De la francofrime

Tout plaidoyer en faveur de la francophonie hors Québec se heurte à un mur d'indifférence de ce côté-ci de l'Outaouais.

Le français — la dynamique du déclin


(Québec) Tout plaidoyer en faveur de la francophonie hors Québec se heurte à un mur d'indifférence de ce côté-ci de l'Outaouais. Même les appels solennels à des «retrouvailles» sonnent creux.
C'est le cas d'à peu près tous ceux lancés par les gouvernements québécois ces dernières années. Au point où l'on peut se demander s'ils étaient sincères. Si ce n'était pas de la frime.
En 1995, le gouvernement Parizeau rendait publique une politique à l'endroit des communautés francophones et acadiennes. Il invitait les uns et les autres à «une solidarité renouvelée». La belle affaire!
Plus de 10 ans plus tard, en 2006, la nouvelle «politique du Québec en matière de francophonie» se voulait un appel au rapprochement entre les francophones québécois et ceux des autres provinces. Et de deux...
Le ministre libéral Benoît Pelletier plaidait en faveur d'une «véritable complicité entre la société québécoise et les communautés francophones et acadiennes».
Peu importe que le PQ ait donné de ce côté-là, tous ces appels paraissent en outre suspects à bien des souverainistes - ce qui complique encore le dossier. C'est que la défense des francophones hors Québec a déjà servi d'alibi à Ottawa, du moins en partie. Pour le gouvernement fédéral, il s'agissait aussi, à travers eux, de maintenir ou d'élargir le panier des droits de la minorité anglophone québécoise. C'était sous Pierre Trudeau et Jean Chrétien.
Ajoutons encore ceci : M. Chrétien aimait évoquer les minorités francophones vivant à l'extérieur du Québec. En 1999, il avait tout de même été forcé d'admettre que l'assimilation rapide à l'oeuvre dans certaines provinces constituait «la réalité de la vie».
Ce détour historique et politique est nécessaire pour prendre la mesure des propos tenus la semaine dernière par Dalton McGuinty. Alors qu'il inaugurait le nouvel hôpital Montfort, le premier ministre ontarien a félicité la ténacité des Franco-Ontariens. Avec raison.
Cet hôpital, ils le doivent, en effet, à leurs seuls efforts. Banal? Pas dans le contexte extraordinairement difficile qui est le leur.
Rappel : en 1997, le gouvernement de Mike Harris avait décidé de fermer le seul hôpital francophone d'Ottawa. Or, cet hôpital a non seulement été sauvé depuis, il vient tout juste d'être rénové et agrandi. Un gage d'avenir.
On peut bien se gargariser de la francophonie dans le monde - celle qu'on cherche parfois en vain dans des pays membres de l'Organisation internationale de la francophonie - mais il ne faut ni mépriser ni oublier celle qui est à nos portes, et qui demande à exister.
La ténacité de ces Franco-Ontariens mérite de percer, ne serait-ce qu'un instant, l'épais mur de l'indifférence québécoise.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé