Nous avons appris au cours des derniers jours qu’il n’était pas encore acquis que Montréal reçoive le Grand Prix de formule 1 en juin 2010 parce que le milliardaire Bernie Ecclestone ne veut pas payer d’impôts sur le revenu que lui procurera la tenue de cette activité à Montréal, alors que les gouvernements ont déjà annoncé qu’ils lui verseront 75 millions$ en subventions pour que Montréal retrouve son Grand Prix.
Bernie Ecclestone représente à lui seul tout ce que le capitalisme sauvage a de plus désolant tant sa cupidité est affligeante. Le même genre d’instinct qui animait ceux qui nous ont plongés dans la présente la crise financière. À ce titre, on se demande bien au nom de quelle logique nos gouvernements devraient céder à un tel chantage qui offre un bien mauvais exemple à toutes ces entreprises qui désirent continuer de vivre aux crochets de l’État.
En fait, Bernie Ecclestone n’est pas très différent des autres capitalistes qui prétendent créer de la richesse, ceux dont nous parle constamment Alain Dubuc dans la Presse. Suivant cette même logique simpliste, parce que le Grand Prix a des retombés économiques à Montréal, non seulement devrions-nous le financer, mais en plus, nous devrions renoncer à imposer les revenus que Bernie Ecclestone empochera.
Comment une société peut-elle s’enrichir si les plus riches refusent de payer des impôts sur des gains réalisés grâce à des investissements publics ?
Pourquoi ces plus riches refusent-ils de partager cette richesse qu’ils doivent souvent aux subventions directes et indirectes de l’État et à leurs employés ?
Pourquoi ces entreprises refusent-elles de payer pour les dommages causés aux routes qu’elles utilisent, à l’environnement qu’elles dégradent et de bons salaires aux travailleurs qu’elles embauchent ?
Comme si elles n’avaient aucune autre responsabilité que celle de verser des dividendes à leurs actionnaires!
À cause de ce refus de participer au bien commun, sous prétexte qu’elles ont besoin de plus d’argent pour créer plus de richesse, l’État en est venu à subventionner les entreprises capitalistes qui acceptent de fabriquer leurs avions chez nous, à offrir des tarifs préférentiels d’électricité aux alumineries qui acceptent de produire leur aluminium ici et à renoncer aux redevances des entreprises qui exploitent nos ressources naturelles.
Comment ne pas aussitôt conclure qu’une part importante des impôts et des taxes que prélève l'État est détournée de son véritable objet et sert plutôt à augmenter le montant des dividendes versés aux actionnaires des multinationales qui squattent notre territoire, nos services et nos ressources.
Avant même de songer à augmenter les taxes et tarifs pour financer les services que nous recevons de l’État, pour lesquels nous payons déjà un impôt et des taxes, ne devrions-nous pas savoir si les entreprises paient leur juste part en échange des services qu’elles reçoivent ?
Ces entreprises ne devraient-elles pas convenir d’un contrat social avec la population à l’égard des services qu’elles utilisent – routes, électricité, parcs industriels- des richesses qu’elles exploitent et des travailleurs qu’elles rémunèrent?
En échange des subventions directes et indirectes et des dégrèvements d’impôt dont elles bénéficient, ne devraient-elles pas s’engager à être de bonnes citoyennes corporatives, à verser de bons salaires à leurs employés, tout en respectant l’environnement?
Avant même de parler de tarifs, ne serait-il pas plus approprié d’amorcer le débat en discutant d’abord du partage de la richesse et de la contribution de chacun aux responsabilités collectives?
Ensuite, nous pourrons déterminer quels sont les outils appropriés pour prélever les fonds nécessaires à l’administration de l’État, impôts, taxes ou tarifs.
Un tel débat nous permettrait probablement de comprendre que l’augmentation des taxes et tarifs proposée par le gouvernement libéral de Jean Charest est devenue une mesure nécessaire parce que notre État enrichit trop de riches entreprises qui ne créent pas suffisamment de richesse, payant de moins en moins d’impôts, des salaires trop bas et ne défrayant pas le juste prix pour les services qu’elles reçoivent et les ressources qu’elles exploitent.
