Chantier irréaliste

Autre tentative du gouvernement Charest pour montrer qu'il met tout en oeuvre pour assainir l'industrie de la construction.

Enquête publique - un PM complice?


(Québec) Autre tentative du gouvernement Charest pour montrer qu'il met tout en oeuvre pour assainir l'industrie de la construction. Dès cet automne, il compte moderniser l'imposante réglementation qui encadre le secteur. Placement de la main-d'oeuvre, juridiction des métiers, régime de qualification, représentation syndicale et régime de négociations, reddition de comptes des associations syndicales et patronales. Tout est sur la table. Et risque bien d'y rester...
Comment, en l'espace de quel­ques mois et durant la période estivale de surcroît, la ministre du Travail, Lise Thériault, pourrait-elle réussir là où ses prédécesseurs libéraux ou péquistes ont échoué, ou n'ont mê­me pas risqué d'avancer, depuis des décennies? Soyons réalistes dans les attentes. Le grand chantier promis par la ministre Thériault risque fort de s'avérer beau­coup plus modeste à la fin des travaux.
Rappelons que le gouvernement Charest a en main depuis 2005 le rapport de la commission d'enquête sur les déboires de la Gaspésia, de Chandler, qui suggérait des modifications à la réglementation de l'industrie. Les libéraux n'y ont répondu qu'en partie et ils seraient prêts six ans plus tard à serrer la vis aux syndicats et aux entrepreneurs? Étonnant.
L'ouverture manifestée hier par les organisations patronales et syndicales à participer aux con­sultations de la ministre ne doit pas non plus être interprétée com­me une promesse de grands changements. Elle s'explique surtout par la nécessité de collaborer dans le contexte actuel. Les intérêts en jeu sont cependant importants et personne ne concédera facilement de perdre du travail, des revenus ou du pouvoir. Surtout pas pour permettre aux libéraux de rehausser leur cote de popularité.
Lise Thériault a indiqué qu'elle ira de l'avant même si les consultations n'aboutissent pas à un con­sensus. Cela reste à voir. L'industrie de la construction roule, les travailleurs ne manquent pas de boulot et les parties ont con­venu l'an dernier de nouvelles con­ventions collectives. La dernière grève dans le secteur remonte à 1986. Il serait surprenant que le gouvernement libéral ris­que de braquer les parties ou de ralentir les chantiers pour imposer ses vues.
Le premier ministre Jean Charest affirmait lundi qu'il ne veut pas s'embarquer dans une vaste réforme du Code du travail, no­tam­ment pour revoir les dispositions antibriseurs de grève adoptées il y a plus de 30 ans, pour ne pas mettre en péril la paix industrielle qui règne au Québec. Le secteur de la cons­truction, qui dispose de son propre régime de relations de travail, ne fera sûrement pas exception à cette logique.
La ministre reconnaît qu'il est faux de dire que ça va mal partout dans l'industrie de la construction. L'Association de la construction du Québec et la Corporation des maîtres mécaniciens en tuyauterie ont également tenu à souligner dans leur communiqué respectif que le portrait n'est pas aussi noir qu'on peut le laisser croire. Il ne faut donc pas promettre une révolution ou s'y attendre. Le modèle peut certes être amélioré, mais il ne se­ra jamais parfait.
Dans son rapport sur la Gaspésia, la commission Lesage notait qu'on tire souvent la conclusion que les relations de travail dans la construction au Québec sont pourries, voire pires qu'ailleurs. «Dans ce domaine comme dans bien d'autres, se comparer équivaut souvent à se consoler. Les grands chan­tiers dans le reste du Canada ne font pas meilleure figure qu'au Québec. L'expérien­ce ontarienne à cet égard est non enviable, non plus que la situation à New York où la mafia y sévit par l'extorsion et les meurtres qui tapissent le paysage de la construction.» La situation a-t-elle changé à ce point au Québec depuis 2005?


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