Cuba : migraine chez les espions

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Ça fait 65 ans que les États-Unis cherchent à reprendre Cuba sans y parvenir

Washington recrute des jeunes en tant qu’agents contre Cuba… Après l’arrestation de son agent Alan Gross par les autorités cubaines chargées de la sécurité en décembre 2009, l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) a envoyé des jeunes du Venezuela, du Costa Rica et du Pérou en mission secrète sur l’île des Caraïbes communiste afin d’y fonder un mouvement d’opposition conduit par des jeunes et de déclencher une rébellion. Lundi 18 août 2014, plusieurs médias américains, parmi lesquels le quotidien Washington Post, ont publié une enquête de l’agence de presse Associated Press, enquête qui, appuyée par de nombreux documents, dénonce la dernière ingérence du gouvernement américain dans les affaires internes de Cuba.
Ces rapports stipulent que, depuis 2009, l’USAID a employé plus d’une dizaine de jeunes dans les pays susmentionnés et les a préparés pour leur mission grâce à des cours accélérés. À Cuba, les agents se faisaient passer pour des représentants de programmes alternatifs pour la jeunesse et pour la santé. La mise en place d’un atelier de prévention du VIH était également « l’excuse parfaite » prêchée par le service américain. D’après nos récentes découvertes, ces jeunes ont été entraînés par leurs supérieurs américains dans le but, entre autres, de tromper les autorités cubaines chargées de la sécurité. En outre, ils ont reçu des instructions quant au comportement à adopter si l’on découvre leurs véritables intentions. Dans un document cité par l’Associated Press, on peut lire : « … tu peux avoir confiance. Les autorités ne vont pas essayer de te faire du mal… ; le gouvernement cubain tente d’éviter les rapports négatifs des médias… et un étranger battu n’est pas bon pour eux ». L’agence a ajouté que les jeunes agents percevaient un salaire de 5,41 dollars par heure par leurs commanditaires. Les médias américains critiquent surtout le fait que l’opération des services secrets a vu le jour après la capture de l’agent américain, Alan Gross. Les membres de l’USAID étaient dès lors conscients que la mission menée par les jeunes impliqués pourrait s’avérer très risquée. De nombreux éléments portent à croire que ces jeunes étaient délibérément exposés à ce danger.
Les documents contiennent également des exemples de codes secrets utilisés au cours de conversations cryptées entre les jeunes agents et leurs dirigeants professionnels. À l’instar d’un bon James Bond, les échanges téléphoniques contenaient des messages comme « J’ai mal à la tête », qui signifiait que l’agent avait le sentiment d’être observé et désirait se mettre à l’abri pendant un moment. Le message « Rentre tout de suite à la maison. Ta sœur est malade » signifiait que l’espion exigeait son rapatriement imminent.
La mission, pour laquelle l’USAID avait enjoint à son partenaire « Creative Associates International » de recruter des Latino-Américains, était menée sur l’ensemble de l’île, mais principalement dans les villes universitaires. Ni les familles des jeunes recrutés, ni leurs points de contact à Cuba ne se doutaient que l’agence américaine se cachait derrière ces programmes. L’édition en ligne du journal de la Havane Juventud Rebelde parlait, lundi 18 août 2014, de l’étudiant cubain Hector Baranda, qui avait été contacté par un groupe du Venezuela. L’étudiant figurait en tête de la liste des dirigeants possibles des « rebelles » antigouvernementaux dressée par ce groupe. Baranda explique : « Ils ont confondu notre disposition naturelle, à nous les Cubains, à être ouverts aux discussions et aux critiques avec le fait d’avoir des tendances dissidentes. Nous considérions ces jeunes comme nos amis et nous n’avions pas la moindre idée qu’ils travaillaient pour le gouvernement américain ».
La tentative, aujourd’hui discréditée, de renverser l’ordre constitutionnel de Cuba est déjà la deuxième bavure enregistrée cette année par l’USAID, qui fait la une des journaux et dénonce la subversion de la soi-disant organisation humanitaire américaine. Ce n’est qu’en avril 2014 que les médias du monde entier avaient mentionné le projet confidentiel, aujourd’hui suspendu, « ZunZuneo », une sorte de Twitter cubain spécialement développé qui devait également aider à mettre en place un coup d’État. Entre 2009 et 2012, « ZunZuneo » avait attiré les jeunes cubains en leur offrant des échanges d’informations gratuits par téléphone. Les victimes ne se doutaient pas que derrière l’offre apparemment inoffensive se trouvait un service secret américain qui, depuis Washington, rassemblait des numéros de téléphone, des adresses de courrier électronique ainsi que des informations personnelles sur des Cubains avec un budget de 1,6 million de dollars. L’objectif était, au moyen d’informations erronées, d’inciter les jeunes à se retourner contre leur pays et à l’avenir à mettre en scène une protestation massive au même titre que le « Printemps arabe ».
Volker HERMSDORF


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