De l’indépendance si difficile à réaliser

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Les fédéralistes sont unis par l'intérêt, les souverainistes sont divisés par les idées

Dès ma tendre enfance, j’ai baigné dans une atmosphère d’indépendance. Mon grand-père maternel, Anatole Poirier, par sa famille, est issu de la déportation de l’Acadie. Des membres de sa famille sont passés par le nord des États-Unis avant d’aboutir au sud de l’Ontario pour finalement arriver à Montréal.


Anatole a uni sa destinée à celle de ma grand-mère maternelle, Victoria Papineau ; Papineau, ça nous dit quelque chose, hein ?


Quant à mon père, Julien Jolivet, il a été partisan du Bloc populaire (1942-1947), parti nationaliste du Québec sous la gouverne au fédéral de Maxime Raymond et au provincial d’André Laurendeau.


Et moi, dans tout cela ? Eh bien, j’ai été membre de l’Ordre de Jacques-Cartier (La Patente) qui voulait faire avancer les intérêts des Canadiens français catholiques, avant d’intégrer le Rassemblement pour l’indépendance nationale (RIN) de Pierre Bourgault. Comme plusieurs rinistes, j’ai ensuite milité pour le Mouvement souveraineté-association (MSA) de René Lévesque, avant de me présenter pour le Parti québécois et d’en devenir député.


Vous comprenez maintenant mon idéal, pour ne pas dire mon rêve, de voir un jour le Québec devenir indépendant. Tous les efforts investis jusqu’à maintenant pour y arriver sont aujourd’hui amoindris par la division des personnes et des groupes qui se disent souverainistes. Répartis entre le Parti québécois, Québec solidaire ou les membres ambivalents de la Coalition avenir Québec, ils font le jeu des fédéralistes réunis sous la bannière du Parti libéral.


Les libéraux ont compris que, pour gouverner, il fallait se fixer un but : gagner sans se demander dans quel régime on veut vivre.


Malheureusement, certains partisans de l’indépendance, avant même l’arrivée du pays, voudraient que l’on détermine le régime de ce nouveau pays (de droite, du centre, du centre droit, du centre gauche, de gauche) avant d’en obtenir le pouvoir de le créer.


Or pour créer ce pays de façon démocratique, il nous faut gagner une élection nous permettant ainsi de soumettre ce rêve aux électeurs. Tant et aussi longtemps que nous ne prendrons pas cette direction, nous permettrons aux libéraux et aux caquistes de gouverner selon leur vision de droite et fédéraliste.


La difficulté pour les souverainistes ou les indépendantistes, peu importe le vocable, c’est de s’entendre sur cette première étape, qui est de prendre le pouvoir afin de proposer ce rêve aux électeurs tout en gardant intact le régime qu’ils voudront et pourront proposer une fois la souveraineté obtenue.


L’arrivée de Vincent Marissal chez Québec solidaire est un exemple concret qui confirme mes dires. Par sa décision de se présenter contre Jean-François Lisée, il fait le jeu des libéraux tout en mettant en exergue la division des votes pour la souveraineté du Québec.


En 1995, les votes Non de Québec et de Montréal sont venus contrebalancer le souhait des régions qui, en majorité, avaient voté Oui.


À Québec, parce que des fonctionnaires provinciaux, échaudés par l’arrivée de fonctionnaires fédéraux transférés précédemment au Québec au ministère de la Main-d’oeuvre (avec leur ancienneté et leurs salaires plus élevés), ont eu peur de perdre leurs chances de promotion dans la fonction publique québécoise avec l’arrivée massive de fonctionnaires fédéraux advenant un Oui au référendum.


À Montréal, parce que la crainte de certains anglophones et de certains allophones associés au pouvoir de l’argent a fait basculer le vote vers le Non. De plus, le grand love-in des personnes venues des autres provinces a eu l’effet escompté par les stratèges fédéraux.


> La suite sur Le Devoir.



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