Permettez-moi, Monsieur Lacroix, d’enrichir modestement vos connaissances. La « fille inconnue » qui a rendu l’âme le 1er janvier dernier et que vous ni personne de l’étroit milieu radio-poubellien de Québec ne connaissiez s’appelle Lhasa de Sela et s’est éteinte à 37 ans, après 21 mois de traitements et de souffrance, d’un cancer du sein. En 1997 (vous étiez né, je suppose), cette New-Yorkaise devenait Québécoise d’adoption et commençait à chanter avec une sensibilité à fleur de peau et ce dans plusieurs langues, mettant ses tripes à nu sur scène. Tellement qu’on surnommait « la Llorona », soit « la pleureuse », à cause des trémolos émouvants de sa voix. Je tiens à vous dire qu’elle aurait sans doute été profondément blessée par vos propos.
Non, M. Lacroix, il ne s’agissait pas d’une vedette « fabriquée » par le star système québécois. Je sais que c’est dur pour vous à admettre, mais de l’excellente musique se fait ici même au Québec, et Lhasa l’incarnait à merveille.
Votre lettre d’excuses faussement sincère a ajouté l’insulte à l’injure en taxant de « haineux » ceux qui vous ont simplement reproché l’inélégance de vos propos. Dommage que répondre par des attaques vicieuses soit en passe de devenir le procédé préféré du FM 93,3. Votre maturité devrait pourtant normalement vous rendre plus civilisé. Et vingt longues années d’expérience en journalisme auraient dû vous apprendre à toujours vous informer au préalable.
Je vous souhaite le bonheur que quand vous mourrez, disons, d’un cancer de la prostate, personne n’aura la bassesse de reprendre quelques extraits hors contexte de vos émissions en soulignant que leur piètre qualité explique pourquoi vous êtes demeuré un inconnu. Et que ceux qui ne vous auront pas connu ne riront pas de vous avec mépris.
Jean-François Vallée
Saint-Philippe-de-Néri
Le 10 janvier 2010