Nous aurons alors la preuve que ce sont nos impôts, nos taxes, nos tarifs et les rabais d’impôt, de taxe et de tarif consentis à ces entreprises qui leur permettent de verser de généreux dividendes à leurs actionnaires. Nous réaliserons que nous nous appauvrissons de plus en plus collectivement chaque jour pour subventionner la richesse de ces riches entreprises, sans que celles-ci assument leurs responsabilités à l’égard de l'État, de leurs employés et de l’environnement qu’elles habitent et dégradent.
Bernie Ecclestone : un exemple néfaste
Ces riches qui squattent le Québec
Comment une société peut-elle s’enrichir si les plus riches refusent de payer des impôts sur des gains réalisés grâce à des investissements publics ?
Chronique de Louis Lapointe
Louis Lapointe534 articles
L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fon...
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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.
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2 commentaires
Marcel Haché Répondre
8 octobre 2009Les mêmes insignifiants qui nous entretiennent du Grand Prix, de ses retombées économiques à destination unique, quelques restaurateurs, tous et tout autant insignifiants, sont les mêmes qui nous divertissent sur le transport en commun, Bixi, les pistes cyclables, dans une ville nordique.
Leur vivre ensemble consiste à proposer à une population vieillissante, encore capable de conduire une auto, des pistes cyclables partout, des dos d’ânes à profusion, bientôt un rabaissement généralisé des vitesses à celle des campings.
Et pour montrer qu’ils ont de la vision, ils sont prêts à envisager du « payage » par tous les non-résidents de Mont-rial. Leur vivre ensemble est exemplaire mais s’accorde avec le Moyen- Âge. N’en finissent plus de nous distraire avec les retombées comiques.
Et nous tombons su’l cul ! Tout Montréal ! Tout le Québec !
Il suffira au premier ti-coune venu de leur suggérer l’accès de la Métropolitaine aux cyclistes, pour qu’ils repartent aussitôt au batte. Ce sont des battants du vivre ensemble citoyen. Nordique aussi.
Et à Québec, notre humoriste premier ministre extrapole sur la demande d’électricité en provenance du Sud : avec tant de pourcentage vendu à l’extérieur du Québec, tel pourcentage des profits d’Hydro-Québec, est-ce que, peut-être, donc, on peut… et patati et patata.
Et nous retombons su’l cul encore !
C’est la fonction publique, tous les organismes à vocation économique, leurs budgets, et jusqu’à leurs locaux, qui sont mis à la disposition des « entreprises ».
Sous prétexte de création d’emplois, tous les égards financiers seront accordés aux employeurs, seraient-ils seulement des éleveurs de poissons rouges..
Archives de Vigile Répondre
7 octobre 2009Monsieur Lapointe,
N’avez-vous pas encore compris que l’entreprise privée est apatride. Ces gens de la Société du Spectacle n’ont que faire de ce monde grouillant qu’ils divertissent de leur vie olympienne.
Le Québec n’a que ce qu’il mérite, des hot-dogs transgéniques, des vedettes sportives payées, comme à l’époque de l’Empire Romain, pour s’entretuer (à ce compte, le sport n’est qu’une guerre sublimée), de pauvres riches (intellectuellement parlant) qui font avaler des couleuvres à un peuple qui les accepte sans les vomir. Nous sommes bel et bien au cœur de la logique hégélienne, la logique du maître et de l’esclave. Et esclaves, nous le sommes.
Ceux qui promulguent le sport automobile sont de stricts imbéciles qui ne sont capables que d’exciter les foules. Dans ces rassemblements barbares, ça sent le fuel, la bêtise et les fragrances des minettes que l’on pourrait comparer à des putes.
Oui, Monsieur Lapointe, nous sommes encore, comme l’écrivait il y a de cela quelques années Paul Chamberland, en nouvelle barbarie.
Nous sommes mal foutus avec ces vers de terre politiciens qui distribuent comme de puissants princes (alors que ce ne sont que des carpettes sur lesquelles ces célébrités s’essuient les pieds) l’argent qu’ils n’auront jamais le courage de gagner. Ces décideurs sont des parasites. Et nous sommes bien stupides de les écouter. Ces gens ne créent aucune richesse mais en connaissent très bien la valeur!
L’entreprise privée va où elle flaire le fric et n’a rien à cirer de valeurs soi-disant sociales. Alors, ces événements bon pour exciter le peuple? Mais, le peuple, il ne souhaite que du pain et des jeux! Vivre ne l’intéresse pas.
André Meloche