Mise à jour de la doctrine de l'indépendance

Course à la chefferie

Perte de temps ou moment historique ?

Chronique de Gilles Verrier

Aujourd'hui, le 4 février, au départ de cette course à la chefferie, les candidats devront selon moi modifier qualitativement leurs interventions, ce qui sauverait la course d'un destin ordinaire. Voyons ce qui en compromet les dividendes qu'elle pourrait nous rapporter.

Sortir la course de l'ordinaire

La question qui se pose déjà pour les prochains trois mois et demi est de savoir si la course ne sera qu'un entraînement pour de futurs discours électoraux provinciaux, d'un coté, assortis de la promotion d'un souverainisme incantatoire, de l'autre. S'il fallait, en effet, que la course continue de se jouer sur la patinoire des petits, limitée entre les deux pôles restreints qui l'ont caractérisée jusqu'ici, le Québec n'y gagnerait pas grand chose.

Les militants et les candidats n'ont peut être pas eu le temps de se faire une tête sur ce que devrait être une course à la chefferie, une vraie! Savoir comment elle pourrait utilement préparer notre avenir de démesure, cet avenir qui ambitionne de dépasser la condition canadienne du Québec? En regard de cet appel du grand large, les candidats sont loin d'avoir donné leur pleine mesure.

Pour le faire, ils devront montrer leur capacité de sortir du confort des propositions limitées, rivées sur le court terme des campagnes électorales. Qu'on me comprenne bien, on n'empêchera pas le politicien qui loge dans la personne de chaque candidat de dénoncer les libéraux, la course ne pourra non plus mettre entre parenthèses la politique du quotidien, mais faut-il pour autant enfermer cette rare course à la chefferie dans la répétition générale d'une prochaine campagne électorale?

Il y a donc ici une claire nécessité de dépasser le champ de l'ordinaire pour gagner de l'altitude.

Dépasser le provincialisme et le souverainisme incantatoire

Une plus vaste hauteur de vue s'impose aujourd'hui pour briser le plafond du souverainisme incantatoire axé sur des généralités maintes fois répétées, trop souvent suspendues à des échéanciers qui finissent par constituer un discours trop maîtrisé, devenu confortable.

La tradition du PQ se trouve depuis trop longtemps happée par le «quand» et le «comment», autrement dit par la tactique, qu'on appelle aussi la «plomberie», mais ne livre que des miettes lorsqu'il s'agit de baliser l'étendue et le contenu de l'indépendance, ce qui concerne «le quoi». C'est sans doute là que se situe le principal écueil de cette course, c'est là que se décidera prochainement la continuité d'un ordinaire poussif ou l'allant vers un moment fondateur.

La course à la chefferie donnera forme aux grandes ambitions si elle s'ouvre sur une mise à jour de la doctrine de l'indépendance dans le contexte géo-politique d'à présent.

Featured 11c309e183a1007b8a20bca425a04fae

Gilles Verrier140 articles

  • 224 995

Entrepreneur à la retraite, intellectuel à force de curiosité et autodidacte. Je tiens de mon père un intérêt précoce pour les affaires publiques. Partenaire de Vigile avec Bernard Frappier pour initier à contre-courant la relance d'un souverainisme ambitieux, peu après le référendum de 1995. On peut communiquer avec moi et commenter mon blogue : http://gilles-verrier.blogspot.ca





