plus de facilité à apprendre l'anglais puisque le problème de l'assimilation serait
    derrière.
    André Gignac le 27-11-09

  • Archives de Vigile Répondre

    27 novembre 2009

    M. Bachand,
    vous écrivez "Dans un premier temps, il faut donc imposer la fréquentation du cégep français aux allophones et aux francophones."
    Ça, c'est loser, car il me semble que toutes les Québécoises et Québécois devraient s'exprimer et écrire convenablement en français en arrivant au Cégep. Et je parle en connaissance de cause, je ne pouvais pas écrire et m'exprimer en arrivant au Cégep. IL EST LÀ le problème.
    Par la suite, même si on fait le cégep en anglais et l'université, c'est au peuple à se tenir debout et à se faire respecter. Y'en a marre, il faut arrêter de materner les Québécoises et les Québécois comme si ils étaient des abrutis et des paysans du 16e siècle. Par exemple, je parle anglais, et la dernière fois que je suis passé à Totonto à Person Int. Airport, j'ai exigé à ce qu'on me parle en français entre ma sortie de l'avion (j'arrivais de Londres) jusqu'à mon appartement à Montréal. Pas un mot d'anglais. Les douaniers n'ont pas aimé, mais c'est comme ça. On a trouvé du monde pour me parler en français.
    Me semble que c'est pas compliqué ça? Autrement, si les Québécois qui apprennent l'anglais n'ont pas de colonnes et se font manger la laine sur le dos, et qu'en plus abandonnent leurs idéaux et leurs patrie, jusqu'à la trahir, je m'excuse, mais avec du monde de même, j'en veux pas de pays. Je ne veux pas du Québec un pays avec des zombies formés, protégés par des lois parce qu'ils ne sont pas en mesure de penser par eux-mêmes.

