Défiguré parce qu'il ne parlait pas flamand!

Belgique - des leçons à tirer...


Miguel, 21 ans, défiguré à Ruisbroek, dans la banlieue bruxelloise, par sept Flamands parce qu’il a parlé français
RUISBROEK Deux dents cassées, le nez fracturé, les lèvres recousues, le front suturé, l’œil gonflé et le crâne qui fait terriblement mal.
Après avoir passé trois nuits à l’hôpital, Miguel a enfin pu sortir ce lundi, mais les séquelles sont là et le traumatisme du jeune homme de 21 ans est tel qu’il n’ose même plus se rendre seul au bout de sa rue, c’est-à-dire à quelques mètres de sa maison située à Ruisbroek, là même où vendredi soir, devant le café du coin du quartier, le jeune homme a été défiguré pour avoir… parlé français !
Nous sommes pourtant à moins d’un kilomètre des communes d’Uccle et de Forest, en périphérie bruxelloise. À Ruisbroek, commune flamande, on compte aussi une part importante de francophones.
“Hier spreekt men Nederlands !” Traduisez : “Ici, on parle le néerlandais !” , a lancé un des sept Flamands qui s’est attaqué à Miguel vendredi vers 20 h, à l’aide d’une bouteille de verre qu’il lui a fracassée sur le front ! Ses six autres complices ont alors écrasé le visage du jeune homme à l’aide de leurs semelles de chantier. Miguel s’est évanoui sur le trottoir, la tête baignant dans son sang, avant que l’ambulance et la police n’arrivent.
Transporté à l’hôpital Érasme, Miguel n’en est ressorti que lundi matin. Le jeune homme d’origine portugaise aurait dû entamer sa première journée de travail ce lundi, mais il est mis au repos forcé jusqu’à la fin du mois. “J’habite ici depuis quatre ans. Il y a pourtant beaucoup de francophones mais ces brutes ont exprimé leur rage sur mon visage. Ils ne visaient que ma tête. Le commissaire de police chargé du dossier a dit qu’il n’avait jamais vu un acte aussi sauvage dans sa carrière, excepté il y a 25 ans lorsque des hooligans supporters de Bruges s’en sont pris à des supporters du Standard. Mes agresseurs sont toujours en liberté, mais le commissaire nous a promis qu’une fois que tout le dossier serait complet, ils auraient des problèmes”, poursuit Miguel avant de revenir sur le moment des faits.
“J’étais au volant. Cindy, ma petite amie, se trouvait côté passager. Je me suis arrêté en double file devant chez elle et donc devant le café, pour qu’elle dépose une bouteille d’eau à la maison. Ces hommes la narguaient. Elle comprend bien le flamand, moi pas. Je suis sorti du véhicule et je lui ai demandé si tout allait bien, s’il y avait un souci, et c’est là qu’un de ces hommes m’a dit : Hier spreekt men Nederlands, avant de se diriger vers moi avec une bouteille en verre et de la casser contre mon front.”
“Je ne comprends pas comment le tenancier du café les a laissés prendre une bouteille et agir ainsi. Il a bien dû se rendre compte qu’ils étaient dans un état d’ébriété avancé et pourtant il n’a rien fait. Une seule personne est intervenue, un voisin, Jamel, je l’en remercie. Au total, dix-huit personnes ont assisté à la scène et ont fait une déposition à la police.”
À l’hôpital Érasme, faute de places, le jeune Miguel a été placé en chambre avec des patients en phase terminale. Il en gardera un souvenir aussi. “Un vieux monsieur m’a marqué. Il m’a dit qu’il avait essayé de me provoquer tout au long de mon séjour pour voir si j’étais quelqu’un de sage et que sa conclusion est que je suis quelqu’un qui fait preuve d’une belle maîtrise de soi.”
Nawal Bensalem


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