Laissez un commentaire



5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    16 mars 2015

    Tout à fait d'accord avec vous, Monsieur Verrier. Il faut savoir donner de la hauteur aux débats en sortant de l'enclos provincial où sont confinés les indépendantistes par les propriétaires des tribunes médiatiques.
    Ceux qui ont peur qu'en parlant d'indépendance, le PQ fasse fuir l'électorat, comme ce semble être le cas de M. Haché, sont en train de nous dire que l'idée de l'indépendance n'est pas défendable en public.
    Contrairement à ceux qui lient à tort les échecs du PQ au retour du thème de l'indépendance, je pense plutôt que ce sont le caractère improvisé, imprévu et maladroit des discussions sur l'indépendance ainsi que l’hypocrisie dans laquelle s'est enfermée l'ex-chef d'un parti dont l'article premier est de réaliser la souveraineté du Québec qui sont à l'origine de ces échecs.
    Je suis plutôt d'avis également que le projet indépendantiste est tout à fait défendable et que des politiciens intelligents seraient capables de ne pas être les caricatures que leurs adversaires veulent qu'ils soient. Avec un peu d'audace, ils seraient tout à fait capables de se libérer du carcan discursif qu'on leur impose, soit celui du référendum obsessionnel et des idées qui, apparemment, n'intéressent plus personne d'autre que les «caribous». Il s'agit d'être intelligent et pédagogue.
    Savoir faire le lien entre les préoccupations des gens et l'indépendance. Parler des sujets qu'on essaie de nous interdire d'aborder et qui pourraient déboucher sur une profonde remise en question de l'adhésion au fédéralisme canadien. Par exemple, la monnaie. Par exemple, la défense nationale. Par exemple, la politique étrangère. Ottawa engloutit des milliards de dollars en notre nom pour appuyer des terroristes en Afrique et au Moyen-Orient. Est-ce parce que les médias de l'oligarchie essaient d'occulter cette réalité qu'il faut s'abstenir d'en parler?
    Au contraire, si certains médias essaient constamment de changer de sujet, c'est justement que les questions «qui n'intéressent personne» ou qui appartiennent aux «tenants des théories du complot» recèlent un potentiel explosif. Elles sont susceptibles de beaucoup embarrasser l'élite dirigeante de Bay Street et d’Ottawa. Contre toute attente, abordons donc ces sujets et déstabilisons nos adversaires. Parlons comme un peuple libre, qui se voit déjà maitre de son destin dans le monde.
    Nous avons besoin de chefs de file audacieux, dans le mouvement indépendantiste, et non de bergers sachant bien garder le troupeau.

  • Jacques Bergeron Répondre

    9 février 2015

    Le quintette des candidats à la course du Chef ou de candidat du Parti Québécois doit éviter de donner des armes aux adversaires de notre idéal, l'indépendance
    du Québec. Pour ce faire ils doivent proposer aux membres de notre parti leur différent programme en évitant de salir leurs adversaires ou un adversaire come M. Péladeau comme le font au moins deux candidats . S'ils ne sont pas capables de proposer aux «membres » du Parti Québécois, un programme cohérent ils doivent se retirer et joindre un parti correspondant à leur image dès maintenant. L'indépendance du Québec n' a pas besoin de pisse-vinaigre qui donne des armes à nos adversaires.

  • Gilles Verrier Répondre

    5 février 2015

    @ M. Haché
    Les candidats à la chefferie ne sont pas en campagne en vue de convaincre l'électorat intéressé par «les vraies affaires», cette appréciation n'est pas conforme à la nature de l'étape actuelle. Je le répète, nous ne sommes pas en campagne électorale. La mission des candidats aujourd'hui est d'abord auprès des membres. Leur défi est de tenter de les unifier sur un projet national cohérent, de les mobiliser et de mobiliser de nouveau ceux qui, nombreux, ont perdu espoir après 1980 et 1995. Leur mission est de redonner de l'espoir et d'armer politiquement ceux qui sont déjà conscientisés, ceux de la mouvance indépendantiste, ceux qui par leur vote choisiront pour chef l'un d'entre eux.
    Pour le faire, ils devront parler des vraies affaires qui sont derrière les «vraies affaires». Aucun doute là-dessus. Un parti qui se refuse à tracer les contours de son objectif existentiel parce qu'il a peur de ce qu'en diront les journalistes ou ses adversaires est un parti qui n'est pas convaincu que l'avenir est de son coté. Par contre, que les candidats le fassent avec toute l'habileté politicienne dont ils sont capables, je veux bien; qu'ils le fassent en prenant la stature du chef du futur État indépendant qu'ils ambitionnent de devenir, je le souhaite; qu'ils le fassent en laissant des zones plus floues, c'est encore acceptable. Mais qu'ils le fassent.
    La course aura donc bel et bien lieu. Ne la bâclons pas en couronnant un vainqueur prématurément. Soyons pour une fois des militants politiquement mieux avisés. On a trop vu de ces couronnements péquistes vite faits et vite bâclés ne donner que d'amères déceptions pour ne pas avoir appris à maintenir de hautes exigences. Remarquez que pour mon cas, je n'ai jamais embarqué dans ces échecs tellement prévisibles. Laisser encore une fois les aspirants chefs s'en tirer avec des slogans généraux sur la souveraineté (histoire qui se répète ?), les acclamer pour ne rien dire de substantiel, serait leur rendre un bien mauvais service et compromettre l'avenir pour nous tous.
    Cordialement.