  • Archives de Vigile Répondre

    27 novembre 2009

    Il faut savoir que l'anglais, dans la majorité de tous les cégeps, lycées, colleges à travers le monde, est probablement la deuxième langue obligatoire pour réussir ses études.
    En Suède, on peut, si l'on veut, faire l'équivalent du Cégep en anglais, ce qu'on appelle le Baccalauréat International, ou mondialement connu sous le IB school. Mais la Suède est un pays, donc il n'y pas de complexe d'infériorité quant à l'anglais. C'est probablement aussi le cas pour la majorité des pays à travers le monde, où les populations apprennent l'anglais seulement par utilité, pour son côté bien pratique, pour voyager, pour le travail, etc, donc pour la réussite sociale.
    Donc, la position de Pauline Marois concernant l'anglais au Cégep n'est pas vraiment une bonne idée car, comme moi, on peut être un souverainiste incorruptible, mais aussi vouloir apprendre l'anglais. Où il est le mal? J'ai personnellement appris l'anglais très tard, soit à 22 ans. Avant, c'était le Yes no toaster comme on dit. L'avantage, il est vrai que ça permet de s'ouvrir sur le monde, mais aussi de lire les médias du ROC, pour comprendre à quel point on peut nous mépriser au Québec. Connaître la langue de "l'ennemi" est excellent pour gagner une guerre.
    Comme l'écrit M. Gignac, "Il n’y a qu’une seule solution pour la survie du fait français au Québec, c’est l’indépendance ! " Tout à fait d'accord.
    Mais en attendant, on ne peut pas demander aux jeunes de ne pas avoir les mêmes chances qu'ont ailleurs en Europe et dans le monde les jeunes, soit d'apprendre l'anglais.
    De plus, en Suède, une troisième langue est obligatoire pour réussir ses études secondaires et collégiales. Vers l'âge de 12 ans, il faut choisir d'étudier une troisième langue allant entre l'italien, l'allemand, le français, l'espagnol et autres. On a même parlé d'ajouter le mandarin en option dans toutes les écoles du pays. Les jeunes, rendus à 12 ans qui ont de la difficulté avec l'anglais, vont plutôt continuer à étudier l'anglais.
    Voyez-vous la différence entre le Québec et la Suède, autre le fait que l'un n'est pas un pays?
    On ne peut pas demander à toute une génération de Québécoises et de Québécois de rester fermés sur eux-mêmes, en n'ayant pas les possibilités d'apprendre l'anglais, dans le seul but de sauver le français au Québec, en attendant un hypothétique référendum sur la souveraineté du Québec, c'est presque immoral. À moins que l'on avoue que les jeunes au Québec ne maîtrise pas encore le français en arrivant au Cégep? En fait, dans mon cas (je ne veux pas parler pour les autres), mon français était du niveau d'un enfant de 10 ans quand je suis arrivé au Cégep, et je ne ment pas)
    J'ai 31 ans, je sais que mon discours ne va probablement pas plaire aux souverainistes plus âgés, mais si vous ne tentez pas de le comprendre, le Québec n'ira nul part.Lorsque j'avais 15 ans, j'avais l'attitude fuck l'anglais, et pas longtemps après, je n'avais pas encore le droit de vote, et on a voté non pour avoir un Québec. Vous ne pouvez pas vous attendre à ce que ma génération attende avant d'apprendre l'anglais comme des idiots tout d'un coup qu'il y ait un référendum. Et si le Québec ne devenait jamais un pays, voulez-vous que les Québécois soit vus comme les retardez mentaux du Canada?
    Finalement, mon approche est élisons le PQ en 2011 sur la promesse de tenir un référendum sur la souveraineté, et si ça ne passe pas, alors MERDE. Que le Cégep soit seulement en ANGLAIS, et pourquoi pas toutes les études... voilà.
    Car en voulant toujours protéger le français avec des mesures discriminatoires, de un, les plus jeunes vont avoir l'idée de la souveraineté du Québec en aversion. De deux, les gens, se sentant protégés dans le statu quo vont voter NON à un éventuel référendum. Donc, on avance à RIEN.
    Dans mon cas, c'est parce que j'ai appris l'anglais que je suis devenu de plus en plus certain que le Québec a besoin d'être un pays pour continuer à exister en français. C'est parce que j'ai pu lire ce qu'on écrit sur nous dans le ROC que je suis persuadé que le Québec n'a rien à faire dans le Canada. Above all, j'ai compris que les fédéralistes canadiens-français du Québec qui font de la politique à Ottawa ENJOY le fait que les Québécois ne comprennent pas l'anglais, car ils ont toujours un double discours, un en français et un en anglais. Ils se paient la gueule du Québec.
    Pour moi, l'anglais, c'est un outil, rien de plus. C'est comme un marteau. Et malheureusement, partout dans le monde, l'anglais est nécessaire pour la réussite sociale. Le PQ est en train d'échapper les jeunes de ma génération. Je parle juste pour moi, peut-être que je me trompe et que je suis un exception!!!

  • Archives de Vigile Répondre

    25 novembre 2009

    Il n'y a qu'une seule solution pour la survie du fait français au Québec, c'est l'indépendance! La seule langue officielle deviendra le français comme
    en France et les allophones et les anglos n'auront pu le choix de la langue comme
    s'en est presque rendu au Québec actuellement. Le message envoyé sera clair et ils devront s'intégrer à la majorité québécoise ou bien regarder ailleurs sur le continent. Pas besoin d'être allé à l'université pour comprendre ça!

    Si nous n'agissons pas rapidement, c'est la fin du fait français ici et c'est l'enclenchement du processus de la louisianisation, de l'assimilation. N'en avez-vous
    pas marre que notre gouvernement à Québec soit toujours tributaire des décisions du
    gouvernement des autres à Ottawa et de sa "Supreme Court" et de ce colmatage
    permanent que notre Assemblée Nationale doit effectuer pour se soumettre? C'est un affront à notre
    identité, à notre langue nationale et à tout le peuple québécois! Aucun pays qui se respecte dans le monde ne
    tolérerait chose pareille comme ici au Québec. Plus on attendra à se prendre en main
    et plus la situation deviendra intenable.
    Nos politiciens doivent avoir le courage d'agir rapidement sinon je vois des troubles
    sociaux se pointer à l'horizon. Il faut sortir au plus sacrant de cette confusion
    identitaire que nos bloquistes à Ottawa aiment bien maintenir et ne pas avoir peur de
    nous prendre en main afin de nous responsabliser et devenir un pays normal comme
    les 192 autres pays qui siègent aux Nations Unies.
    André Gignac