  • Marcel Haché Répondre

    5 février 2015

    Vivement une nouvelle doctrine de l’Indépendance en effet. C’est là qu’est rendu le P.Q.
    P.K.P. n’est pas seulement le seul chef fort que le P.Q. peut se donner, il pourrait être le tout premier chef fort, parmi toute une lignée de chefs faibles, le seul qui soit assez fort politiquement pour donner à son parti une nouvelle doctrine de l’Indépendance.
    Lorsqu’il sera capitaine du navire amiral, P.K.P. pourrait bien devoir prendre son mal en patience à l’égard du Pays, (et bien des indépendantistes itou), c’est-à-dire quitter la mer et le confort du navire amiral pour chasser sur les terres les plus ingrates qui soient, les terres provinciales… celles des « vraies affaires », les seules qui préoccupent l’Électorat.
    Ceux qui croient que P.K.P. pourrait réussir là où Jean Martin Aussant a échoué se trompent quant à moi, et n’apprécient pas vraiment les forces en présence avec la lucidité requise. Qu’est-ce à dire ? Ceci : le plus sûr moyen d’anéantir le P.Q. et toute velléité d’Indépendance, c’est de suivre Martine Ouellet dans le plus pur Déni péquiste. Si P.K.P. met un seul pied dans cette trail-là, la trail des caribous, il va subir auprès de l’Électorat le même sort que tous les « chefs péqouiss » et tous les caribous avant lui, aussi bien les durs que les mous.
    Pas compliqué : si le P.Q. continue dans sa vieille trail, y é mort ! Va se retrouver au niveau actuel du Bloc dans les sondages…au mieux ! Au mieux ! C’est cela l’avis et le « message clair » envoyé par l’Électorat un certain 4 septembre et un très certain 7 Avril. Wake up !
    Avant une doctrine, une trail. Avant une trail, un rigoureux constat : c’est avec un chef fort comme P.K.P. que les indépendantistes pourront enfin cesser de faire porter la responsabilité de tous nos échecs et toutes nos défaites par les chefs précédents. Rien n’a jamais été plus looser en effet.
    Changer de trail, ce n’est pas changer de Cause. Ne pas changer de trail serait on ne peut plus looser. À ce que je sache, P.K.P. n’est pas venu en politique pour entreprendre une carrière de looser.

  • Fernand Lachaine Répondre

    5 février 2015

    Les candidats devront être un peu plus prudents devant les questions posées par les journalistes car les questions piège portant sur les actions de PKP ne feront pas avancer les débats sur l'avenir du Québec.
    Ce que j'ai vu cette semaine c'était des journalistes anonymes qui plantaient des questions venant des Desmarais.
    Les ennemis des candidats ne sont pas les autres candidats du PQ mais tous les fédés.
    Je pense qu'ils devront surveiller les questions posées.
    Au fait pourquoi les journalistes ne sont pas nommés et montrés comme aux points de presses d'Obama. Cette façon de faire serait plus démocratique et informerait le public plus adéquatement du travail de ce quatrième pouvoir!!!